« 100 % d’énergies renouvelables en France, c’est possible »

 

L’association Réseau pour la transition énergétique, ex-Comité de liaison des énergies renouvelables (CLER), organise, les 20, 21 et 22 mai à Grenoble, trois journées de débats et d’ateliers dont le temps fort sera une table ronde sur le thème : « Vivre dans une société 100 % énergies renouvelables ? ». Son délégué général, Raphaël Claustre, en décrit les enjeux.

100 % énergies renouvelables, est-ce crédible ?

J’inverse la question : est-il crédible de continuer à nous reposer sur des ressources fossiles qui s’épuisent et qui provoquent un réchauffement climatique intenable ? Le 100 % d’énergies renouvelables n’est pas seulement possible ; il s’imposera de toute façon un jour à la société. Il faut donc accompagner ce mouvement de la façon la plus positive possible.

Quelles sont les expériences les plus avancées dans ce domaine ?

Plusieurs pays européens sont en pointe. C’est le cas de l’Allemagne où, sur un quart du territoire national, des communes se sont engagées vers le 100 % renouvelable. C’est aussi celui de l’Autriche où, dès 1990, la ville de Güssing a été la pionnière de cette démarche, dans un souci de développement économique local. Le Danemark vise également le tout renouvelable en 2050, à l’échelle du pays entier.

Pourquoi la France est-elle en retard ?

Ce retard tient à un système très centralisé qui, par le passé, a permis la réalisation de grands projets comme les barrages hydroélectriques ou le programme électronucléaire, mais qui freine aujourd’hui les initiatives locales associant citoyens, collectivités territoriales, entreprises… Ces initiatives gagnent cependant du terrain en France. Lorsque le CLER a été créé, voilà 31 ans, il n’existait encore que des expériences de taille très réduite, à l’échelle d’un logement ou d’une maison. Aujourd’hui, cette échelle est celle d’un quartier, d’un bassin de vie ou d’un territoire rural.

La France compte à présent, pour l’essentiel en milieu rural, une quarantaine de territoires dits à énergie positive, des TEPOS, qui veulent réduire au maximum leurs besoins énergétiques et s’approvisionner avec des ressources renouvelables locales. L’appel à projets lancé en septembre 2014 par le ministère de l’écologie, en vue de la création de 200 TEPOS, va accélérer le mouvement.

Quels sont, pour les habitants, les bénéfices d’un territoire à énergie positive ?

Ils sont multiples. Valoriser les ressources locales, le vent, le soleil, les forêts, les cours d’eau ou les déchets organiques et favoriser l’accès à l’énergie pour tous à un coût maîtrisé assure aux collectivités des retombées fiscales. Et cela offre aux habitants des opportunités d’épargne par le financement participatif, sous réserve que les politiques publiques de soutien aux économies d’énergies et aux filières renouvelables restent stables. Cette réappropriation démocratique de l’énergie est source d’emplois, de dynamisme économique et d’attractivité. Elle crée aussi des solidarités entre territoires voisins, qui se réunissent autour de projets communs, ainsi qu’entre zones rurales, qui disposent des gisements renouvelables, et zones urbaines ou périurbaines, qui en ont besoin pour leur consommation.

S’y ajoute bien sûr, sur le plan environnemental, la réduction de la pollution et des émissions de gaz à effet de serre, dont le secteur de l’énergie produit les trois quarts.

Comment ces actions s’articulent-elles avec la COP 21, la prochaine conférence mondiale sur le climat de Paris ?

Cet événement est l’occasion ou jamais de débattre des solutions pour limiter le réchauffement planétaire. Les actions sur le terrain en faveur des économies d’énergie et du développement des renouvelables, au niveau local, régional ou national, sont la clé de la lutte contre le changement climatique. La mobilisation pour le 100 % d’énergies renouvelables ne s’arrêtera pas à Paris 2015.

P. Le Hir Le Monde 18/05/2015