L’impact incertain des attentats sur l’économie

 

La nouvelle vague d’attentats devrait avoir des conséquences sur l’activité. Mais il est trop tôt pour en connaître les effets précis sur la consommation des ménages.

Au-delà de l’effroyable bilan humain, les événements tragiques qui se sont déroulés vendredi soir à Paris vont avoir des répercussions économiques. Car ce genre d’événement, qui fait planer un lourd sentiment d’insécurité, modifie les comportements des particuliers et des entreprises. On se déplace moins, on consomme moins, on remet à plus tard des investissements, on gèle ses embauches…

Il est difficile d’évaluer à ce stade l’impact de cette nouvelle vague d’attentats sur la consommation des ménages, déjà poussive, et ce à quelques semaines de Noël. Ce samedi matin, les grands magasins parisiens étaient particulièrement vides, avant de carrément fermer sur les Grands Boulevards… Après les attentats de janvier, qui avaient démarré le jour du lancement de la campagne des soldes d’hiver, les Français n’avaient pas eu l’âme à se précipiter dans les boutiques. Une semaine après, Bercy faisait état de chiffres d’affaires des magasins en baisse de 10 % et de 18 % pour les grandes surfaces en région parisienne. Trois semaines plus tard, la fréquentation était revenue à la normale. Mais l’impact des attentats fut, au final, lourd: fréquentation en baisse de 5 %, budget moyen d’achat en repli de 11 % et recettes de certains magasins en chute de 10 %. Seuls les sites de vente par Internet et les grands magasins avaient tiré leur épingle du jeu.

L’hôtellerie devrait souffrir

Si les attentats de janvier avaient perturbé certaines enseignes, notamment parisiennes, ils n’avaient pas eu d’impact macroéconomique. Selon les chiffres de l’Insee, la consommation des ménages en produits manufacturés avait progressé de 0,6 % en janvier, et même de 2 % pour les achats de vêtements et chaussures. Certains secteurs risquent d’être un peu plus touchés que les autres par la nouvelle vague d’attentats. Sans que cela soit déjà chiffrable, les transports pourraient connaître une baisse de fréquentation. L’hôtellerie devrait également souffrir: entre le 8 et le 18 janvier, la fréquentation des hôtels avait baissé de 10 %. Les entreprises pourraient également avoir à prévoir un budget supplémentaire pour renforcer leur sécurité.

«Un passage efficace aux frontières»

Selon l’OCDE qui a évalué les conséquences des attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis, le terrorisme a un impact sur l’économie mais qui ne dure pas. Il y a quatorze ans, les Américains avaient continué à consommer pour soutenir leur économie et leurs emplois. «L’un des enseignements à tirer de cette crise est que, lorsque les responsables doivent prendre rapidement des décisions dans un environnement de grande incertitude et d’information imparfaite, la priorité doit être la gestion de la liquidité, notait l’organisation internationale. Le soutien financier apporté à un secteur ou une activité doit consister surtout en prêts ou garanties à court terme, plutôt qu’en subventions et autres dépenses budgétaires directes. Une fois passée la réaction immédiate à la crise, on peut davantage se consacrer aux mesures à plus long terme, si nécessaire.»

Elle recommandait surtout aux dirigeants, concernés par des attentats, de laisser les frontières ouvertes pour que l’activité quotidienne des entreprises fonctionne. «La gestion à flux tendus des stocks, de plus en plus courante dans l’industrie, est grandement tributaire d’un passage efficace aux frontières, rappelait l’OCDE. L’extrême durcissement des contrôles frontaliers après les attentats de septembre (aux États-Unis) s’est traduit par de longues files d’attente qui ont désorganisé l’activité des entreprises manufacturières.»

Le Figaro 15/11/2015