Des travaux récemment publiés montrent l’impact des dérèglements climatiques sur la forêt, l’océan et les catastrophes naturelles.
Catastrophes climatiques : 30.000 morts par an
Les études scientifiques s’amoncellent, les rapports alarmistes s’accumulent… Alors que l’Organisation météorologique mondiale (OMM) a annoncé mercredi dernier que l’année 2015 sera « très probablement la plus chaude jamais enregistrée », l’Onu, dans un nouveau rapport publié il y a une semaine, a rendu public un terrible bilan. Celui du nombre de vies humaines fauchées en l’espace de deux décennies par les catastrophes climatiques, dont plus aucun climatologue ne doute qu’elles sont rendues plus fréquentes et violentes par l’élévation des températures. Conclusion : depuis 1995, date de la première conférence de l’Onu sur le climat (COP1), les catastrophes climatiques ont fauché 606.000 vies, soit en moyenne 30.000 par an. Près de 90 % des victimes vivaient dans les pays pauvres (Chine et Inde en tête, mais aussi Bangladesh, Philippines, Thaïlande…). Ce sont les tempêtes qui se sont révélées les plus meurtrières (242.000 morts), suivies des températures extrêmes (164.000 morts) et des inondations (157.000 morts). Ces dernières représentent 47 % des catastrophes climatiques survenues depuis vingt ans.
La montée des océans
Alors que la moitié de la population humaine vit dans une bande côtière de 150 kilomètres de largeur, la montée du niveau des mers constitue l’un des symptômes les plus aigus du dérèglement climatique. Provoquée par la conjugaison de la dilatation des océans due à leur réchauffement et de la fonte des glaces, cette élévation inexorable, qui se produit actuellement au rythme de 3 millimètres par an, va potentiellement bouleverser des milliards d’existences dans les années à venir : fin août, la Nasa a annoncé qu’une montée des océans d’au moins 1 mètre était inévitable dans les cent à deux cents prochaines années, la seule incertitude portant sur le rythme de ce phénomène. Tokyo, Miami, Singapour… : nombre de nos plus grandes et prospères mégalopoles situées en bord de mer courent au siècle prochain de graves dangers, a averti l’agence spatiale américaine.
Les forêts s’essoufflent
Autre écosystème clef pour lequel de récentes études sont venues fournir de nouvelles données préoccupantes : la forêt. Et notamment l’Amazonie, ce poumon vert de la planète… qui s’essouffle dangereusement. Le 20 novembre, une étude publiée dans la revue « Science Advances » a indiqué qu’au moins 36 % des 15.000 espèces d’arbres que compte la deuxième plus grande forêt du monde (derrière la taïga) sont menacées d’extinction par la déforestation. Encore n’est-ce là que le bas de la fourchette ; dans le pire des cas, cette proportion s’élève à 57 %. Mais la déforestation n’est pas le seul danger qui menace cette forêt tropicale. Conséquences probables du réchauffement, les sécheresses répétées qu’a connues le bassin amazonien, ces dernières années, la fragilisent également : une autre étude parue, quelques mois plus tôt, dans « Nature » avait montré que le taux de mortalité des arbres y avait augmenté d’un tiers, avec pour conséquence directe une moindre capacité de l’Amazonie à absorber le dioxyde de carbone par photosynthèse et donc… un emballement de ce même réchauffement. Un exemple parmi d’autres de ces « boucles de rétroaction positive » bien connues des climatologues, où cause et effet s’autoentretiennent et se renforcent mutuellement.
Les Echos 30/11/2015