Les métiers d’art attirent de nouvelles générations mieux formées

Une étude a été réalisée à l’occasion de la tenue du Salon du patrimoine. Elle pointe les fragilités d’un secteur qui espère son salut des marchés étrangers.

Alors que le Salon du patrimoine au Carrousel du Louvre bat son plein ce week-end, une étude réalisée par Xerfi pour les Ateliers d’art de France met en évidence les difficultés d’un secteur composé surtout d’entreprises de petite taille. Les trois quarts interviennent sur la création artistique et sur la restauration du patrimoine. Ce double positionnement représente un axe de développement majeur pour les ateliers d’art. « Les activités de restauration sont plus rentables », mais ces contrats sont « remportés grâce à la visibilité donnée, notamment à l’étranger, par leurs oeuvres de création », note le document. Le chiffre d’affaires médian reste modeste, entre 51.000 et 100.000 euros par an. Et on estime que 38.888 entreprises travaillent dans ce secteur.

Et la conjoncture n’est guère favorable, en particulier sur les marchés publics. 71 % des personnes interrogées constatent une baisse ou une stabilité de leur activité depuis 2009. La maîtrise des dépenses publiques et la baisse des dotations de l’Etat ont d’importantes conséquences sur les chantiers de restauration du patrimoine. Le climat est ainsi anxiogène, en particulier pour les artisans opérant sur les marchés publics, pessimistes à 78 %. « La concurrence est vive, la politique d’attribution des marchés est souvent favorable aux moins-disants, la complexité des dossiers et des normes décourage, la longueur des délais de paiement est problématique », note encore l’étude. « Les règles des appels d’offres publics ne sont pas adaptés pour ces très petites entreprises. Il faudrait des lots plus petits et des règles moins contraignantes », confirme Serge Nicole, à la tête du syndicat professionnel les Ateliers d’art de France.

Nombre d’acteurs ont les yeux rivés sur les marchés étrangers, qui offrent des opportunités face à un marché français atone. La conquête de ces nouveaux marchés passe par une plus grande participation aux salons, par une politique de communication et de commercialisation plus offensive.

Concentrations

L’étude observe néanmoins « une réelle dynamique » de la part d’une nouvelle génération. Les créations d’ateliers se sont multipliées : « 49 % des structures ont été fondées depuis 2000, dont 61 % par des personnes de moins de 50 ans » et bénéficiant généralement d’un niveau de formation élevé. Les trois quarts des artisans de moins de 35 ans ont au minimum un bac +2. Néanmoins la transmission reste une préoccupation. L’apprentissage n’est pas aussi répandu qu’il y paraît et, selon Xerfi, « il y a un risque de perte irréversible de compétences ». Même quand il y a rachat d’ateliers par des investisseurs ou de grands groupes industriels, la logique est à la « concentration sur les métiers les plus rentables ».

Le secteur réclame une politique de soutien, avec une TVA à 5,5 % pour les oeuvres originales, une simplification du Code des marchés publics sans oublier une refonte du crédit d’impôt pour l’adapter aux métiers d’art. Un secteur que les pouvoirs publics ménagent. Porte-étendard du made in France, il représente 38.000 entreprises et pèse 8 milliards d’euros de chiffre d’affaires.

Les Echos 6/11/2015