Synthèse de la presse quotidienne
Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne
15 décembre 2015
- L’accueil triomphal réservé au discours de la chancelière lors du congrès de son parti fait les gros titres de la presse: « Mme Merkel reconquiert la CDU » (Süddeutsche Zeitung) ; « Mme Merkel dompte la CDU » (tageszeitung). Plusieurs journaux citent en Une le discours de la chancelière : « on va arriver [à gérer la crise des réfugiés] parce que l’Allemagne est forte » (Frankfurter Allgemeine Zeitung) ; « nous pouvons réaliser les plus grandes choses » (Tagesspiegel) ; « ce qui définit l’Allemagne, c’est que nous pouvons réaliser les plus grandes choses » (Die Welt). Le quotidien économique Handelsblatt titre pour sa part sur la lutte contre la corruption en Chine se demandant si c’est « le droit ou l’arbitraire » qui y est à l’œuvre.
- Allemagne
Congrès fédéral de la CDU / Merkel : « ce qui définit l’Allemagne, c’est que nous pouvons réaliser les plus grandes choses » (Die Welt)
L’ensemble des journaux mettent en exergue le fort soutien de la CDU à la politique migratoire défendue par la chancelière dont le discours de plus d’une heure a été applaudi pendant près de dix minutes par les 1 000 délégués de la CDU réunis à Karlsruhe. « Ovation pour la chancelière », souligne Die Welt ; la Süddeutsche Zeitung parle du « triomphe de Merkel », mais le Handelsblatt veut voir dans cette opération de reconquête avant tout une « victoire d’étape » car en dépit de l’unité affichée hier, les critiques et interrogations restent fortes au sein du parti. « La révolution n’aura pas eu lieu », constate la Berliner Zeitung pour qui le discours « enflammé » de la chancelière hier est l’un des meilleurs qu’elle a prononcés jusqu’ici. En plaçant le défi que constitue la crise des réfugiés, principal sujet de son intervention, sur un même plan que la reconstruction de l’Allemagne après-guerre et la réunification, elle en a appelé à l’honneur des conservateurs, souligne le quotidien. Se réjouissant d’un discours qui a su mêler force, sentiment et conviction, le tabloïd Bild estime que la crise migratoire, bien que de dimension européenne, marquera le « rendez-vous de la chancelière avec l’histoire ». Si elle parvient à résoudre cette crise sur le plan intérieur tout en préservant l’unité de l’Europe, alors elle se hissera à la hauteur de ses prédécesseurs Konrad Adenauer, Ludwig Erhard et Helmut Kohl, fait valoir le journal. L’arrivée en Allemagne de plus d’un million de réfugiés constitue le plus gros défi depuis la réunification et la manière dont ce défi sera relevé décidera de ce que l’histoire retiendra du mandat de la chancelière, souligne également la Süddeutsche Zeitung. « Que l’on considère la politique migratoire de la chancelière ambitieuse ou aventureuse, le fait est qu’elle dispose maintenant du plein soutien de son parti », observe Die Welt pour qui l’Allemagne garde le cap au centre d’une Europe en proie à des tiraillements internes, que ce soit en France avec la percée du Front National, en Pologne sous l’impulsion de la droite conservatrice ou ailleurs. Critique, la FAZ reproche à la chancelière sa « naïveté » et lui reproche de ne pas se préoccuper de la manière dont l’Allemagne va devoir surmonter le coût de la crise migratoire. Sous le titre « l’avenir refoulé », le Handelsblatt déplore lui aussi l’absence de débat sur les objectifs et les moyens. Le journal note également qu’alors que 2015 avait été décrété « année de l’économie » par la CDU en janvier dernier, l’avenir économique du pays a à peine été évoqué.
- Europe
Entretien du MAE polonais avec la Berliner Zeitung : « fissure entre l’Allemagne et la Pologne »
Dans un entretien à la Berliner Zeitung, le ministre polonais des affaires étrangères critique la politique migratoire de l’UE. Selon lui, il n’y a « ni programme, ni procédure visant à répartir les réfugiés » et l’UE a commis l’erreur de ne pas distinguer entre réfugiés et migrants économiques en quête d’un meilleur avenir. « Des Syriens qui fuient en Turquie y bénéficient du statut de réfugié, souligne-t-il, mais dès lors qu’ils quittent la Turquie pour un pays de l’UE, ils perdent ce statut et deviennent des migrants économiques. Il fait valoir en outre que l’on ne saurait reprocher à son pays, qui vient en aide à « un million d’Ukrainiens plus ou moins légalement installés en Pologne », de manquer de solidarité. Affirmant vouloir de bonnes relations avec l’Allemagne, il appelle à davantage de compréhension de la part de Berlin pour le stationnement en Pologne d’unités de l’OTAN et reproche au gouvernement fédéral de se soucier davantage des intérêts de la Russie que des intérêts de la Pologne en matière de sécurité.
« Et que deviennent les Grecs ? » (Bild)
«Tsipras achève sa première année au pouvoir comme il l’a commencé : en trichant », répond le tabloïd Bild, lequel, comme toute la presse allemande, affiche, quelle que soit l’actualité, une vigilance constante sur la manière dont le Premier ministre grec met en œuvre les engagements pris auprès des créanciers internationaux lors de l’accord sur le troisième plan d’aide. Alexandre Tsipras espère faire adopter aujourd’hui son nouveau plan de réformes par sa majorité vacillante, condition pour que l’Eurogroupe donne son feu vert demain au versement d’une nouvelle tranche d’aide, rapporte le Handelsblatt. Bild critique le report à janvier du vote sur la réforme des retraites et croit savoir que le Premier ministre grec a repoussé également deux autres projets de loi pour ne pas risquer un échec au parlement. Les journaux évoquent par ailleurs l’aboutissement hier du projet de privatisation de 14 aéroports régionaux grecs, repris par un consortium germano-grec mené par la société d’exploitation de l’aéroport de Francfort Fraport.
- International
COP21 / « l’Allemagne précise sa sortie du charbon » (Berliner Zeitung)
Plusieurs articles continuent de mentionner les réactions à l’adoption de l’accord de Paris lors de la COP21. La Frankfurter Allgemeine Zeitung relève que les médias internationaux ont rendu très largement compte des résultats de la conférence de Paris, mais avec un optimisme variable selon les pays. Le quotidien de Francfort retient particulièrement la « célébration » de l’adoption de l’accord en Chine et en Inde, mais souligne que celui-ci n’a pas suscité beaucoup de réactions dans le monde arabe.
Sur le plan national, les quotidiens mettent en avant l’annonce hier par la ministre fédérale de l’Environnement, Barbara Hendricks, de la présentation par le gouvernement allemand d’ici l’été 2016 d’un plan de sortie du charbon à l’horizon 2050. Le quotidien alternatif de gauche tageszeitung se réjouit que la ministre n’ait pas voulu perdre de temps après la COP21 et ait décidé de présenter rapidement de nouvelles mesures. La Berliner Zeitung souligne pour sa part que B. Hendricks a insisté sur l’importance du dialogue avec les industries et les communes pour réduire l’utilisation des énergies fossiles.
- France
Second tour des élections régionales
Les comptes rendus et commentaires sont toujours abondants sans toutefois apporter de nouvel éclairage par rapport aux analyses précédentes. Les correspondants de la presse allemande à Paris font le constat de partis politiques peu portés sur le triomphalisme au lendemain de l’échec du FN : « La France en liesse ? On en est loin ! », titre ainsi Die Welt tandis que la tageszeitung (taz) relève un « soulagement de façade à Paris » et que la Berliner Zeitung souligne que « les partis sont insatisfaits malgré la défaite du FN ». La Frankfurter Allgemeine Zeitung met en exergue les querelles intestines qui déchirent la direction des Républicains « divisés sur la manière d’appréhender le FN ». « Les Républicains de Sarkozy ne savent plus où ils en sont après le scrutin », confirme la Süddeutsche Zeitung, observant par ailleurs une même désorientation chez les socialistes, où « le succès est sans joie, la grande débâcle est évitée mais le résultat reste un coup de semonce ».
Les médias restent perplexes face à un système électoral permettant à un parti « d’engranger un résultat record tout en ratant la victoire » (Tagesspiegel). Le Front national a enregistré « le meilleur score de toute son histoire », souligne également le Handelsblatt. « Au terme de ce scrutin, la France reste un pays politiquement partagé en trois partis », analyse la FAZ en ajoutant : « le FN semble désormais pouvoir compter durablement sur presque 30% de l’électorat français ». Observant qu’un nombre croissant d’électeurs du FN ne pratiquent plus un vote protestataire mais sont réellement séduits par le programme anti-libéral de l’extrême-droite, « emprunté à l’extrême-gauche et bâti sur la mouvance anti-capitaliste beaucoup plus ancrée en France que dans bien d’autres pays », le correspondant économique de la FAZ estime que « la France est menacée de paralysie », le résultat du scrutin risquant de décourager le gouvernement socialiste de poursuivre sur la voie des réformes économiques./.