Rêver en entreprise ? Yes you can !

Une récente étude de Cap Gemini Consulting et The Boson Project se penche sur les liens entre rêve et entreprise. Deux concepts pas si éloignés…

Faire rimer “rêve” et “entreprise” : une drôle d’idée ? C’est pourtant le pari de l’étude “La Boîte à Rêves” réalisée par Cap Gemini Consulting et The Boson project et dévoilée ce mercredi 27 janvier. Grâce à une enquête en ligne sur un mini-site au ton décalé, les deux cabinets de conseil ont récolté plus de 2.500 réponses auprès de salariés jeunes et diplômés (à 70% des moins de 35 ans, à 78% des cadres). Le verdict est sans appel : pour 83% des personnes interrogées, rêve et entreprise sont compatibles. Et pour 62% d’entre elles, rêver en entreprise est même vital !

“C’est la première surprise de cette étude, raconte Nicolas Mariotte, directeur au sein du cabinet Capgemini Consulting et sociologue des organisations de formation, On ne s’attendait pas à avoir des chiffres aussi élevés !” S’interroger sur la place du rêve en entreprise n’est pas si saugrenu ou accessoire qu’on pourrait le penser, car derrière la question du rêve se pose celle de l’engagement des salariés. Un défi qui préoccupe tant de grandes entreprises aujourd’hui à la recherche du meilleur moyen pour attirer (et retenir !) les jeunes talents. Or pour 81% des salariés interrogés dans l’étude, le rêve est le moteur de leur engagement.

Le mur de la réalité (celui qui fait mal)

C’est justement là que les choses coincent. Si les salariés sont si nombreux à avoir envie ou besoin de rêver en entreprise pour pouvoir s’engager pleinement, ils sont beaucoup moins à le faire réellement : 40% des répondants ont déclaré qu’ils ne rêvaient pas dans leur boîte actuelle. Plus embêtant encore, seul un tiers (37%) estime que le rêve est encouragé dans leur entreprise. Pour les autres, il est au mieux toléré, sinon hors-sujet voire carrément proscrit.

“Il y a un fort décalage entre les aspirations et la réalité du terrain”, regrette Nicolas Mariotte qui espère que cette étude sonnera l’alarme pour les entreprises. “Il y a encore beaucoup trop d’organisations qui ne se sont pas posé cette question du plaisir en entreprise”. L’étude livre d’ailleurs des clés pour les aider à le faire. Par exemple, quand on demande aux salariés ce qui leur manque pour rêver dans leur entreprise, quatre premières réponses viennent spontanément : du temps (16%), de la liberté (11%), de la confiance (4%), un projet (4%).

La passion a pris le pas sur la stabilité

L’étude permet aussi de mieux cerner les attentes des salariés pour qui le rêve en entreprise n’est plus du tout incarné par la stabilité de l’emploi (1%) mais bien par la passion (35%) et l’intrapreneuriat (27%).
Assez logiquement, lorsqu’on leur demande ce qui les pousserait à se dépasser, les salariés plébiscitent à 47% “un projet qui me parle, qui me donne envie”. Suivent “des challenges de fou” à 27% et “de la confiance” à 19%. Résultat : l’argent ne semble pas franchement être un bon moyen de motiver les troupes (7% des réponses uniquement). Par contre, l’argument financier pèse un peu plus lourd pour les tranches d’âge 30-35 ans et 36-45 ans (10% et 8%), sans doute parce qu’ils sont à un stade de leur vie qui rime souvent avec enfants et achat immobilier.

Dernier enseignement de cette étude : c’est le manager qui est en première ligne pour motiver les salariés. C’est pour son supérieur hiérarchique direct que l’on se dépasse (45% des réponses), puis pour ses collègues (26%) et ensuite seulement pour son PDG (21%). D’où l’importance pour les managers de réfléchir à la manière d’aider leurs subordonnés à rêver dans l’entreprise. Et pour ça, ils ont intérêt à être “à l’écoute, exemplaires et accessibles”, soit les trois qualités du leader idéal les plus citées par les salariés.
Les Echos 28/01/2016