Ceci n’est pas une bouteille

L’objet Chaque participant de la COP21 devrait recevoir un exemplaire du Gobi, un récipient « éco-conçu » et fabriqué en France qui veut révolutionner la façon de boire de l’eau

De for me épuré e, il contient 40 cl de liquide, pèse 200 g et mesure 21 cm de haut : des mensurations idéales pour tenir facilement dans un sac ou être posé sur un bureau. Son anse en forme de goutte d’eau est aussi pratique qu’élégante et un système de personnalisation breveté permet de le distinguer de tous les autres.

Transparent, facile à remplir et à nettoyer, donc réutilisable, il pourrait aisément être confondu av e c u n e s i m p l e gourde ou une banale bouteille en plastique. Mais le Gobi, puisque tel est son nom, est bien plus que cela. « C’est la première bouteille “éco-conçue” de fabrication 100  % française. Avec elle, nous avons voulu inventer une nouvelle façon de boire de l’eau » , s’enthousiasme Xavier Moisant, un des trois cofondateurs de la start-up Gobilab.

Le concept a en tout cas séduit les organisateurs de la COP21 qui ont commandé à la jeune entreprise innovante près de 36 000 unités de son produit pour les distribuer à chacun des participants de la conférence de Paris qui s’ouvre aujourd’hui.

« Si tous adoptent le Gobi durant les onze jours que durera l’événement, cela permettra d’économiser des centaines de milliers de gobelets et de bouteilles jetables et de réduire ainsi de 70 % les impacts générés par la consommation d’eau » , poursuit Xavier Moisant.

Pour ses concepteurs, cette commande est une vraie reconnaissance du travail accompli depuis le lancement de leur entreprise en 2010. « Nous avons fait un travail de recherche et de développement très poussé pour produire cette bouteille d’une grande exigence en matière de performance environnementale et de sécurité sanitaire » , précise Samuel Degrémont, autre initiateur du projet. « Un salarié utilise environ 650 gobelets par an pour un coût évalué entre 15 et 80 €. Le

G obi évite ce gaspillage et permet de réduire de 3  kg les émissions de CO par personne chaque année » , poursuit-il.

D e m ê m e, s i l e s consommateurs de bouteilles jetables optaient pour le Gobi rechargeable, ils permettraient de réduire de 219 000 tonnes le poids des déchets en plastique produits chaque année en France. Et favoriseraient du même coup le « made in France », puisque le

Gobi est fabriqué par une PME familiale d’Île-de-France, Microplast, avant d’être assemblé dans un Ésat (établissement et service d’aide par le travail) par des travailleurs handicapés.

Déjà plus de 700 entreprises, collectivités et organisations ont adopté le Gobi en Europe et 200 000 exemplaires sont en circulation. Sa présence à la COP21 devrait encore dynamiser un succès commercial qui ne se dément pas depuis son lancement en 2011.

« Mais notre plus grande fierté sera de porter l’innovation durable française dans le cadre d’un événement international aussi important » , souligne Florence Baitinger, troisième de l’équipe de Gobilab. Et si, avant d’être une bouteille pratique et jolie, le Gobi était un signe que le changement est possible ?

La croix 30/11/2015