Les salariés allemands bénéficient de 30 jours de vacances et 10 jours fériés par an, comme leurs collègues français.
Le mythe de l’ouvrier allemand, bourreau de travail, a du plomb dans l’aile. Selon une étude réalisée par l’institut économique de Cologne IW pour la Fédération des employeurs bavarois de la métallurgie, les salariés de l’industrie allemande disposent en moyenne de 40 jours de vacances ou fériés. Un record en Europe, qui ne trouve son pareil qu’en France. A l’opposé, la Belgique fait état de 29 jours de congés ou fériés. Le niveau plus bas d’Europe.
Si le résultat de la France ne surprend pas forcément, celui de l’Allemagne, réputé laborieuse même si c’est elle qui a inventé la semaine de 35 heures, peut étonner à première vue. En réalité, les deux pays ont le même nombre de jours fériés (10) en moyenne. A Noël, par exemple, les entreprises allemandes ferment dès le 24 décembre après-midi jusqu’au 26 décembre inclus. Par ailleurs, les Länder célèbrent tantôt les fêtes catholiques ou protestantes. Tandis que ceux du Sud fêtent l’Ascension, ceux de l’Est célèbrent la réformation.
Un coup de pouce aux retraites
« Les salariés en Allemagne ont le plus de jours de congés et fériés en Europe », s’emporte Bertram Brossardt, président de la Fédération bavaroise des salariés de la métallurgie, qui s’inquiète pour la compétitivité de son pays. « Entre 2003 et 2007 et avec la mise en oeuvre de l’Agenda 2010, les coûts unitaires du travail ont baissé, mais ils remontent depuis 2011 », ajoute Christoph Schröder, chercheur à l’IW Cologne.
Si en moyenne, la France et l’Allemagne présentent des coûts unitaires du travail comparables – 38 et 39,5 euros respectivement dans l’industrie – le secteur automobile allemand est le plus cher d’Europe avec 48 euros de l’heure. Un motif de consolation toutefois : les employeurs allemands contribuent à hauteur de seulement 18 % aux frais d’assurance sociale de leurs salariés (comme la Pologne), contre 40 % pour les employeurs français.
Les menaces conjoncturelles, notamment liées à la Chine, pourraient fragiliser ce modèle. « Etant donné l’inflation très basse, même de faibles hausses de salaires correspondent à des hausses nominales des coûts du travail », s’inquiète Christoph Schröder, pour qui l’Allemagne se repose sur ses lauriers. Dans un contexte économique jusqu’ici favorable, l’Etat n’est pas poussé à faire d’effort. Au contraire, il distribue les cadeaux, Le gouvernement d’Angela Merkel a ainsi accordé un coup de pouce aux retraites et introduit le salaire minimum de 8,50 euros de l’heure en Allemagne. Jusqu’ici, il n’y avait pas de plancher légal.
Les Echos 25/08/2015