Les économies générées par une telle transition écologique dépasseraient les coûts induits, d’après un rapport de Greenpeace. Pourtant, le soutien public aux énergies fossiles constitue encore une importante entrave aux efforts mondiaux contre le changement climatique, dénonce l’OCDE dans un rapport publié le même jour.
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Le coût des renouvelables « économiquement favorable » avant 2030
Selon l’ONG, qui a réalisé son étude en partenariat avec le Centre aérospatial allemand, abandonner complètement avant la moitié du siècle le charbon, le pétrole, le gaz et le nucléaire demanderait des investissements de plus de 1.370 milliards d’euros par an d’ici-là. Mais malgré l’aspect astronomique d’un tel chiffre, l’investissement serait « plus que couvert par les économies futures », affirme Greenpeace.
Certes, à court terme, le coût de la production d’électricité via les énergies renouvelables est « légèrement » supérieur, relève le rapport. Cependant « dans quelques pays, comme la Chine et l’Inde », le scénario d’une transition radicale dessiné dans l’étude est « économique dès le départ et meilleur marché que les sources d’énergie conventionnelles d’ici à 2020 », affirme-t-il. L’augmentation du prix des énergies conventionnelles pourrait par ailleurs rendre le coût des renouvelables « économiquement favorable dans toutes les régions du monde d’ici à 2030 ».
En outre, selon Greenpeace, un tel passage aboutirait à la création de millions d’emplois. D’ici à 2030, le secteur de l’énergie solaire, notamment, « pourrait employer autant de personnes que l’industrie du charbon aujourd’hui, plus de 9,5 millions ». Quant à l’éolien, dans les mêmes délais, le nombre d’emplois du secteur « pourrait être multiplié par dix, passant de 700.000 actuellement à plus de 7,8 millions — deux fois plus que dans les industries du pétrole et du gaz combinées ».
Plus de 140 milliards d’euros par an pour soutenir les énergies fossiles
Cependant, reconnaît Greenpeace, environ 80% de l’énergie produite dans le monde provient aujourd’hui encore de combustibles fossiles. Les États continuent d’ailleurs encore massivement de les soutenir, dénonce l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dans un rapport également publié lundi.
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Malgré une légère tendance à la baisse, dans les 34 pays de l’OCDE et les six grandes économies émergentes du G20 -Brésil, Chine, Inde, Indonésie, Russie et Afrique du Sud-, le soutien public aux énergies fossiles représente encore entre 140 et 180 milliards d’euros par an. Pour arriver à ce résultat, l’organisation a passé en revue environ 800 programmes de dépenses et allègements fiscaux dans son inventaire 2015. Or, en réduisant les prix pour les consommateurs ainsi que les coûts d’exploration et d’exploitation pour les compagnies pétrolières et gazières, ces mesures incitent à produire ou à consommer des combustibles fossiles et constituent ainsi une entrave aux efforts mondiaux pour réduire les émissions et lutter contre le changement climatique, déplore l’OCDE.
Des mesures d’une « époque révolue »
Le Secrétaire général de l’organisation Angel Gurría a notamment dénoncé un comportement contradictoire :
« Les États dépensent, pour soutenir les combustibles fossiles, quasiment le double du montant nécessaire pour atteindre les objectifs de financement de la lutte contre le changement climatique définis par la communauté internationale, qui appelle à mobiliser 100 milliards de dollars (soit quasiment 90 milliards d’euros, ndlr) par an d’ici à 2020. »
Environ les deux tiers des mesures recensées -financées par les contribuables- relèvent de « politiques qui sont héritées d’une époque révolue où l’on considérait la pollution comme une conséquence tolérable de la croissance économique », puisqu’elles ont été adoptées avant l’an 2000. Aujourd’hui, la baisse des cours du pétrole offre une occasion unique pour les gouvernements de changer progressivement de direction, souligne l’OCDE.
La Tribune 22/09/2015