Les patrons prêts à concilier famille et travail

Selon l’Observatoire Famille et Entreprise, 58 % des dirigeants estiment que les employeurs doivent prendre en compte des éléments personnels de la vie des salariés comme la garde d’enfants et la rentrée scolaire.

ENQUÊTE   Les mentalités changent. Les Français n’attendent plus tout d’un État-providence. Selon la troisième édition du baromètre Famille et Entreprise réalisée par ViaVoice pour La Maison Bleue en partenariat avec Le Figaro, plus de huit dirigeants et directeurs des ressources humaines sur dix affirment que la conciliation famille-travail devrait être « un enjeu central » pour les entreprises de 50  salariés et plus et que cela répond à une attente des salariés.

Plus d’un dirigeant et directeur des ressources humaines sur deux estime que l’employeur doit davantage prendre en compte des événements personnels qui rythment la vie des salariés comme la garde d’enfants, les rentrées ­scolaires, les sorties scolaires, les naissances ou le décès d’un ­proche.

Plus de sept sur dix soulignent qu’un meilleur équilibre vie professionnelle-vie familiale est « un levier de durabilité et de performance ». Plus de six sur dix assurent que « l’entreprise doit agir en faveur de l’articulation famille-travail ». Moins de quatre sur dix jugent que ce sujet demeure « l’affaire des politiques publiques ».

Révolution culturelle

Alors que le débat sur l’équilibre vie professionnelle-vie privée redouble, cette enquête montre que les entreprises ont acquis une véritable légitimité pour s’occuper du bien-être de leurs collaborateurs. « L’idée que l’entreprise peut prendre davantage en charge certains aspects de la vie familiale progresse, observe Sylvain Forestier, président de La Maison Bleue, qui vient de racheter La Part de Rêve et gère 180 crèches. Les salariés souhaitent que l’employeur propose certains services et participe à leur bien-être. »

Le rôle grandissant des technologies numériques, l’arrivée de nouvelles générations qui jonglent avec les tablettes et les réseaux ­sociaux, la mutation de l’économie française avec la montée en ­puissance des emplois tertiaires expliquent cette révolution culturelle. «La frontière entre vie privée et vie professionnelle est de plus en plus poreuse», résume Sylvain ­Forestier.

Démarche pragmatique

Cette prise de conscience commence à se traduire dans les faits. Des employeurs ont déjà lancé des actions. 59 % des entreprises de plus de 50 salariés ont mis en place des horaires aménagés. 60 % maintiennent le salaire mensuel des collaborateurs pendant un congé paternité ou maternité. 49 % proposent une aide pour trouver un logement afin de limiter le temps de trajet entre le domicile et le travail. 44 % accompagent leur collaborateur au retour d’un congé maternité.

D’autres envisagent de prendre des mesures dans un délai de un à trois ans. 21 % songent à payer une demi-journée consacrée à la rentrée scolaire. 19 % étudient le développement du télétravail.

Les employeurs ont une démarche pragmatique. Ils constatent de manière très concrète que les difficultés personnelles freinent l’engagement professionnel. 39 % observent, par exemple, que les problèmes de garde d’enfant ont des répercussions sur le fonctionnement de l’entreprise.

Cela se traduit par de l’absentéisme, des perturbations dans l’organisation, des retards, une baisse de la productivité et de la qualité. A contrario, un service de place en crèches est considéré comme un moyen efficace de ­favoriser le bien-être des salariés au travail, de les fidéliser et d’accroître la performance économique.

Mais les réalités financières freinent certains projets. 30 % des ­entreprises n’agissent pas faute de moyens suffisants. Près de 44 % des personnes interrogées ­redoutent l’impact budgétaire de la mise en place d’une crèche en entreprise. 23 % redoutent que sa réalisation soit complexe. « Beaucoup d’entreprises méconnaissent les aides auxquelles elles ont droit, comme par exemple le crédit impôts famille dans le cadre de la réservation de places en crèche pour leurs salariés», conclut Sylvain Forestier.

 

Le Figaro 21/09/2015