La voiture autonome séduit plus de 50 % des conducteurs

Selon l’Observatoire Cetelem, les Chinois se révèlent plus « technophiles » que les Américains ou les Français.

À 90 %, les automobilistes chinois se disent prêts à acheter une Google Car ou une Apple Car. Aux États-Unis, pays d’origine des deux géants des nouvelles technologies, la donne est différente : seuls 27 % des conducteurs se déclarent favorables à l’achat d’un véhicule qui serait conçu par Apple ou Google. Quant aux Français, ils sont 37 %. C’est l’un des enseignements d’une étude de l’Observatoire Cetelem, cellule de veille économique de la filiale de BNP Paribas, menée sur le rapport des automobilistes avec la voiture autonome et connectée.

Principal enseignement : «Les automobilistes sont prêts pour la voiture autonome », juge Flavien Neuvy, directeur de l’Observatoire Cetelem. Plus de 8 500 d’entre eux ont été interrogés dans 15 pays, représentant 75 % des immatriculations dans le monde. Et ils sont 55 % à se déclarer prêts à lâcher le volant dans une voiture autonome. « C’est important quand on sait que ces voitures ne sont pas encore vendues et que des incertitudes en termes de fiabilité ou de responsabilité existent encore », détaille Flavien Neuvy. Bien évidemment, ils sont 75 % à penser que cette technologie deviendra une réalité, en moyenne d’ici à 6,6 années.

La dernière marche sera difficile

Cette vision de celui qui tient le volant est rarement mise en avant pour ce qui concerne la voiture autonome. Habituellement, les constructeurs et leurs équipementiers parlent de technologies, depuis les capacités à gérer les distances et rester sur une voie des voitures actuelles jusqu’à la capacité de doubler ou de s’insérer dans une file des voitures de demain. « La plupart des technologies sont prêtes, mais c’est la dernière marche qui sera plus difficile à franchir », prévient Éric Champarnaud, associé au Bipe, société de conseil.

L’automobiliste est donc prêt. Le second enseignement de l’étude de l’Observatoire Cetelem est que la perception est différente selon les pays. « Il existe une réelle différence entre les pays qui disposent d’une industrie automobile installée et les nouveaux pays de la voiture », analyse Flavien Neuvy. La différence entre la volonté d’acheter une Apple Car de la part d’un conducteur américain et chinois vient de là. Et elle se vérifie à de nombreux niveaux. C’est ainsi que les Chinois sont 91 % à se dire prêts à lâcher le volant, quand les Américains ne sont que 32 % et les Français 41 %.

Cette appétence pour le changement dans les nouveaux pays, qui sont ceux affichant également la plus forte progression des ventes de nouveaux véhicules, est surtout importante pour tous les acteurs nouveaux. En France ou en Allemagne, plus de 70 % des conducteurs jugent que les constructeurs actuels sont les plus légitimes à faire évoluer la voiture traditionnelle vers le futur véhicule autonome. En Chine, les constructeurs sont 55 % à recueillir une opinion positive, quand les spécialistes des nouvelles technologies sont jugés légitimes à plus de 60 %. Leur succès dans le monde de l’automobile pourrait passer par ces pays émergents. E. E.

Le Figaro 18/12/15