Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

11 janvier 2016

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. Le souhait de la grande coalition de durcir l’arsenal de sanctions contre les auteurs d’agressions contre les femmes font les gros titres de la Frankfurter Allgemeine Zeitung (« la coalition menace les auteurs de violences de sévères conséquences »). La convocation de l’ambassadeur allemand à Varsovie sur la base des propos jugés hostiles à la Pologne tenus par des responsables politiques allemands est à la Une de la Süddeutsche Zeitung (« Varsovie ne tolère pas les critiques en provenance d’Allemagne ») et de Die Welt (« la Pologne hausse le ton contre l’Allemagne »). Le tabloïd Bild met à sa Une une interview de Vladimir Poutine.
  2. Allemagne

Suites des agressions de la nuit du Nouvel an à Cologne : « la coalition menace les auteurs de violences de sévères conséquences » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)

Sous ce titre, le quotidien de Francfort indique que les groupes parlementaires CDU/CSU et SPD se rencontrent aujourd’hui pour évoquer la suite à donner aux événements survenus à Cologne et l’ensemble de la presse fait état d’un large consensus au sein du gouvernement fédéral en vue d’un durcissement de la législation visant des demandeurs d’asile délinquants, une pénalisation plus stricte des agressions sexuelles et une extension du dispositif de vidéosurveillance. Les journaux signalent que le nombre de plaintes relatives pour la nuit de la Saint Sylvestre est monté à 500 et que pour 40% d’entre elles, la police enquête pour agression sexuelle.

« Merkel va-t-elle à présent changer de cap ? », interroge le tabloïd Bild qui souligne que l’enjeu de sécurité intérieure est le domaine numéro un des conservateurs et le sujet le plus porteur auprès de l’électorat. « Les répugnantes agressions de Cologne ont de quoi retourner l’opinion dans le pays. La culture de bienvenue envers les réfugiés pourrait bien laisser la place au doute, voire se muer en aversion », fait valoir le journal qui met néanmoins en garde contre tout amalgame entre réfugié et délinquant. Pour la FAZ, les événements de Cologne sont inquiétants dans la mesure où ils illustrent l’impuissance des pouvoirs publics à laquelle vient s’ajouter une « politique du silence et de la dissimulation » et il est temps à présent de faire place à la vérité. « Le temps est venu de redéfinir le multiculturalisme », ajoute Die Welt, « car les agressions de Cologne jettent une ombre sur une certaine naïveté relative à l’intégration des étrangers ». Pragmatique, le Tagesspiegel estime que le premier enseignement à tirer des événements de Cologne est que l’échange d’informations policières entre l’Etat fédéral et les Länder est déficitaire.

Dans un entretien à l’hebdomadaire Bild am Sonntag, le ministre fédéral en charge de la coopération et du développement, Gerd Müller (CSU), se démarque de Horst Seehofer et fait valoir son scepticisme à l’égard de la fixation d’une limite maximale à l’entrée de réfugiés sur le territoire allemand. Certes, il est impossible pour l’Allemagne et pour l’Europe d’intégrer avec succès un million de réfugiés par an, mais il n’est pas non plus possible d’ériger des clôtures autour de l’Allemagne et de l’Europe, fait-il valoir. Plaidant en faveur d’un fonds européen de reconstruction doté de 10 milliards d’euros que devraient alimenter les pays européens qui refusent d’accueillir des réfugiés, il reproche aussi à la commission européenne son manque de volonté au regard d’une protection des frontières extérieures de l’UE défaillante ainsi que d’une répartition des quotas de réfugiés inexistante dans les faits et appelle à la mise en place d’un commissaire européen en charge de la politique migratoire doté d’une administration ad hoc.

  1. Europe

« La Pologne hausse le ton vis-à-vis de l’Allemagne » (Die Welt)

Malgré les déclarations du porte-parole du ministère polonais des Affaires étrangères assurant qu’il ne s’agissait pas d’une convocation formelle, la presse rapporte que l’ambassadeur d’Allemagne en Pologne a dû ce matin se rendre à un entretien avec le chef de la diplomatie polonaise pour cause de « déclarations anti-polonaises de dirigeants politiques allemands », soulignant le caractère rarissime d’une telle convocation dans les relations européennes. Les journaux rappellent les critiques émises ces derniers jours par des responsables allemands, à l’instar du président du groupe CDU au Bundestag, Volker Kauder, déclarant dans le Spiegel qu’« en cas de constatation d’une violation des valeurs européennes, les Etats membres doivent avoir le courage de prendre des sanctions », et du président du parlement européen Martin Schulz (SPD), accusant, dans la Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung, le gouvernement polonais de pratiquer une « démocratie dirigée à la manière de Poutine ».

A ce stade, toutefois, « Juncker ne veut pas ‘sur-dramatiser’ le cas de la Pologne », titre le Handelsblatt en indiquant que la commission européenne veut certes se pencher sur la situation polonaise cette semaine mais qu’aucune décision n’est attendue. Die Welt appelle à davantage de sévérité de la part de la commission européenne, « car si Juncker n’en a pas le courage, ce serait un signal fatal envoyé aux milliers de Polonais manifestant contre le démantèlement de l’Etat de droit sans espoir d’être entendus. L’UE, avec ses subventions pour la Pologne, pourrait y arriver, elle », argumente le quotidien conservateur.

Interview du Premier ministre roumain dans la Süddeutsche Zeitung

Dacian Ciolos est interrogé sur les thèmes de la lutte de son gouvernement contre la corruption, de la crise migratoire européene et de l’UE. Il souligne la nécessité de contrôler les frontières du pays et de « stopper autant que faire se peut le flux migratoire », notamment illégal, répétant son opposition à des quotas contraignants d’accueil de réfugiés. Il déclare par ailleurs que la Roumanie veut maintenir le Royaume-Uni dans l’UE et se dit confiant qu’une solution pourra être trouvée pour satisfaire certaines revendications britanniques dans le respect des traités européens.

Olaf Scholz (SPD) favorable à un durcissement des règles d’attribution des prestations sociales dans les Etats européens

Soulignant, dans une tribune publiée par Die Welt, que la Grande-Bretagne doit absolument rester au sein de l’UE, le ministre-président de la ville-Etat de Hambourg propose, pour préserver la liberté de circulation tout en limitant le tourisme social, de suivre les recommandations de la Cour de justice de l’UE et de n’accorder durablement des prestations sociales aux migrants intra-européens que si ceux-ci ont cotisé au moins pendant un an aux caisses sociales du pays d’accueil.

  1. International

Interview de Vladimir Poutine dans Bild

Dans son édition de ce matin, le tabloïd Bild publie la première partie d’un long entretien avec le président russe Vladimir Poutine, dont la suite paraîtra demain.

La président russe regrette que des malentendus aient émaillé les relations entre la Russie et l’occident depuis la chute du mur de Berlin, reprochant à l’OTAN de porter une lourde responsabilité en s’étant élargie (« un mur de Berlin invisible s’est érigé plus à l’Est de l’Europe »). Il donne comme exemple de la mauvaise volonté occidentale à ses yeux le maintien des plans de déploiement de la défense antimissile alors que l’Iran ne constitue plus selon lui une menace. Le président russe met en avant son engagement à coopérer dans la lutte contre le terrorisme en estimant que tout comme il avait été « le premier à se tenir aux côtés des Etats-Unis en 2001 », il a fait de même avec la France en 2015.

Sur l’Ukraine, Vladimir Poutine reproche Kiev de ne pas mettre en œuvre les accords de Minsk. Il défend l’annexion de la Crimée mettant en avant la volonté des populations locales (« pour moi, ce ne sont pas les frontières et les territoires des Etats qui comptent, mais le destin des hommes et des femmes ») et la conformité de cette annexion au droit international selon lui. Il établit le parallèle classique avec le dossier kosovar. Il condamne les sanctions européennes (« la réunification de la Crimée avec la Russie est juste ; les sanctions de l’Occident n’ont pas vocation à aider l’Ukraine, mais à isoler le Russie ; elles sont idiotes et ne causent que des dégâts des deux côtés ».

Le président russe indique en outre qu’il ne se rendra pas à la conférence de Munich sur la sécurité en février prochain.

« Critique autour du projet de visite de Steinmeier à Riyad » (Tagesspiegel)

L’édition dominicale de Die Welt révèle que les critiques se multiplient, au sein même de la grande coalition, contre le projet du ministre des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier de participer au festival de Janadriyah début février aux côtés du roi Salmane d’Arabie Saoudite. Le président de la commission des Affaires étrangères au Bundestag, Norbert Röttgen (CDU), juge qu’un tel déplacement serait « inconvenant au regard des exécutions de masse » en Arabie Saoudite. Le président adjoint de la CDU, Armin Laschet, juge « inappropriée » la présence d’un ministre allemand « à une fête à Riyad » à l’heure actuelle. L’opposition parlementaire a appelé le ministre à ne pas concrétiser son projet, par la voix d’Omid Nouripour pour les Verts et du coprésident du groupe parlementaire de Die Linke, Dietmar Bartsch. A l’instar du Tagesspiegel ce matin, la plupart des journaux allemands soutiennent ces critiques, au regard du bilan de Riyad en matière de droits de l’homme. La Welt am Sonntag – qui indique que Frank-Walter Steinmeier tiendrait à ce déplacement pour maintenir un dialogue nécessaire à la résolution de la crise syrienne – voit dans ses réactions des politiques allemands les prémisses d’un possible rééquilibrage d’alliance de l’Allemagne dans le Golfe au profit de l’Iran, alors que les sanctions économiques doivent bientôt être levées.

  1. France

« L’assaillant de Paris était enregistré comme demandeur d’asile à Recklinghausen » (Süddeutsche Zeitung)

La presse se fait largement l’écho des informations communiquées par l’Office régional de police judiciaire de Rhénanie du Nord-Westphalie, selon lesquelles la personne tuée jeudi par la police après avoir tenté d’attaquer un commissariat à Paris était entré en 2013 en Allemagne où il avait vécu sous sept identités différentes, après avoir vécu illégalement en France pendant cinq ans, et qu’il s’agissait d’un délinquant multi-récidiviste déjà incarcéré en Allemagne pour trafic de drogue et violences sur personnes. « Ce n’était vraisemblablement pas un loup solitaire de Daech mais un cinglé », commente la Süddeutsche Zeitung.

« Valls appelle à ne pas ignorer l’angoisse des juifs de France » (FAZ)

Sous ce titre à la Une, la Frankfurter Allgemeine Zeitung rend compte des déclarations du Premier ministre et de celles du président du Crif lors de la cérémonie d’hommage aux victimes du supermarché juif Hyper Cacher il y a un an. La Süddeutsche Zeitung consacre un article aux hommages de la République aux victimes des attentats de janvier 2015 à Paris./.