Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

24 décembre 2015

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. Comme le veut la tradition, le message de Noël du président fédéral est relayé à la une de plusieurs quotidiens : « Gauck : nous relèverons les défis » (Frankfurter Allgemeine Zeitung), « Gauck loue les Allemands » (Berliner Zeitung), « la révolution de l’empathie – le président fédéral et l’Eglise évangélique rendent hommage à l’engagement des Allemands pour les réfugiés » (Tagesspiegel). Sous le titre « le 24 décembre en uniforme », la Süddeutsche Zeitung décrit des forces de police travaillant aux limites de leurs capacités en raison de l’afflux de réfugiés et du risque terroriste, situation que le journal met au compte de la politique d’austérité suivie depuis plusieurs années par le Bund et les Länder. L’adoption d’une loi très controversée sur le tribunal constitutionnel polonais et les appels de Lech Walesa à un référendum en vue de la tenue d’élections anticipées figurent également en bonne place en première page des journaux (FAZ, Tagesspiegel).
  2. Allemagne

Crise des réfugiés/message de Noël du président fédéral

L’ensemble de la presse évoque le message que le président fédéral délivrera demain sur les écrans télévisés, Die Welt en publiant une version raccourcie. Les journaux notent que Joachim Gauck revient dans son allocution sur les événements marquants de l’année 2015 : les attentats terroristes, la guerre (en Ukraine, en Syrie, en Afghanistan), le crash de la Germanwings, les divergences qui se sont accrues au sein de l’Union européenne, mais aussi et surtout la crise migratoire. La FAZ relève à ce propos que le président fédéral met en garde contre toute polarisation, soulignant que « la violence et la haine ne sont pas les moyens du dialogue » et que d »es attaques visant des personnes sans défense et des pratiques incendiaires méritent notre mépris et doivent être sanctionnées ». Plusieurs quotidiens relèvent tout particulièrement l’hommage rendu par le président fédéral à ses compatriotes pour l’aide qu’ils ont su apporter et notent qu’il qualifie la crise des réfugiés de « particulièrement grand défi ». Dans un commentaire, la Süddeutsche Zeitung note les différences de ton entre la chancelière et le président fédéral, relevant notamment que Joachim Gauck n’a jamais fait sienne la devise d’Angela Merkel (« nous allons y arriver »). De l’avis du quotidien, le message qu’il adresse à l’occasion des fêtes de Noël aux Allemands reflète lui aussi l’optimisme et la confiance mesurés qu’il a dans le pays à surmonter le défi migratoire.

« Lancement d’une vaste étude sur les réfugiés » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)

Sous ce titre, la FAZ indique que des fonctionnaires fédéraux et des chercheurs ont lancé une initiative visant à recueillir d’ici la fin de l’année 2016 des informations précises sur la situation des réfugiés vivant en Allemagne, notamment au regard de leurs connaissances et de leur niveau de qualification, mais aussi quant à leur acceptation des valeurs occidentales. Plusieurs instituts vont participer à cette étude pour laquelle au moins 2 000 réfugiés seront interrogés.

  1. Europe

Pologne : « l’UE doit intervenir » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)

L’adoption dans la précipitation par le parlement polonais d’une loi controversée entravant l’indépendance du Tribunal constitutionnel suscite des commentaires alarmistes dans la presse, qui relève les vives critiques émises par le ministre des Affaires étrangères du Luxembourg et des dirigeants du SPD et de la CDU. Die Welt note que les évolutions en Pologne sont accueillies avec de grandes réserves par le gouvernement fédéral, qui, selon son porte-parole, « est intéressé à une poursuite de l’étroite coopération bilatérale et à un dialogue avec le nouveau gouvernement ». Le Tagesspiegel indique que l’ancien président polonais Lech Walesa a appelé à un référendum sur la tenue d’élections anticipées.

Dans un entretien à l’hebdomadaire Spiegel, le président polonais Andrzej Duda estime les craintes d’un démantèlement de l’Etat de droit infondées et veut pour preuve de la vitalité de la démocratie le fait que les manifestations massives des opposants au nouveau gouvernement aient pu se tenir sans intervention des forces de l’ordre. Interrogé sur la place de la Pologne dans l’UE, il souligne que le nouveau gouvernement veut mener une politique « résolument pro-européenne » et juge que reprocher à la Pologne une politique anti-européenne n’a pas lieu d’être : « ce sont plutôt certains dirigeants politiques occidentaux qui veulent restreindre la libre circulation en Europe et sapent ainsi des fondements essentiels de l’UE ». Le président polonais rappelle également que la Pologne soutient le plan européen de répartition des réfugiés, mais que la plupart d’entre eux veulent à tout prix passer en Allemagne. S’agissant des relations avec l’Allemagne, il déplore un manque de solidarité, le projet de gazoduc germano-russe Nord Stream 2 allant contre les intérêts de la Pologne. Il critique dans ce contexte le fait que l’Allemagne, comme ses partenaires européens, se montre conciliante avec la Russie en raison de l’implication de cette dernière en Syrie et néglige d’être vigilante sur le dossier ukrainien. Il appelle au maintien des sanctions contre la Russie tant qu’une paix durable ne se sera pas installée en Ukraine.

Dans ses commentaires, la presse pousse l’Union européenne à réagir. La FAZ craint « le pire » pour la démocratie polonaise et juge que les nouveaux dirigeants ont floué les électeurs : « si le PiS avait annoncé la couleur, il n’aurait pas eu de majorité ». Pour le quotidien, l’UE doit intervenir et examiner au plus vite si la nouvelle loi est conforme au droit européen. Estimant que « le Rubicon a été franchi », la Süddeutsche Zeitung estime également que l’UE doit réagir et l’encourage à faire usage des moyens dont elle dispose, par exemple la suspension du droit de vote de la Pologne au sein du Conseil « tant que Varsovie ne reviendra pas à l’état de droit ». « La Pologne est-elle perdue ? » s’interroge Die Welt pour qui le pays « est ni plus ni moins menacé d’une dictature, pas communiste cette fois, mais nationaliste-conservatrice ». Il est temps que la commission européenne s’intéresse enfin à ce qui se passe à Varsovie, conclut aussi Die Welt.

Attribution du Prix Charlemagne au pape François

Les quotidiens sont partagés sur le bien-fondé de cette décision. La Frankfurter Allgemeine Zeitung la juge « déplacée » au regard du peu d’engagement européen de François, surtout comparé à celui de Jean-Paul II, lauréat du prix en 2004. Saluant au contraire cette décision, la Süddeutsche Zeitung estime que le jury du Prix Charlemagne tient à honorer les mises en gardes du pape contre l’usure et le vieillissement de l’Europe, préoccupée uniquement de son économie et de sa monnaie, et son manque d’humanisme.

  1. Europe/France

Le pacte de stabilité « en danger », selon le Spiegel

L’hebdomadaire revient dans un article sur les critiques croissantes des partenaires européens de l’Allemagne à l’égard du pacte de stabilité et écrit que compte tenu des assouplissements et de la flexibilité grandissante dans son application, Wolfgang Schäuble aurait abandonné tout espoir qu’il redevienne un instrument efficace de discipline budgétaire. Selon le Spiegel, le ministre allemand des finances et ses collaborateurs sont particulièrement mécontents du rôle joué par Pierre Moscovici, « qui userait de ses fonctions à la commission au profit de la France » : « Moscovici défend ouvertement les intérêts de la France, déplore un haut fonctionnaire du ministère allemand des finances » dont le magazine n’indique pas le nom. Même avant les attaques terroristes de novembre, la France « ne se donnait même plus la peine de faire croire qu’elle voulait ramener son budget dans le cadre des règles européennes », écrit le Spiegel. Ne pouvant qu’approuver la décision française de faire passer les dépenses de sécurité avant le respect des critères de Maastricht, Wolfgang Schäuble aurait désormais renoncé à espérer toute réforme du pacte de stabilité, poursuit le magazine en citant toujours des sources internes au ministère des finances, mais « les Allemands ne s’avoueraient pas encore vaincus » et entendent travailler à une coordination plus stricte de la politique économique au sein de la zone euro. Le ministère des finances et celui de l’économie travailleraient à réformer le semestre européen pour le rendre plus contraignant./.

 

Le service de presse de l’ambassade de France en Allemagne vous souhaite de très bonnes fêtes de Noël !