Le problème récurrent des « lycéens sans lycée »

 

Tous les ans, des milliers de lycéens qui échouent au baccalauréat ne retrouvent pas d’établissement à la rentrée.À partir de l’année prochaine, un décret devrait obliger les lycées à accepter leurs non-bacheliers.

Que deviennent les lycéens qui échouent au bac ?

Cette année, ils sont 85 600 à ne pas avoir obtenu le fameux sésame d’entrée dans l’enseignement supérieur. Pour la plupart, c’est un parcours du combattant qui commence. Selon la Fédération indépendante et démocratique lycéenne (FIDL), ils seraient chaque année 3 000 lycéens à Paris à ne pas retrouver d’établissement pour redoubler. L’éducation nationale refuse de son côté de communiquer le nombre d’étudiants concernés.

Valentin, qui s’est adressé à la FIDL, via sa plate-forme en ligne destinée à venir en aide aux recalés du bac 2015, est dans ce cas. Ce lycéen de 18 ans a fait une demande d’inscription dans plus de dix établissements des Hauts-deSeine, et n’a obtenu que des refus ou des mises en attente. Ce n’est que fin août que dans chaque académie, des commissions traiteront les dossiers et décideront quels élèves seront ou non acceptés.

« Deux mois après la rentrée, le problème n’est parfois pas réglé et des lycéens se retrouvent sans lycée » , regrette-t-on à la FIDL. Parmi ceux qui ne retrouvent pas d’établissement, certains préparent le baccalauréat à distance, d’autres deviennent « décrocheurs malgré eux », et viendront grossir les rangs des 140 000 jeunes Français qui chaque année quittent le système scolaire sans diplôme.

Pourquoi certains lycéens ne retrouvent ils pas de place ?

« Il y a avant tout un problème d’effectif. Prendre des redoublants n’est pas intéressant pour les lycées », explique la FIDL. C’est l’argument que son lycée a présenté à Valentin, lorsqu’il doutait déjà de sa réussite au bac, à quelques mois de l’examen. « On m’a dit qu’il n’y aurait pas de place pour moi, la priorité est à ceux qui passent en terminale » témoigne-t-il.

Philippe Tournier, secrétaire général du Syndicat national des personnels de direction de l’éducation nationale (SNPDEN), affirme que dans la plupart des cas « les établissements reprennent leurs élèves qui ont échoué au bac » . « Évidemment, poursuit-il, certains rechignent à le faire soit en raison d’un manque de places ou parce qu’ils sont confrontés à des élèves qui ne venaient plus du tout en cours. »

Quelles solutions pour ces lycéens ?

Comme chaque année, la FIDL recense les lycéens qui se sont manifestés via sa plate-forme, et tente de faire pression auprès des rectorats, pour leur trouver un établissement. Début juillet, deux projets de décrets ont été adoptés par le Conseil supérieur de l’éducation (CSE) pour lutter contre le décrochage scolaire.

Le premier donne le droit aux redoublants du bac de conserver leurs meilleures notes lorsqu’ils retenteront de décrocher ce diplôme. Ce qui pose la question de la présence de ces élèves aux cours, qui auront un emploi du temps « à la carte » en fonction des matières qui restent à valider. L’autre projet de décret fait du redoublement dans son lycée d’origine un droit pour les non-bacheliers à la rentrée 2016.

Pour les syndicats lycéens et enseignants, cela réglerait « une grosse partie du problème » . Le SNPDEN, lui, est dubitatif. « Si on doit accepter ces élèves, nous poserons la question du financement, explique Philippe Tournier. On va laisser aux établissements le soin de régler un problème insoluble. »

La Croix 30/07/2015