Le « tout compris », avenir des transports ?

Un seul abonnement pour les transports publics, les taxis, les VTC et même les voitures de location : la plate-forme « Mobility as a Service » sera lancée, en 2016 en Finlande.

Des vélos en libre-service. Des voitures, classiques ou électriques, à disposition. Des offres de VTC qui se multiplient : depuis dix ans, le secteur de la mobilité urbaine connaît une effervescence perceptible par tous. Bus, tramway, métro et taxi ne sont plus seuls à assurer le transport de passagers d’un point A à un point B. Et ce n’est qu’un début : sans même attendre les voitures ou bus autonomes, que certains nous promettent pour la prochaine décennie, une foule d’initiatives innovantes se déploient dans les villes du monde entier.

Le transport urbain du futur sera multiple, associera un tissu croissant d’opérateurs publics et privés, et dépendra fortement des technologies mobiles : c’est le principal enseignement de la conférence « Cities on the move », organisée mi-octobre par le think tank New Cities Foundation et hébergée dans les locaux londoniens de Google – signe que le groupe américain, au-delà de son projet de voiture sans chauffeur, s’intéresse de près au secteur de la mobilité.

Parmi les multiples initiatives présentées lors de la conférence (lire ci-contre), le concept qui a le plus intéressé les quelque 200 représentants de grandes villes, d’universités et de groupes de transport réunis ce jour-là a été développé par un institut de recherche finlandais, ITS (Intelligent Transport Systems). L’idée ? Offrir, sur une seule plate-forme – et à partir d’une seule application mobile – toutes les offres de transport disponibles dans une ville, voire un pays tout entier. Un abonnement unique, sous le nom (provisoire) de « Mobility as a Service », qui donnera accès aux transports en commun locaux, mais aussi à des services de taxis ou de VTC, à une offre d’auto-partage en ville et, si besoin, à des kilomètres de train ou de location de voiture pour les week-ends et les vacances. Une offre complète, conçue pour pousser les urbains à abandonner définitivement leur voiture.

De quoi bousculer sérieusement le secteur des transports, où chaque acteur travaillait jusqu’ici séparément. « Ce qui est visé par cette approche, ce n’est pas le transport public mais l’ensemble de la mobilité, explique Nicolas Samsoen, directeur stratégie et innovation du groupe français Transdev. En France, le chiffre d’affaires du transport public est de l’ordre de 25 milliards d’euros. Celui de la mobilité est six fois plus élevé. »

Inspiré des offres de téléphonie mobile, le service devrait être proposé sous forme de packages adaptés à différents profils : banlieusard, célibataire, famille, professionnel… Une idée simple à comprendre mais complexe à mettre en oeuvre, car elle doit réunir sur une seule plate-forme des acteurs aujourd’hui en concurrence. L’opérateur de ces nouveaux services devra gérer à la fois l’information (« quel est le meilleur moyen de transport pour l’usager à un lieu et à un moment précis ? »), la relation client et la facturation, qui pourra se faire au forfait ou en fonction de l’utilisation.

Après deux ans de recherche, « Mobility as a Service » sera officiellement présenté début décembre. Son concepteur, Sampo Hietanen, PDG d’ITS Finlande, va pour cela créer une entreprise qui expérimentera, à partir de la mi-2016, le service à Helsinki et dans « deux ou trois autres villes » du sud du pays. Aux côtés de plusieurs partenaires locaux, Transdev fera partie des premiers investisseurs.