Synthèse de la presse quotidienne
Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne
21 décembre 2015
- Le résultat des élections législatives en Espagne fait les gros titres de la presse allemande ce matin : « lourdes pertes pour les conservateurs en Espagne » (Süddeutsche Zeitung) ; « pertes élevées pour les conservateurs en Espagne » (Frankfurter Allgemeine Zeitung) ; « défaite électorale pour les conservateurs en Espagne » (Tagesspiegel). Die Welt, sur la base d’une enquête, estime que « les entrées incontrôlées sur le territoire représentent un danger pour la sécurité de l’Etat ». La tageszeitung titre sur le projet de réactivation d’une centrale nucléaire belge à 70 km d’Aix-la-Chapelle et sur les appels des élus de Rhénanie du Nord-Westphalie à une intervention de Mme Merkel auprès du gouvernement belge pour empêcher ce projet. Le Handelsblatt, sous le titre « les Chinois arrivent », publie une interview de Li Keping, patron de China Investment Corporation, qui veut investir massivement dans les PME allemandes.
- Allemagne
« Quand des terroristes se mêlent aux réfugiés » (Die Welt)
« Des hauts responsables de la police mettent en garde contre le risque que représente en termes de sécurité l’entrée incontrôlée de réfugiés sur le territoire », rapporte DIe Welt qui relaie les mises en garde de deux syndicats de la police et évoque un courrier en ce sens adressé à la chancelière, début décembre, dans lequel il était question des lacunes du dispositif de contrôle à la frontière germano-autrichienne. Dans son édition dominicale, Die Welt faisait en outre état du fait que Daech serait en possession de plusieurs dizaines de milliers de vrais passeports syriens, irakiens et libyens.
« Lutte de pouvoir au sein de l’AfD » (Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung)
L’ensemble de la presse évoque les dissensions internes auxquelles est à nouveau en proie le parti populiste AfD, actuellement crédité de 10,5% d’intentions de vote. Ces dissensions font suite au rappel à l’ordre de Björn Höcke, président de la fédération de Thuringe, sommé par les instances fédérales du parti de s’expliquer pour des propos racistes. Alors que les instances fédérales se sont prononcées contre son exclusion, la présidente de l’AfD, Frauke Petry, l’a incité à démissionner. « Le fait que Frauke Petry n’ait pas réussi à imposer des mesures disciplinaires contre Björn Höcke est interprété par l’aile droite du parti comme un affaiblissement de la présidente », soulignent les journaux.
Si pour le quotidien tageszeitung, le cas Höcke est « emblématique du dilemme dans lequel se retrouve l’AfD », prise en étau entre un courant majoritaire ultra-conservateur et une aile droite nationaliste et xénophobe, le Tagesspiegel estime que le débat autour de Höcke n’est en réalité qu’une façade car « ce qui a débuté par une critique en demi-teinte de l’euro, prospère actuellement sur fond de xénophobie » et compte en son sein de nombreux populistes xénophobes dont il a absolument besoin pour exister.
- Europe
Elections en Espagne : « L’ancien système s’effondre » (Süddeutsche Zeitung)
Les premières réactions éditoriales prennent acte de la montée en puissance des deux nouveaux partis du paysage électoral espagnol. Elle « marque la fin du système bipartite ayant dominé pendant 40 ans le pays », les électeurs ayant sanctionné les conservateurs comme les socialistes responsables par le passé de grands scandales de corruption et donné leur voix « à deux partis jeunes et dynamiques pour imposer la transparence et démanteler les réseaux corrompus », analyse la Süddeutsche Zeitung. « Les électeurs espagnols ont infligé à leurs dirigeants politiques une grande leçon de démocratie », estime également Die Welt, « ces deux partis ont réussi en un temps record à s’imposer dans les débats politiques et à acculer les partis traditionnels, en thématisant les vrais problèmes des Espagnols : chômage, manque de perspective des jeunes, corruption. (…) c’est un succès pour la culture politique et la conscience démocratique du pays, ils ont appris aux jeunes que cela vaut le coup d’exprimer ses inquiétudes, de débattre avec ses adversaires, de s’engager et de faire bouger les lignes. Pour un pays encore sous le régime de la dictature il y a 40 ans, c’est une étape importante », écrit Die Welt. Pour autant, c’en est fini du partenaire européen arrangeant à Madrid, quelle que soit la constellation qui pourrait former une coalition, Bruxelles et Berlin vont devoir composer avec une Espagne plus difficile, observe encore le journal conservateur. Pour la Süddeutsche Zeitung, le scrutin a montré que l’Espagne restait « profondément européenne ».
« Manifestations massives en Pologne » (Süddeutsche Zeitung)
Tout en s’inquiétant du caractère ouvertement autocratique du nouveau gouvernement polonais et de la rapidité avec lequel celui-ci exerce une nouvelle main-mise sur l’appareil d’Etat, les éditorialistes allemands estime que la Pologne pourrait être préservée d’une « orbanisation » à la hongroise de sa société par sa population vive à réagir aux menaces sur ses libertés individuelles. « En Hongrie, il a fallu trois ans pour que les manifestants descendent en grand nombre dans la rue, en Pologne moins de trois semaines pour que 50 000 personnes crient leur colère devant le parlement », se rassure la Süddeutsche Zeitung en soulignant les profondes différences historiques et sociales entre les deux pays. « La Pologne est menacée de division, mais la conscience démocratique de nombreux Polonais et les structures de l’UE pourraient empêcher le pire », considère également Die Welt. Sur le plan européen, « la Pologne est pour la chancelière fédérale une sorte de galop d’essai des relations qui pourraient devoir s’instaurer avec les Pays-Bas ou la France si les populistes gagnaient en 2017 », observe Die Welt dans un autre commentaire, « continuer le dialogue et les relations politiques malgré les tensions émotionnelles est aussi important que de résoudre la crise des réfugiés pour l’action européenne de l’Allemagne ».
Conseil européen
Trois éléments ont dominé la couverture du dernier conseil européen dans la presse allemande : le relatif succès auprès de ses partenaires européens de l’offensive de David Cameron en faveur de réformes de l’UE (« Exercice d’équilibriste sur la ligne rouge : les Etats européens se montrent conciliants, David Cameron peut être satisfait », FAZ), la Süddeutsche Zeitung et la taz relevant toutefois des divergences de langage entre Berlin et Paris sur la question d’une modification des traités européens ; le renforcement des attributions de l’agence européenne Frontex ; et enfin l’opposition de plusieurs Etats membres au projet de gazoduc germano-russe Nord Stream 2, la Süddeutsche Zeitung soulignant notamment la sortie du président du Conseil italien, Matteo Renzi, contre Angela Merkel (« on ne peut pas à la fois être en faveur d’un prolongement des sanctions contre la Russie et faire des affaires avec Moscou »). Le sujet divise la grande coalition, rapporte le Tagesspiegel, Sigmar Gabriel défendant le projet de gazoduc tandis que dans une interview à la FAS, le président de la commission des Affaires étrangères du Bundestag Norbert Röttgen (CDU), le juge « contraire aux objectifs européens en matière de politique de sécurité ».
- International
Contacts du BND avec le régime d’Assad
En écho à l’article publié vendredi par le tabloïd Bild selon lequel les services allemands de renseignement (BND) travailleraient de nouveau avec les services secrets du régime syrien, la presse évoquait ce week-end le silence du gouvernement fédéral qui « ne souhaite pas fournir d’informations » (tageszeitung), « n’indique pas officiellement jusqu’où les services du BND peuvent aller » (Tagesspiegel) et devrait se prononcer l’année prochaine sur l’éventualité d’un stationnement durable d’agents du BND dans la capitale syrienne (tageszeitung)./.