Un an après son lancement, la caution locative étudiante peine à trouver son public

La caution locative étudiante (CLé) reste encore confidentielle. Depuis sa généralisation en septembre, cette garantie, qui permet aux étudiants sans garant quels que soient leurs revenus, leur situation famille et leur nationalité d’accéder à un logement, n’a bénéficié qu’à 2 250 d’entre eux. Encore très loin de l’objectif fixé par le gouvernement, de 14 000 à 20 000 bénéficiaires d’ici 2017.

Concrètement, avec la CLé, l’Etat se porte garant pour eux, contre une cotisation mensuelle correspondant à 1,5 % du montant du loyer. En cas d’impayés, le propriétaire est indemnisé par un fonds – alimenté par l’Etat, la Caisse des dépôts et consignations, les régions et les cotisations des bénéficiaires – en attendant que l’étudiant puisse rembourser.

Une étude menée en 2013 par l’Observatoire de la vie étudiante avait montré que 16,5 % des étudiants logés dans le privé avaient du mal à trouver une caution solidaire. La même année, les régions Nord-Pas-de-Calais, Ile-de-France, Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur avaient expérimenté ce système, mais il ne concernait que les étudiants étrangers, isolés ou issus de familles monoparentales. Il était donc temps de l’étendre à tous les étudiants sur tout le territoire.

Manque de visibilité

Si le chiffre de 2 250 demandes paraît bien faible, il s’explique sans doute parce que la généralisation de ce système est intervenue en septembre, une période où la plupart des étudiants avaient bouclé leurs démarches. Mais pas seulement. Selon les syndicats étudiants, la CLé manque de visibilité. « Les étudiants ne connaissent pas le dispositif », indique-t-on à l’UNEF. Alexandre Leroy, le président de la Fédération des associations générales étudiantes, fait le même constat. « Le nombre de bénéficiaires évoluera en fonction de la volonté du gouvernement de faire connaître la CLé. Deux mille bénéficiaires sur l’année 2014-2015, c’est compréhensible, mais s’il n’y a encore que 2 000 bénéficiaires cette année, ce sera une faute », prévient-il.

Guillaume Houzel, le directeur du Cnous (Centre national des œuvres universitaires et scolaires), l’organisme qui gère la CLé, espère qu’à la rentrée 2015 le nombre de bénéficiaires atteindra 7 000 à 8 000 jeunes. Et 20 000 à l’horizon 2017-2018, ce qui devrait permettre de financer totalement la CLé grâce aux cotisations des étudiants. Mais selon lui, « cela mettra quelques années pour que les étudiants et les propriétaires utilisent la CLé », conscient qu’il doit convaincre les propriétaires du parc privé de la fiabilité de la caution solidaire.

  • Maurane Speroni Le Monde 20/05/2015