Ces deux plates-formes ont permis à leurs utilisateurs d’exprimer leur solidarité. Mais on leur reproche aussi d’être trop permissifs.
Les réseaux sociaux, vecteurs de solidarité et de haine. Facebook, YouTube et Twitter ont certes reflété, ces dernières heures, l’élan de solidarité du monde entier envers la France. Dès vendredi soir, Facebook a ainsi mis en place deux dispositifs : le « Safety Check », qui a permis aux utilisateurs parisiens de notifier à leurs proches qu’ils étaient sains et saufs, et une photo de profil temporaire aux couleurs du drapeau français, accessible en quelques clics.
Le dispositif « Safety Check » a ainsi été utilisé par 5,4 millions de personnes sur le week-end. Et plus de 120 millions de personnes auraient exprimé leur solidarité envers la France à travers le réseau social. Twitter, de son côté, a désactivé la publicité dès 22 h 30, vendredi soir, pour éviter tout message déplacé. Il s’est aussi organisé pour relayer les informations permettant de retrouver des proches. Pour lutter contre les fausses rumeurs et la désinformation, le réseau social a ainsi mis en avant des comptes officiels, comme celui de la préfecture de Paris.
Pourtant, dans le même temps, de nombreux utilisateurs ont signalé des dysfonctionnements chez les grandes plates-formes. Les événements de ces derniers jours montrent surtout le fossé qui se creuse entre les utilisateurs des réseaux sociaux et la manière dont ces derniers gèrent les contenus. Des photos montrant la tuerie à l’intérieur du Bataclan, des vidéos des événements, d’autres montrant des membres de Daech appeler à des actes terroristes… ont circulé ces dernières heures sur Facebook sans que l’entreprise ne réagisse, ou alors de manière tardive et partielle.
Collaboration renforcée
En janvier, juste après les attentats à « Charlie Hebdo » et à l’Hyper Cacher, la directrice de la politique de contenus de Facebook, Monika Bickert, avouait : « Il est très difficile d’apporter une réponse technologique à la violence en ligne. » Et de citer un exemple. « Certains mettront en ligne une photo d’un groupe terroriste pour soutenir son action, d’autres pour le condamner. Dans le premier cas, la photo sera supprimée, dans le second cas, il n’y a pas de raison de l’enlever », expliquait-elle alors.
Une ancienne vidéo montrant deux terroristes appelant au meurtre est ainsi passée de 7 à 15 millions de vues sur Facebook au cours du week-end. Aux internautes qui signalaient le contenu comme choquant, le réseau social a répondu qu’il ne contrevenait pas aux « standards de la communauté ». Avant de le rendre inaccessible en France… mais toujours visible à l’étranger.
Le débat rebondit donc alors que le dialogue est pourtant au plus haut entre les réseaux sociaux et les autorités. Des échanges réguliers ont lieu depuis janvier sur la manière d’améliorer la collaboration contre les réseaux terroristes (les demandes d’informations des autorités françaises auprès de Twitter ont plus que doublé ces six derniers mois et celles auprès de Facebook ont augmenté de 20 %). Des procédures simplifiées ont été mises en place pour que les forces de police ou de justice puissent saisir plus rapidement les géants du Net. « Le dialogue des derniers mois nous a fait gagner du temps ces dernières heures », indique-t-on chez l’un d’eux.
Les Echos 17/11/2015