L’ÉCOLE EST FINIE de Jacques Julliard Flammarion, 126 p., 12 €
L’école s’est perdue mais il ne tient qu’à nous, citoyens, à travers les grandes familles de pensée, de lui redonner son élan et sa place centrale dans la République. Tel est le message de Jacques Julliard, historien et journaliste, qui publie un essai incisif sur l’École avec un grand E, lieu de transmission des savoirs mais surtout des valeurs, sans lequel on ne peut rien espérer de bon pour demain. Car – et c’est le premier mérite de cet ouvrage que de le rappeler – l’école n’est pas une simple institution, elle porte un « projet de civilisation » , un « mythe » au sens donné par le philosophe Georges Sorel, c’est-à-dire « une représentation collective génératrice d’action » , résume Jacques Julliard. Un idéal philosophique, la conviction que l’on peut « faire société » en misant sur l’intelligence, « l’adhésion au savoir rationnel, le culte de l’attention et de l’admiration » .
La charge est sévère contre les « pédagogistes » qui, selon l’auteur, ont perdu de vue cet idéal et la signification civique de l’école. Pour l’essayiste, ils sont ainsi largement responsables de son « naufrage » sous l’effet d’une obsession des méthodes plutôt que des contenus, d’un égalitarisme à tous crins, du communautarisme et de l’introduction d’une logique contractuelle dans l’enceinte scolaire. Tout cela au risque de transformer l’école en « grande surface » de l’instruction. Certes, on peut regretter que les efforts actuels de nombreux enseignants et directeurs d’établissements soient passés sous silence ; on peut aussi s’agacer des critiques répétées contre l’action du gouvernement actuel. Il n’empêche : le livre de Jacques Julliard est une contribution nourrie et vivifiante pour s’atteler, pour de bon, à ce chantier prioritaire de la République.
La Croix 6/11/2015