L’entreprise de véhicules de tourisme avec chauffeur veut proposer des applications adaptées à chaque passager pendant leur trajet.
INTERNET Les dirigeants d’Uber ne sont pas du genre à rêvasser en regardant le paysage défiler à la fenêtre. Le spécialiste américain du transport dans des voitures de tourisme avec chauffeur (VTC) a dévoilé mardi une nouvelle plateforme dédiée au divertissement de ses passagers. Baptisée « Trip Experiences » (« expérience de voyage » en français), elle doit permettre le développement d’applications mobiles adaptées au trajet des clients d’Uber.
Par exemple, un utilisateur pourrait se voir proposer sur son smartphone une playlist musicale correspondant à son temps de voyage, ou une liste de restaurants bon marché autour de sa destination. Ces nouvelles fonctionnalités intelligentes seront proposées au sein des applications partenaires, sous réserve de l’accord des utilisateurs. « Ces intégrations facilitent la vie et les déplacements de nos clients », résume Chris Saad, en charge du développement produit chez Uber. Ce genre de services à la carte était déjà proposé dans un petit nombre d’applications.
Aux États-Unis, il est possible de commander une voiture Uber sur Messenger, le service de messagerie mobile de Facebook. Les utilisateurs peuvent aussi recevoir des notifications leur rappelant de commander un trajet avant de prendre leur avion (via United Airlines) ou d’aller au restaurant (via le service de réservation en ligne OpenTable). Ils peuvent enfin se connecter à l’application de musique Spotify afin de diffuser leurs chansons préférées dans leur véhicule Uber.
Après un an de tests, l’entreprise américaine passe aujourd’hui la vitesse supérieure, en ouvrant sa plateforme à tous les développeurs. Parallèlement à cette annonce, l’entreprise américaine organisait justement un hackathon à Bangalore, en Inde, afin de trouver des nouvelles idées pour exploiter au mieux ses données.
Cette nouvelle stratégie d’Uber la rapproche des géants du Web, qui se sont progressivement mutés en plateformes proposant des services tiers. Facebook ou Google ont tous les deux ouvert leur API (Application Programming Interface, ou interface de programmation) aux développeurs extérieurs. Cette porosité leur permet d’enrichir leur propre expérience, et de s’assurer une source supplémentaire de revenus au travers de partenariats commerciaux.
Perte de 1 milliard
Facebook s’est montré particulièrement actif dans le domaine avec son application de messagerie Messenger, ouverte à tous les développeurs depuis le mois de mars 2015. Aujourd’hui, la plupart des applications dans Messenger se contentent de créer des images ou des vidéos drôles. Mais le réseau social réfléchit également à faire entrer les sites d’e-commerce dans sa messagerie, afin de faciliter un peu plus la vie de ses utilisateurs, et leur dépendance à son service. Le but de Facebook est de créer tout un écosystème d’applications centrées autour de la communication. Google a une stratégie similaire, mais centrée sur la recherche et son enrichissement en fonction de l’identité de l’internaute et son historique de navigation.
C’est désormais au tour d’Uber de construire un empire autour de sa propre spécialité : le transport. En étoffant son application, Uber se donne aussi les moyens de se distinguer de la concurrence. L’entreprise américaine, qui n’est pas cotée, ne publie pas ses résultats financiers. Le site américain The Information affirmait mardi qu’Uber avait perdu presque 990 millions de dollars lors des six premiers mois de 2015, pour un chiffre d’affaires annuel estimé à 663 millions de dollars sur la même période. L’expansion internationale d’Uber lui coûte cher. Elle rencontre des difficultés en Asie, particulièrement en Chine où elle fait la course avec le leader local, Didi Kuaidi. Ce dernier a d’ailleurs lui-même annoncé l’ouverture de son API aux applications tierces mardi soir. Difficile de croire à un hasard du calendrier.
Le Figaro 14/01/2016