Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

1er décembre 2015

 

  1. L’ouverture de la COP21 et le discours prononcé à cette occasion par le président de la République font les gros titres de la plupart des quotidiens : « c’est l’avenir de la planète qui est en jeu » (Süddeutsche Zeitung), « les participants au sommet misent sur les bonnes chances de succès des négociations climatiques » (Frankfurter Allgemeine Zeitung), « c’est la question de l’avenir de l’humanité qui se joue» (Die Welt), « Hollande : il en va de la paix » (Tagesspiegel).
  2. Allemagne

Rejet par Hambourg des Jeux Olympiques de 2024 : « la chancelière regrette la décision » (FAZ)

La presse revient sur l’issue du référendum qui s’est tenu dimanche à Hambourg, lors duquel le non l’a emporté avec 51,6% contre 48,4% de votes favorables à l’organisation des Jeux Olympiques de 2024. Soulignant que cette décision intervient deux ans après celle également négative de Munich pour l’organisation des JO d’hiver de 2022, la presse relaie la déception exprimée par les milieux sportifs et les responsables politiques et s’attarde sur les facteurs qui ont pu contribuer à une telle issue : certainement le coût financier du projet, mais aussi le contexte de la crise des réfugiés, le scandale de la FIFA, qui a aussi largement éclaboussé la fédération allemande de football, et enfin les attaques terroristes survenues à Paris.

  1. Europe

Plan d’action commun UE-Turquie : « un arrière-goût amer » (tageszeitung)

La presse publie à nouveau des commentaires critiques sur l’accord conclu entre l’Union européenne et la Turquie lors du sommet consacré à la crise migratoire. La Frankfurter Allgemeine Zeitung doute de la réelle volonté d’Ankara d’endiguer l’afflux de réfugiés syriens vers l’Europe, d’autant, souligne le journal, que le document final n’engage la Turquie qu’à « mettre de l’ordre dans les flux migratoires ». Le quotidien alternatif tageszeitung déplore que l’UE fasse les plus larges concessions à Ankara depuis des années au moment même où la Turquie glisse vers l’autocratisme et musèle la liberté d’opinion. Le Handelsblatt voit également ce rapprochement d’un œil critique, « compte tenu du fait que la commission européenne a dernièrement, dans son rapport sur l’avancée des négociations d’adhésion, mis au pilori les restrictions dramatiques des droits civils en Turquie ». Pour le quotidien économique, même si la Turquie est un partenaire privilégié de l’UE sur les plans stratégique et de sécurité comme sur le plan économique, elle n’a pas sa place dans l’UE, déjà dépassée par ses propres problèmes et la gestion d’une entité à 28 Etats disparates : « personne ne peut vouloir aujourd’hui y ajouter un nouvel Etat membre fort d’une population de 75 millions de musulmans, cela modifierait tellement les équilibres et les valeurs de l’Union que son fonctionnement et son acceptance en seraient menacés ».Le Handelsblatt recommande de mettre à profit la nouvelle dynamique de dialogue bilatéral pour trouver une issue réaliste aux négociations d’adhésion et développer un « partenariat d’exception ».

  1. International

Lutte contre Daech/entretien du ministre allemand des affaires étrangères avec Bild

Dans un entretien au tabloïd Bild, M. Steinmeier (SPD) réaffirme la solidarité de l’Allemagne avec la France tout en insistant sur sa « conviction » que l’on ne saurait vaincre le terrorisme seulement au moyen de bombes et de missiles, mais qu’il faut une solution politique. A la question de savoir si le recours à l’armée syrienne pour lutter au sol contre Daech revient à « nouer un pacte avec le diable », le ministre répond que « si personne dans le gouvernement fédéral n’a oublié les crimes horribles dont Assad s’est rendu responsable, il n’en reste pas moins que tant que les parties syriennes sont occupées à se battre entre elles, Daech tire son épingle du jeu ».

Par ailleurs, plusieurs journaux relèvent les maladresses de communication de la ministre fédérale de la défense. Interrogée dimanche par la télévision publique ZDF, Ursula von der Leyen (CDU), avait évoqué la possibilité de coopérer avec des « parties de l’armée syrienne », omettant de préciser, selon le porte-parole du ministère de la défense qui a rectifié le tir hier, que ceci s’appliquait au processus de transition politique destiné à éviter l’effondrement des structures étatiques de la Syrie et non au combat militaire contre Daech.

Plusieurs journaux saisissent l’occasion de ce « malentendu » pour critiquer l’attitude du gouvernement fédéral qui « s’est laissé entraîner dans une aventure à l’issue incertaine »,  (Die Welt) et n’apparaît pas en mesure de « clarifier ses intérêts » ou de « définir les objectifs de sa mission ». Au-delà, la presse (Bild) met en garde contre toute tentation de coopération avec Assad au nom de la lutte contre Daech. « Tant qu’Assad gouverne à Damas et utilise ses troupes pour préserver son pouvoir au moins sur une partie de la Syrie, tout recours aux troupes en question pour lutter contre Daech s’avère impossible », juge ainsi la FAZ.

COP21 : « Hollande : il en va de la paix » (Tagesspiegel) – « Hollande : il en va de l’avenir de la planète » (Süddeutsche Zeitung)

L’ouverture de la COP21 fait les gros titres de nombreux journaux qui rendent largement compte des déclarations du président de la République. A l’instar de la Süddeutsche Zeitung, tous les quotidiens relèvent qu’il a affirmé, devant 151 chefs d’Etat et de gouvernement présents, qu’ « il en va de la paix » et « de l’avenir de la planète » de lutter contre le dérèglement climatique et d’aboutir à un accord à Paris. La presse met également en avant les propos de la chancelière qui a appelé les Etats parties à ne pas décevoir les attentes de millions d’individus et à « négocier un accord ambitieux, juste et contraignant ». La FAZ souligne toutefois qu’Angela Merkel a estimé que les 183 contributions nationales déjà publiées ne suffiraient pas à atteindre l’objectif des 2 degrés. Le Tagesspiegel ajoute que la chancelière a également indiqué que le réchauffement mondial ne pourrait être maintenu en deçà de 2 degrés que si l’on parvient à « décarboniser l’économie mondiale » au cours du siècle. Le quotidien de Berlin note que les associations allemandes de défense du climat (Bund, Greenpeace, WWF) ont cependant regretté que la chancelière n’ait pas davantage pris position dans son discours sur la sortie du charbon en Allemagne.

Dans leurs comptes rendus et commentaires, les quotidiens saluent les nombreux appels des chefs d’Etat et de gouvernement à renforcer la lutte contre le dérèglement climatique et s’interrogent sur leur concrétisation dans le texte de négociation. La Süddeutsche Zeitung se réjouit que la France et l’Inde aient d’ores et déjà abouti à un nouvel accord sur l’énergie solaire. Seule Die Welt se montre ce matin critique à l’égard de la conférence, accusant les Nations unies de « mettre en scène en grande pompe la conférence climatique comme l’heure décisive de l’humanité » alors que « Paris symbolise plutôt la perte d’influence de la politique climatique de l’ONU ». Pour le journal la solution aux problèmes climatiques demeure « l’élargissement du marché global des émissions »./.