Les Français sont plus conscients des discriminations dans leur pays que la moyenne des Européens. Et ils sont aussi très largement prêts à élire une femme, une personne homosexuelle ou une personne d’origine étrangère comme président.
La France actuelle serait-elle semblable à celle des années 1930 où dominait la xénophobie et la haine des différences? Non, répond clairement une étude de l’Union européenne, selon laquelle les Français sont un peu plus tolérants et conscients des discriminations dans leur pays que la moyenne des Européens. Toujours selon cet Eurobaromètre de la Commission européenne, effectué début juin et publié le 1er octobre dernier, ils sont aussi plus enclins que leurs voisins à voir une femme, une personne d’origine étrangère ou une personne homosexuelle à la tête de l’État.
Interrogés sur la présence en France de huit discriminations différentes (origine ethnique, orientation sexuelle, identité sexuelle, religions, handicap, sexe, jeunesse, vieillesse), les Français ont dans chacun de ces cas plus souvent estimé que la moyenne des Européens qu’elles étaient «répandues». Ils étaient par exemple 82% à estimer que les discriminations en raison de l’origine ethnique sont répandues, contre 64% des Européens. Et 72% à estimer que les discriminations en raison de l’orientation sexuelle sont aussi récurrentes, contre 56% en moyenne dans l’UE.
Un «Obama français» n’est plus inconcevable
«Lorsqu’une entreprise cherche à embaucher quelqu’un et qu’elle a le choix entre deux candidats de compétences et de qualifications égales», les Français ont aussi plus souvent estimé que leurs voisins que l’âge, le look, la couleur de peau et dix autres critères pouvaient «défavoriser» ce candidat. Ils apparaissent, en revanche, très légèrement à la traîne sur le critère de l’identité sexuelle, où les réponses sont moins nombreuses (33% estiment que cela défavoriserait un candidat contre 34% pour la moyenne des Européens), comme pour celui de l’orientation sexuelle (27% contre 28%).
Contrairement à une autre idée reçue, les Français ne voient pas non plus d’un mauvais œil qu’une femme, un homosexuel ou une personne d’origine ethnique différente devienne présidente. Quand on leur demandait de noter sur une échelle de 1 à 10 (de très mal à l’aise à très à l’aise) ce qu’ils ressentiraient si une femme était élue au plus haut poste politique, 90% d’entre eux ont indiqué qu’ils étaient «à l’aise» (correspondant à une note de sept à dix). Un autre sondage effectué en mars dernier indiquait des résultats similaires.
Les Français plus regardants sur l’âge
Une large majorité de personnes s’est également dite à l’aise avec une personne handicapée (77%), une personne d’une origine ethnique différente de la population (61%), une personne homosexuelle, bisexuelle ou lesbienne (68%) et presque la moitié de la population ne voyait pas d’inconvénient à ce que cette personne soit «transgenre ou transsexuelle» (47%). Là aussi, la tolérance était toujours plus élevée que la moyenne des Européens.
Le seul critère qui pose visiblement plus problème aux Français qu’aux autres Européens est celui de l’âge. Un président de plus de 75 ans? Seuls 34% des Français n’y voient pas d’inconvénient, contre 46% de nos voisins. Alain Juppé, qui a eu 70 ans cette année, passe donc encore dans les critères «d’acceptabilité des Français». Le candidat à la primaire des Républicains pour l’élection présidentielle de 2017 a d’ores et déjà annoncé qu’il ne concourrait pas à un deuxième mandat s’il était élu. «Sauf progrès spectaculaires des biotechnologies», avait-il ajouté en plaisantant. Il est de toutes façons prévenu: les Français ne le verraient pas d’un bon œil.
Slate 07/10/2015