Aujourd’hui en Allemagne

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

 

Synthèse de la presse quotidienne

 

27 octobre 2015

 

  1. La Frankfurter Allgemeine Zeitung titre « Mme Merkel veut davantage de fermeté dans la politique migratoire ». Die Welt relaie la demande de syndicats policiers de dépénaliser l’entrée illégale sur le territoire, les forces de l’ordre n’étant plus en mesure de faire appliquer la loi. La Süddeutsche Zeitung apprend de sources européennes que les « créanciers de la Grèce refusent de lui verser davantage d’argent » en repoussant le versement d’aide prévu en octobre à novembre, en raison du rythme insuffisant des réformes. Le Tagesspiegel titre que « pour l’OMS, la consommation de viande accroît le risque de cancer ».  Le quotidien économique Handelsblatt consacre son gros titre au souhait des syndicats sur secteur de l’automobile allemands d’avoir un plan de développement des batteries électriques en Allemagne (« Batterie pour l’Allemagne ») et met en avant en Une, sous le titre « Amitié 4.0 », la conférence numérique franco-allemande qui se tient aujourd’hui à Paris, avec une interview du ministre de l’Economie, de l’industrie et du numérique.
  2. Allemagne

« Mme Merkel veut davantage de fermeté dans la politique migratoire : » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)

Sous ce titre à sa une, la FAZ fait état du dialogue citoyen hier à Nuremberg, lors duquel la chancelière a répondu aux questions posées par un public d’une soixantaine de personnes. Comme le reste de la presse, le quotidien de Francfort retient que la chancelière a promis davantage de fermeté en matière de reconduite à la frontière des personnes déboutées. Elle a aussi reconnu des insuffisances dans l’organisation et la gestion de la politique migratoire et promis une meilleure coordination. Réitérant son refus d’un plafond en matière d’accueil de réfugiés, elle a aussi renouvelé son message d’optimisme : « oui, ce sont beaucoup de réfugiés, mais nous sommes 80 millions et nous pouvons, nous allons réussir cette intégration ».

Le quotidien de Francfort signale par ailleurs que la situation s’est à nouveau tendue hier en Bavière avec l’arrivée de plusieurs milliers de réfugiés qui auraient été directement conduits par les autorités autrichiennes à la frontière bavaroise. Les responsables CSU en Bavière multiplient les sorties contre l’Autriche qu’ils accusent de duplicité et de miner la relation bilatérale. Dans une interview à la Passauer Neue Presse, le ministre-président bavarois et président de la CSU Horst Seehofer appelle la chancelière à intervenir auprès de son homologue autrichien. Horst Seehofer menace en des termes vagues le gouvernement fédéral sous direction CDU, exigeant que Berlin « donne suite aux demandes bavaroises de contrôle et de limitation de l’immigration avant la fête de la Toussaint », échéance après laquelle, « une réflexion sera engagée sur les options que négociations que nous avons ». Die Welt fait ses gros titres sur l’appel du syndicat de la police allemande à une dépénalisation de l’entrée illégale de migrants sur le territoire dès lors que ceux-ci déposent ensuite une demande d’asile. Le syndicat invoque que l’instruction de centaines de milliers de dossiers, le plus souvent sans suite judiciaires, représente une tâche actuellement insurmontable pour la police fédérale et des Länder. La Berliner Zeitung titre de son côté sur les appels du SPD à la mise en place d’un programme d’investissements de plusieurs milliards d’euros en matière d’infrastructures et d’éducation. Le journal s’appuie sur des déclarations de la secrétaire générale du SPD pour qui le choix s’impose à présent entre « sacrifier l’objectif du budget fédéral à l’équilibre ou augmenter les impôts pour les riches ».

  1. Europe

Crise des migrants : « C’est chacun pour soi ! » (Bild)

Le plan en 17 points sur lequel se sont accordés dimanche, lors d’une réunion de crise à Bruxelles, huit pays de l’UE ainsi que la Serbie, la Macédoine et l’Albanie, est analysé par une presse sceptique, qui doute de sa mise en œuvre compte tenu des dissensions persistantes entre les participants à cette rencontre et du silence du reste de l’UE. Des doutes partagés au plus haut niveau, rapporte la Süddeutsche Zeitung : « Berlin exige de Juncker une mise en œuvre très rapide » de ces mesures, titre le quotidien de Munich en citant des déclarations en ce sens du ministre fédéral au développement Gerd Müller (CSU) ; le journal se fait également l’écho des « réserves » du ministre de la chancellerie en charge du dossier des réfugiés, Peter Altmaier (CDU), reconnaissant que ce plan ne constitue qu’un « premier pas » dans la gestion de cette crise.

Le manque de solidarité européenne est à nouveau pointé dans les commentaires, sans toutefois que les pays non touchés par l’afflux de réfugiés soient expressément mis au pilori. « Ce dont l’Europe aurait besoin pour faire démonstration d’unité, ce n’est pas de 17 points, mais d’une unique déclaration claire de solidarité de tous les Etats membres avec l’Allemagne : oui, nous allons porter ensemble ce fardeau, oui, nous allons tous accueillir des réfugiés selon une répartition équitable. Or à Bruxelles, au bout de six mois d’une crise historique, l’Europe réussit tout juste à s’accorder sur le principe d’échanger des numéros de téléphone… Dans les grandes crises, l’Europe c’est comme le Titanic : chacun pour soi », se désole le tabloïd Bild. Dénonçant la « léthargie de Bruxelles », le Handelsblatt renchérit : « c’est un aveu d’impuissance politique qu’il ait fallu attendre la fin octobre pour que l’UE et les Balkans conviennent de s’informer quotidiennement de l’évolution des flux de réfugiés… tous agissent toujours selon le principe de Saint Florian : ‘épargne ma maison, brûle plutôt celles des autres’ ». La Berliner Zeitung est alarmiste : « l’Europe se désintègre, la crise des réfugiés devient un problème existentiel pour l’UE ».

Le Handelsblatt publie par ailleurs un entretien avec le Premier ministre serbe Aleksandar Vucic, qui se pose en défenseur de la liberté de circulation (« nous n’avons pas l’intention de verrouiller nos frontières ») et en grand admirateur de l’action de la chancelière allemande dans la crise des réfugiés (« les pays de transit passent leur temps à se plaindre alors que c’est l’Allemagne et les pays scandinaves qui ont besoin de notre soutien »).

Pologne : « la voie nationaliste » (FAZ)

A l’exception de Die Welt, qui juge que « Varsovie reste européenne » et que les craintes d’une radicalisation de la Pologne après la victoire claire des conservateurs populistes sont infondées, la plupart des éditorialistes sont inquiets des répercussions du triomphe électoral du parti eurosceptique PiS, craignant de nouveaux obstacles à la gestion commune de la crise des réfugiés. Le Handelsblatt pour sa part analyse cette victoire des nationalistes comme l’expression d’une fracture sociétale commune à d’autres Etats européens, entre métropoles prospères et régions rurales oubliées de la croissance. « La leçon de ce scrutin est que si Berlin et Bruxelles veulent que l’Europe reste un projet d’intégration, l’équité et la justice sociale sont aussi importantes que la discipline budgétaire, et que les réformes de société ont besoin de davantage de temps pour être acceptées. Sinon, l’Europe est menacée d’implosion », conclut le correspondant diplomatique du Handelsblatt, moins fixé sur l’orthodoxie budgétaire que ses collègues des rubriques économiques.

  1. International

Ukraine

Dans un entretien à Die Welt, la ministre ukrainienne des Finances, Natalie Jaresko, insiste sur la détermination de Kiev à faire des réformes pour lutter contre la corruption. N. Jaresko juge que les 40 milliards d’aides promises par la communauté internationale devraient « suffire à remédier aux problèmes du bilan de paiements ukrainien » et indique que le gouvernement ukrainien ne financera la reconstruction des infrastructures dans les régions orientales en conflit que lorsque les rebelles prorusses les auront quittées.

Seuls la FAZ et le quotidien alternatif de gauche tageszeitung commentent la tenue des élections municipales en Ukraine et déplorent l’annulation du scrutin à Marioupol en raison de risques de fraude. Pour la FAZ, ces élections « illustrent à quel point le chemin de ce pays vers la démocratie est difficile », mais le quotidien de Francfort estime toutefois qu’elles ont eu un « dénouement » global positif. La taz appelle pour sa part Kiev à « immédiatement améliorer » ses procédures de vote dans la perspective du scrutin du 15 novembre.

Tribune commune de Christine Lagarde et de Jim Yong Kim dans le Handelsblatt : « La protection climatique a son prix »

La tribune commune de la directrice générale du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, et du président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, publiée par l’organisation Project Syndicate, paraît aujourd’hui dans le Handelsblatt. Cette tribune reprend, pour l’essentiel, l’annonce par la Banque Mondiale de la constitution d’un comité international – le « Carbon Pricing Panel » – de chefs d’Etat et de gouvernements, d’organisations internationales et de grandes entreprises, pour réfléchir à la mise en place d’une tarification de la pollution au carbone afin de lutter contre le dérèglement climatique.

  1. France

Conférence numérique franco-allemande : « amitié 4.0 » (Handelsblatt)

En lever de rideau de la conférence sur le numérique aujourd’hui à Paris, en présence du président de la République et de la chancelière, le Handelsblatt, qui publie une interview d’Emmanuel Macron, fait état des enjeux de la conférence : identifier des projets d’investissement communs, favoriser la mobilité, harmoniser la protection des données et définir des normes européennes pour les technologies d’avenir. Le journal signale qu’une déclaration commune sera adoptée à l’issue de la rencontre. Indiquant que des experts des deux pays ont présenté un plan en 15 points, le journal consacre aussi un article au dynamisme des start-ups en France.

Dans un avant-papier également consacré à cette rencontre dans lequel est cité Henrik Enderlein (co-auteur avec Jean Pisany-Ferri d’un rapport pour contribuer à la croissance en France et en Allemagne), la Süddeutsche Zeitung relève que de l’avis des experts, l’amélioration du cadre général et la levée de nombre d’obstacles au développement de l’économie numérique sont bien plus importantes que des initiatives spectaculaires. Le journal cite notamment la nécessité d’harmoniser la fiscalité et la définition de standards communs en matière de protection des données./.