Le gouvernement allemand songe à créer une carte électronique pour les réfugiés afin de simplifier la procédure de demande d’asile. Une initiative qui pose question.
Pour résoudre le chaos qui règne dans les bureaux d’enregistrement des réfugiés et raccourcir les délais d’attente des demandeurs d’asile, le gouvernement allemand songe actuellement à instaurer une «Flüchtlingskarte», rapporte le quotidien bavarois Süddeutsche Zeitung, soit une carte électronique destinée aux réfugiés qui arrivent sur le territoire allemand sur laquelle seraient enregistrées toutes les données les concernant. Le ministre allemand de l’Immigration et des Réfugiés, Jürgen Weise, espère ainsi simplifier la procédure administrative de demande d’asile, écrit le quotidien:
«Actuellement, il n’y a pas de véritable échange de données entre les différents services de l’administration et entre les Länder. Dans le passé, cela a souvent conduit à des doubles et à des triples enregistrements et aussi souvent à la perte d’un des documents. Conséquence: les procédures durent de plus plus longtemps, et doivent même parfois être entièrement relancées.»
L’idée de cette carte revient au député du Bundestag Marian Wendt, membre de la CDU et originaire de Saxe, rapporte le site de la chaîne de télévision allemande n-tv. Dans ce Land, la Croix-Rouge a déjà mis en place un système similaire dans ses vingt-deux centres d’accueil de demandeurs d’asile:
«Les réfugiés utilisent également les cartes lorsqu’ils quittent et entrent dans les centres d’hébergement tout comme pour prendre leur repas. La remise d’argent de poche, de duvets et de médicaments font également l’objet d’un enregistrement numérique.»
Carte électronique
Il préconise d’enregistrer sur cette carte à la fois des données relatives au statut administratif et à l’état de santé des réfugiés, écrit n-tv:
«Chaque réfugié doit se voir remettre à son arrivée ce type de carte, sur laquelle figurent sa photo, son nom et son numéro d’enregistrement. Sur la puce électronique, sont également enregistrés ses empreintes digitales, des informations sur l’endroit d’où il vient, son statut familial, sa formation tout comme les données du bureau dans lequel il a été enregistré et les résultats de l’examen médical. Toutes les services administratifs concernés doivent avoir accès à la carte: le ministère de l’Immigration et des Réfugiés, la police fédérale, les services de l’immigration dans les Länder et les communes ainsi que les bureaux d’enregistrement.»
Plusieurs responsables politiques allemands ont déjà fait part dans la presse allemande de leurs doutes concernant l’instauration d’une carte électronique au regard de la protection des données personnelles. Konstantin von Notz, membre du Bundestag et affilié au parti écologiste allemand Alliance 90/Les Verts, s’inquiète par exemple du fait que ce soit «justement la politique d’asile qui soit utilisée comme terrain d’expérimentation dans le domaine de l’e-government». La députée au Bundestag Ulla Jelpke, membre du parti de gauche radicale Die Linke, estime elle que «les réfugiés ont eux aussi le droit de maîtriser les données les concernant».
D’après n-tv, Peter Almaier, directeur de la chancellerie et membre de la CDU, souhaite mettre en place au plus tard en janvier 2016 un système unique permettant d’enregistrer les réfugiés, qui pourrait servir de modèle:
«Le but est de le généraliser à toute l’Europe.»
Le quotidien Die Welt rappelle que 800.000 réfugiés devraient arriver en Allemagne cette année, parmi lesquels environ 40% devraient rester sur place.
Slate 29/10/2015