Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

27 janvier 2016

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. « Karlsruhe défie la juridiction européenne », titre la Süddeutsche Zeitung qui fait référence à un arrêt de la Cour constitutionnelle fédérale s’opposant à l’extradition vers l’Italie d’un ressortissant américain interpellé en Allemagne sur la base d’un mandat d’arrêt européen. « Après le courrier de la CSU à la chancelière, le mécontentement grandit dans les rangs de la CDU/CSU », relève pour sa part la Frankfurter Allgemeine Zeitung qui évoque la menace du Land de Bavière de porter plainte auprès de la Cour constitutionnelle fédérale contre la politique migratoire de la chancelière. Die Welt titre sur l’état de l’armée allemande, à savoir ses faiblesses chroniques. Le quotidien économique Handelsblatt consacre sa une aux propositions de l’ancien chancelier Gerhard Schröder pour maîtriser l’afflux de réfugiés.
  2. Allemagne

Politique migratoire : « la Bavière menace Merkel d’un recours devant la Cour constitutionnelle » (Tagesspiegel)

« En menaçant la chancelière d’un recours devant la Cour constitutionnelle, la Bavière gouvernée par la CSU veut la contraindre à changer de cap en matière de politique migratoire », rapporte le quotidien de Berlin qui, comme l’ensemble de la presse, fait état du courrier du ministre-président bavarois et chef de la CSU, Horst Seehofer, dans lequel il exige la fermeture des frontières et la fixation d’un plafond annuel de 200 000 personnes pour l’accueil de réfugiés en l’absence de sécurisation efficace des frontières extérieures de l’UE, faute de quoi le gouvernement bavarois déposera plainte auprès de Karlsruhe. La FAZ signale que les chefs des groupes parlementaires CDU et SPD ont tous deux critiqué cette démarche, Thomas Oppermann (SPD) l’interprétant comme « l’annonce d’une rupture de la coalition ». Dans un commentaire, la Süddeutsche Zeitung estime qu’en dépit des apparences, cette supposée démonstration de force de la part du partenaire de coalition est en fait un « geste désespéré ».

Faisant le point sur la situation, le tabloïd Bild relève que depuis quelques jours le nombre de réfugiés arrivant en Allemagne diminue. Le journal se demande s’il s’agit là d’un phénomène temporaire ou de l’amorce d’une tendance de fond. Die Welt note que le nombre de réfugiés mineurs arrivant en Allemagne est quant à lui en forte augmentation, précise que le coût de chacun d’eux (de 40 000 à 60 000 euros par an) est élevé et reprend les propos d’un député CDU selon lequel il s’agit là d’une manière pour les réfugiés d’obtenir le regroupement familial. La FAZ publie la nouvelle enquête de début d’année de l’institut Allensbach qui révèle que les Allemands se montrent de plus en plus inquiets pour l’avenir, un sentiment largement répandu parmi les sympathisants du parti AfD.

Le Handelsblatt consacre un article aux propositions de l’ancien chancelier Gerhard Schröder pour maîtriser l’afflux de réfugiés. Convié par le journal dans le cadre d’un colloque économique, l’ex-chancelier lance l’idée d’une « date butoir » au-delà de laquelle l’Allemagne devrait revenir aux accords de Dublin et répartir les réfugiés en Europe. Si l’Allemagne est en mesure de faire face à l’arrivée d’un million de réfugiés, les communes sont en revanche incapables de maîtriser l’arrivée continue de nouveaux contingents, fait-il valoir. S’opposant à des contrôles aux frontières contraires aux accords de Schengen, il fait valoir également que ce genre de mesures est nuisible à l’économie.

« Le médiateur auprès des armées voit des déficits importants en matière d’équipement » (FAZ)

L’ensemble des quotidiens se font l’écho du rapport présenté hier par le médiateur auprès des armées qui a listé les faiblesses de l’armée allemande et  réclamé une hausse claire de son budget. Die Welt souligne qu’en réponse à ce diagnostic, la ministre fédérale de la défense entend affecter ces quinze prochaines années 130 milliards d’euros supplémentaires à l’équipement de l’armée allemande et devrait plaider elle aussi en faveur d’une hausse du budget de son ministère. Dans leurs commentaires, les journaux s’accordent sur le constat qu’il n’y a « rien de nouveau sous le soleil », le sous-financement de la Bundeswehr, le fait qu’elle est mal équipée et dispose de trop peu de personnels étant des faits connus. « Ceci est le résultat de 25 ans de démilitarisation rampante », juge Die Welt qui en veut pour preuve qu’au moment de la réunification l’armée allemande comptait 600 000 hommes contre 177 000 aujourd’hui.

  1. Europe

Crise migratoire : « La Grèce a besoin d’aide, une exclusion serait préjudiciable pour tous » (Süddeutsche Zeitung)

La Süddeutsche Zeitung comme le Handelsblatt estiment que la Grèce n’est pas en mesure de stopper l’afflux des réfugiés traversant la mer d’Egée et qu’une menace d’exclusion de l’espace Schengen n’est pas la réponse appropriée dans ce contexte. « Une exclusion serait juridiquement problématique, politiquement déraisonnable et moralement fausse », commente la Süddeutsche Zeitung en soulignant les conséquences désastreuses qu’entraînerait un blocage à la frontière intérieure de la Grèce, également sur un déroutage des routes migratoires vers l’Italie : « après la Grèce, voudrait-on exclure aussi l’Italie de la zone Schengen ? », poursuit l’éditorialiste. D’autre part, exclure la Grèce de l’espace Schengen serait le signe aux marchés financiers qu’Athènes pourrait également sortir de l’UEM, ravivant de plus belle la crise de l’euro, fait valoir la SZ. Soulignant que même une intervention de l’agence Frontex ne peut empêcher les migrants de prendre la mer si la Turquie reste passive, le quotidien estime qu’il n’y a d’autres voies que celle préconisée par la chancelière Merkel, c’est-à-dire de convaincre à coup d’aides financières et pratiques la Turquie et les pays d’accueil voisins des zones de crise décharger l’Europe d’une partie de son fardeau.

Eurobaromètre : « les Allemands ont le blues de l’Europe » (Tagesspiegel)

Les derniers sondages effectués pour l’eurobaromètre en novembre 2015 montrent que la crise des réfugiés a nettement entamé l’image positive que se faisaient les Allemands de l’Union européenne, seuls 34% des Allemands interrogés ayant encore une image positive de l’UE contre 45% en mai dernier, soit une chute de onze points, la plus importante à l’exception de l’Estonie (chute de 13%). Pour le représentant de la commission européenne en Allemagne Richard Kühnel, cette perte d’estime ne traduit pas un rejet de l’UE sur le fond mais une forte attente d’une réaction européenne dans la crise des réfugiés.

  1. International

Tournée européenne du président iranien Hassan Rohani

La tournée européenne du président iranien Hassan Rohani continue de susciter une importante couveture de la presse allemande. La Süddeutsche Zeitung regrette la décision du gouvernement italien « d’avoir masqué les statues nues du Capitole pour ménager les sentiments religieux de son invité », estimant que le retour de l’Iran sur la scène internationale doit également inclure l’acceptation des autres cultures par Téhéran. Le quotidien alternatif de gauche, tageszeitung, rappelle que « l’offensive diplomatique de Rohani en Europe » ne doit faire oublier les difficultés politiques et économiques du pays. La FAZ incite à maintenir la pression sur le pays pour une contribution constructive aux efforts de solution politique en Syrie.

Entretien du général Hans-Lothar Domröse, dans Bild

Dans une interview au tabloïd Bild, le général allemand Hans-Lothar Domröse dresse un tableau alarmiste de la situation en Afghanistan, estimant que les ANSF ne sont pas en mesure d’assurer la sécurité du pays. Le général Domröse juge qu’il est nécessaire de davantage soutenir les Afghans en renforçant les opérations d’entrainement des forces de sécurité sur le terrain. H.-L. Domröse conclut qu’un désengagement des Alliés en Afghanistan conduirait « à l’effondrement du pays ». Dans un commentaire, Bild affirme qu’au regard de la gravité de la crise migratoire en Europe, il est nécessaire de mener une politique d’engagement de long terme en Afghanistan.

Crise des réfugiés : « le Kremlin critique les autorités berlinoises » (Berliner Zeitung)

Les journaux allemands font grand cas des déclarations du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, qui a critiqué hier, lors de sa conférence de presse annuelle, la gestion de la crise migratoire par les autorités berlinoises. Le ministre russe des Affaires étrangères a fait état, dans son discours, de l’affaire d’une jeune germano-russe de treize ans qui aurait été agressée par des réfugiés à Berlin, affaire montée en épingle par l’extrême droite allemande alors même que les faits n’ont pas été établis par la justice, relèvent tous les journaux. S. Lavrov a indiqué que la Russie protègerait les droits de ses ressortissants. Comme les autres journaux, La Süddeutsche Zeitung s’inquiète d’une ingérence inédite, accuse le Kremlin de vouloir attiser la crise migratoire en Allemagne, et s’interroge sur la proximité de Moscou avec l’extrême droite européenne.

  1. France

Interview de Matthias Fekl dans le Handelsblatt

A l’occasion de son déplacement à Munich pour le lancement de la campagne « Créative France », le correspondant à Paris du Handelsblatt publie un entretien avec le secrétaire d’Etat chargé du commerce extérieur, de la promotion du tourisme et des Français de l’étranger dans lequel celui-ci souligne la volonté du gouvernement français de poursuivre les réformes engagées, notant que la hausse des investissements étrangers, y compris allemands, en France est le signe que ces réformes sont appréciées. Sur le thème de la crise migratoire européenne, Matthias Fekl souligne la double priorité européenne de garantir aux réfugiés des conditions d’asile décentes mais aussi de garantir la sécurité de ces propres citoyens et protéger les frontières extérieures. Il met l’accent sur les efforts conjoints de l’Allemagne et de la France pour œuvrer à une solution européenne et estime que la participation aujourd’hui du ministre français de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, au conseil des ministres allemands à l’occasion de son déplacement à Berlin est un « signal important ». A la question de savoir si la France devrait accueillir davantage de réfugiés pour décharger l’Allemagne, M. Fekl souligne que la France est disposée à assumer sa part du poids commun comme elle le fait déjà en matière de terrorisme, où elle est en première ligne. « Chacun doit apporter sa contribution, et les décisions doivent être prises ensemble, un pays ne peut pas décider efficacement seul », précise le secrétaire d’Etat./.