Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

janvier 2016

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. L’incertitude sur la tenue des pourparlers de paix sur la Syrie et le débat de politique intérieure sur la gestion de la crise des réfugiés sont les deux thèmes dominants à la Une des quotidiens : « Les pourparlers de paix en danger » (Süddeutsche Zeitung), « La querelle se poursuit sur les participants à la conférence de Genève sur la Syrie » (Frankfurter Allgemeine Zeitung), « Espoir pour la conférence sur la Syrie » (Frankfurter Rundschau) ; « La police fédérale refoule davantage de réfugiés » (Die Welt), « Les conservateurs veulent des centres d’enregistrement des réfugiés » (Berliner Zeitung). Le Tagesspiegel s’intéresse à la campagne électorale berlinoise (« le SPD berlinois promet plus d’argent aux écoles ») ; le Handelsblatt enfin rend compte à la Une d’un document ministériel interne selon lequel le ministre de la Justice Heiko Maas veut, suite au scandale Volkswagen, veut renforcer les droits des consommateurs en matière d’achats de véhicules : « Maas prend des mesures ».
  2. Allemagne

« Les conservateurs veulent des centres pour les réfugiés » (Berliner Zeitung)

La presse se fait largement l’écho de nouvelles propositions émises par la vice-présidente de la CDU Julia Klöckner – en lice contre la ministre-présidente SPD de Rhénanie-Palatinat lors des élections régionales du 13 mars prochain, et décrite par les journaux comme proche de la chancelière – pour réduire l’afflux des réfugiés en Allemagne sans que cela n’apparaisse comme un désaveu du refus de la chancelière de fixer un plafond en matière d’accueil des demandeurs d’asile. Ce concept suggère la création de « centres frontaliers » d’enregistrement des réfugiés à la frontière germano-autrichienne et l’instauration de contingents d’accueil fixés quotidiennement en fonction des capacités d’accueil des communes et des Länder, indiquent les journaux. « Nous ne devons pas faire dépendre la réduction du nombre des réfugiés uniquement du bon vouloir d’autres gouvernements en Europe », déclare Julia Klöckner aux journaux régionaux du groupe Funke Medien et au Rhein-Zeitung.

Cette initiative, jugée par les médias comme une tentative de stopper la chute de popularité de la CDU à la veille du scrutin régional du 13 mars, a été accueillie favorablement par les ténors conservateurs, y compris ceux notoirement opposés à la ligne de la chancelière, le SPD et les Verts l’interprétant pour leur part, dans de nombreuses prises de position dans la presse, comme une manœuvre pré-électorale visant à masquer l’isolement d’Angela Merkel au sein de son propre parti. « L’isolement de la chancelière est patent », commente le Handelsblatt pour qui Angela Merkel a « mis beaucoup trop longtemps à comprendre les dangers considérables qu représentait l’afflux sans barrière de réfugiés. Et contrairement à la crise grecque, Merkel ne peut acheter du temps, chaque jour aggrave la crise et l’opinion risque de basculer. Le temps file entre les doigts de Merkel, et si une solution européenne n’est pas bientôt trouvée, c’est son temps qui pourrait s’achever », conclut avec pessimisme le rédacteur en chef du quotidien.

L’AfD troisième force politique selon les derniers sondages

Alors que les derniers sondages attestent de la montée en puissance du parti populiste de droite Alternative für Deutschland (AfD), qui, avec 10 à 11% des intentions de vote au niveau national dépasse les Verts, les sociaux-démocrates de Rhénanie-Palatinat, en mauvaise posture, accusent la CDU de faire le jeu de l’AfD pour pouvoir former une coalition à droite, rapporte la Süddeutsche Zeitung. Les quotidiens continuent de commenter négativement le refus du SPD régional de débattre à la télévision avec l’AfD. « Un mépris qui alimente justement le potentiel électoral de ce parti, car au SPD aussi la base estime que ses peurs et soucis quotidiens devant la crise migratoire ne sont pas pris au sérieux », analyse la FAZ.

  1. Europe

Crise migratoire : « Merkel isolée en Europe comme jamais » (Welt am Sonntag)

Après la décision de l’Autriche de limiter le nombre de demandeurs d’asile et celle de la Suède de ferme sa frontière, la chancelière allemande a perdu ses derniers alliés en Europe, écrit Die Welt dans son édition dominicale. Dans un article mêlant les considérations de politique intérieure et l’analyse internationale, le quotidien note dans un paragraphe que « même le principal partenaire de l’Allemagne, la France, s’est ralliée à la théorie est-européenne selon laquelle c’est l’Allemagne qui aurait attiré les migrants par les déclarations de bienvenue de Merkel », citant dans ce contexte les récentes déclarations du Premier ministre soulignant l’ampleur du défi auquel était confrontée l’Allemagne et l’impossibilité d’accueillir tous les réfugiés en Europe. Dans le contexte de l’article, cette remarque non commentée par ailleurs vise à souligner l’isolement de la chancelière sur la scène internationale.

Tribune sur l’Europe de Wolfgang Schäuble dans la FAZ / crise des réfugiés / Syrie

Le ministre allemand des Finances (CDU) publie une longue réflexion sur l’avenir de l’Union européenne passant en revue tous les aspects de l’intégration européenne. Il plaide dans ce contexte pour la mise en place d’une politique migratoire commune qui respecte néanmoins les « différentes expériences nationales » et notamment le fait que les pays d’Europe de l’Est sont moins disposés, pour des raisons historiques, à accueillir des demandeurs d’asile. Pour Wolfgang Schäuble, la gestion de la crise migratoire passe surtout par un soutien plus important de l’UE à la stabilisation du Proche- et Moyen-Orient, et la Russie est un partenaire indispensable dans la recherche d’une solution du conflit syrien : « pourquoi ne pas développer une stratégie commune avec la Russie visant à aplanir les divergences entre une coalition sunnite soutenue par les Saoudiens et une coalition chiite menée par les Iraniens », écrit-il ainsi.

  1. International

Syrie : « Les pourparlers de paix en danger » (Süddeutsche Zeitung)

La presse fait grand cas du report de l’ouverture des négociations sur le conflit syrien initialement prévue aujourd’hui à Genève et ne masque pas ses inquiétudes sur la participation incertaine des parties en conflit aux discussions. Insistant sur les fortes tensions entre les délégations syriennes du gouvernement et de l’opposition, la Süddeutsche Zeitung croit savoir que les gouvernements allemand et américain espèrent toujours que l’ouverture des négociations aura lieu d’ici la fin du mois. Le quotidien de Munich estime que, dans le cas contraire, il sera nécessaire que Berlin et Washington « exercent à nouveau une pression internationale importante pour forcer les parties en conflit et leurs soutiens régionaux à se réunir autour d’une table ». Dans un compte-rendu d’interview, la Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung rapporte les propos du ministre fédéral des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, qui insiste pour que les groupes rebelles islamistes participent aux négociations de paix pour la Syrie. Rappelant l’urgence de la situation, F.-W. Steinmeier estime que « nous avons dépassé depuis longtemps le moment où nous pouvions faire le tri entre les participants aux négociations », et met en avant la nécessité d’une « alliance de tous ceux qui représentent une partie de la société syrienne, qui exercent de facto un pouvoir, qui respectent les principes du processus de Vienne et qui sont prêts à régler leurs conflits dans le cadre des négociations à Genève ». Le ministre des Affaires étrangères en appelle à la responsabilité des Etats pour que les négociations puissent commencer et souligne le rôle clé de la participation de la Russie, indiquant que « la position d’Assad dépend fortement du soutien de la Russie » et jugeant que « Assad et son régime ne restitueront le pouvoir que lorsque le message en provenance de Moscou et de Téhéran dira clairement qu’il n’y a pas d’autre alternative ». Dans leurs commentaires, les journaux appellent à l’ouverture rapide des négociations à Genève. Pour la Süddeutsche Zeitung, il est nécessaire de faire comprendre à Moscou qu’il n’est pas possible d’exclure des négociations « les islamistes qui contrôlent des dizaines de milliers de combattants » en Syrie et que leur participation est une condition nécessaire à l’obtention d’un cessez-le-feu. Sur un ton plus ferme, la FAZ juge pour sa part que Moscou « n’est pas un partenaire, mais un facteur de puissance » en Syrie et fait part de ses doutes sur la volonté de Vladimir Poutine de mettre fin au conflit.

Visite du Premier ministre turc à Berlin

Les éditions du week-end reviennent sur le déplacement du premier ministre turc, Ahmet Davutoğlu, vendredi à Berlin, dans le cadre des premières consultations germano-turques. Les journaux rapportent que la chancelière Merkel a insisté, lors de son entretien avec A. Davutoğlu, sur la nécessité de la poursuite des efforts turcs contre l’immigration illégale, affirmant que « nous ne pouvons pas tolérer que des passeurs et des contrebandiers illégaux aient une souveraineté entre la Turquie et la Grèce, et mettent encore et toujours des hommes en danger ». Le Premier ministre turc a, pour sa part, assuré faire tout ce qui est possible pour réduire de manière substantielle le nombre de migrants illégaux dans un avenir proche. Doutant de la volonté d’Ankara de mener une politique efficace de lutte contre les migrations illégales tant que l’Union européenne ne lui aura pas versé l’argent promis en échange d’un meilleur contrôle des frontières, la FAZ juge « faible » la position allemande vis-à-vis de la Turquie et estime que l’organisation de consultations est loin d’être suffisante pour permettre d’avancer vers une résolution de la crise migratoire. Pour la Berliner Zeitung, la tenue des consultations a clairement montré à quel point l’Allemagne – et surtout Angela Merkel – « ont besoin de la Turquie » pour résoudre la crise et ne peuvent plus se permettre de ne pas la considérer comme « un partenaire »./.