Aujourd’hui en Allemagne

 Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

19 novembre 2015

 

  1. Les opérations hier à Saint-Denis font les gros titres de la presse : « des morts lors des perquisitions antiterroristes à Paris » (Frankfurter Allgemeine Zeitung) ; « grande perquisition contre des cellules terroristes en France » (Süddeutsche Zeitung) ; « des cellules terroristes planifiaient d’autres attaques » (Die Welt). Le Tagesspiegel estime que « l’Allemagne fait bloc face à la peur ». Le Handelsblatt met à sa Une le débat lancé par Wolfgang Schäuble sur le recours à la Bundeswehr pour des tâches de sécurité intérieure en Allemagne (« la Bundeswehr, secours d’urgence »).
  2. France/Europe

« L’UE réagit à la pression de Paris » (FAZ)

Sous ce titre, la FAZ publie un avant-papier factuel sur le conseil exceptionnel des ministres européens de l’Intérieur qui va se tenir demain à Bruxelles à la demande de la France.

La Süddeutsche Zeitung pour sa part revient sur l’invocation par la France de la clause d’assistance militaire prévue au Traité de Lisbonne pour constater que « la France était jusqu’ici la puissance militaire centrale en Europe, ce qui arrangeait bien ses partenaires. Mais le partage des tâches pourrait maintenant évoluer ». Le quotidien de Munich décrit dans le détail, carte de l’Afrique et du Moyen-Orient à l’appui, les différentes opérations extérieures françaises en soulignant qu’elles mobilisent plus de 7000 soldats français à l’étranger contre quelque 3000 soldats allemands actuellement en mission internationale. Sous le titre « Paris déplore le manque d’aide de l’Allemagne dans la lutte anti-terroriste », le tabloïd Bild évoque, sans les citer, des voix critiques de l’opposition française pointant le fait que la France soit « seule sur le front », et ajoute que ces critiques trouvent un écho chez certains députés de la grande coalition, tels Thomas Hitschler (SPD), qui juge que l’Allemagne devrait être disposée à s’engager militairement contre Daech, et Roderich Kiesewetter (CDU), lequel recommande l’envoi d’avions de reconnaissance allemands pour aider à identifier les cibles de les bombardements aériens. Dans une interview au Handelsblatt, Volker Perthes, chef du think tank allemand SWP, estime que « le monde est tellement interconnecté que nous devons nous engager. Cela veut dire aussi aider nos partenaires dans la région à lutter contre Daech ». Il préconise dans ce contexte davantage d’aide aux réfugiés, notamment aux enfants et aux jeunes, dans les foyers de crise, afin de les détourner de la radicalisation.

Quant à l’accueil des réfugiés en Europe, les attaques terroristes de Paris pourraient constituer un tournant dans la position française qui soutenait jusqu’ici sur le principe la politique de la chancelière allemande, commente la FAZ. « Si la France, le pays à la plus grande superficie en Europe, n’était plus non plus disposé à accueillir des réfugiés en nombre suffisant, l’Allemagne, l’Autriche et la Suède resteront pratiquement les seuls pays d’accueil en Europe. Daech aurait ainsi contribué aussi à renforcer la division de l’UE ».

  1. Allemagne

Attentats terroristes de Paris/risque sécuritaire pour l’Allemagne : « la Bundeswehr à la rescousse ? » (Handelsblatt)

Le Handelsblatt s’intéresse à l’idée lancée par le ministre des finances Wolfgang Schäuble (CDU) de mobiliser l’armée allemande en renfort des effectifs de police afin d’assurer la sécurité du territoire. Le quotidien souligne que si cette idée fait bondir l’opposition (SPD, Verts), plusieurs élus conservateurs la soutiennent. La Berliner Zeitung indique chancelière a toutefois rejeté la proposition et que, selon le porte-parole du gouvernement fédéral, le sujet n’a pas été abordé en conseil des ministres.

Annulation du match Allemagne-Pays-Bas

Le quotidien de Berlin souligne par ailleurs que Mme Merkel a défendu la décision prise par le ministre de l’intérieur d’annuler in extremis la tenue du match amical Allemagne-Pays-Bas en raison du risque terroriste. Si la presse approuve elle aussi majoritairement cette décision, les critiques se concentrent néanmoins une fois de plus sur Thomas de Maizière qui, interrogé sur les raisons qui ont conduit à cette décision, a refusé de fournir des explications au motif qu’« une partie des réponses susciterait l’inquiétude de la population ». Jugeant qu’il n’appartient pas au ministre de l’intérieur de « fabuler » sur les supposées craintes des Allemands, mais que son devoir est de rassurer, la Berliner Zeitung s’insurge contre un « paternalisme » de mauvais aloi. Le tabloïd Bild dit avoir eu connaissance du document ayant conduit les autorités allemandes à annuler le match. Sur la base de renseignements étrangers, ce document détaillerait des attaques simultanées sur le stade et une explosion à la gare.

L’ensemble de la presse évoque par ailleurs le congrès de la police fédérale qui s’est tenu hier à Mayence et fait état des estimations concordantes des responsables de la police et des services de renseignement qui jugent élevé le risque d’attentat terroriste en Allemagne.

Etude Allensbach : « une chancelière sans alternative » (FAZ)

Il ressort de la dernière étude Allensbach publiée par la FAZ qu’après dix années de gouvernement la chancelière a su gagner la confiance des Allemands qui ne lui voient pas d’alternative crédible. Si au lendemain de son élection, en novembre 2005, 39% des personnes interrogées ne croyaient pas qu’elle puisse devenir une forte personnalité politique, 62% estiment aujourd’hui qu’elle est un leader de premier plan et 56% qu’elle est une chancelière forte. Une large majorité se déclare également satisfaite de la politique menée par la chancelière ces dix dernières années. Pour 70% des personnes interrogées, en politique étrangère, la chancelière a fait du bon travail et en dépit du désaccord de certains avec sa politique migratoire (qui recueille l’adhésion de 32%), 60% déclarent ne pas entrevoir de meilleure alternative politique.

Transition énergétique : « les objectifs allemands fortement menacés » (Süddeutsche Zeitung)

La presse rend abondamment compte de la publication hier par le gouvernement fédéral du dernier volume d’une série de quatre rapports sur la transition énergétique en Allemagne qui estime que l’objectif de réduction de 40% des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2020 est « fortement menacé » si le rythme de réduction de ces émissions n’est pas rapidement triplé. La Süddeutsche Zeitung déplore que l’objectif des 40% de réduction des émissions « s’éloigne de plus en plus » et s’inquiète que l’Allemagne ne puisse finalement pas être « un modèle » de transition énergétique pour les autres Etats. Le Handelsblatt appelle le gouvernement allemand à faire de nouvelles propositions concrètes et diverses pour accélérer la transition énergétique du pays et à ne plus seulement se concentrer sur le secteur de l’électricité.

  1. International

Russie : « Poutine est de retour ! » (Die Welt)

Le rapprochement de la communauté internationale et de la Russie sur la question de la lutte contre Daech suscite de nombreux commentaires dans les journaux qui accueillent de manière diversifiée « la sortie de l’isolement » (Süddeutsche Zeitung) de Moscou. Pour la Süddeutsche Zeitung, le rapprochement entre la France et la Russie est « une forme d’apaisement » de la situation et peut être une véritable « chance », le journal de Munich estimant qu’une coordination plus forte entre la Russie, la France et la coalition internationale pourrait tracer la voie d’un « succès » contre Daech. Le quotidien juge également que ce rapprochement est « une grande opportunité pour la Russie qui pourrait ainsi se libérer de son isolement auquel elle a été poussée en raison de l’annexion de la Crimée et de son soutien aux séparatistes ukrainiens ». De même, Die Welt se réjouit de la multiplication cette semaine des réunions bilatérales avec Moscou. Le Tagesspiegel se montre pour sa part très sceptique sur le rapprochement entre l’Europe et la Russie dans la lutte contre Daech et craint que Moscou ne cherche qu’à « poursuivre ses propres intérêts en Syrie » et à maintenir Bachar el-Assad au pouvoir. Le quotidien alternatif de gauche tageszeitung considère également que Moscou « profite des actes terroristes » en espérant faire oublier son rôle dans la crise ukrainienne./.