Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

29 janvier 2016

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. L’accord trouvé par la grande coalition sur un nouveau paquet législatif et réglementaire consacré au droit d’asile fait les gros titres de la Frankfurter Allgemeine Zeitung (« la coalition résout son différend sur le paquet ‘Asile II’ ») et de la Süddeutsche Zeitung (« la coalition trouve un accord sur le nouveau paquet asile »). Die Welt met en avant que « la Suède renvoie 80 000 réfugiés » et le Tagesspiegel consacre sa Une au « nouveau plan réfugiés de l’UE » que préparerait la présidence néerlandaise. Le Handelsblatt cite le président du gestionnaire d’actifs BlackRock Larry Flink, qui estime dans une interview que « nous allons voir des faillites » sur les marchés financiers. Le dossier du week-end du quotidien économique est consacré au « plan de sortie » sur la crise migratoire que préparerait la chancelière Angela Merkel pour « sauver son mandat ».
  2. Allemagne

Droit d’asile : « la coalition résout son différend sur le paquet ‘Asile II’ » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)

L’ensemble de la presse fait état du compromis intervenu entre les chefs des partis de la grande coalition. Ceux-ci se sont entendus sur la délicate question du regroupement familial, pierre d’achoppement entre la CDU/CSU et le SPD, et ont convenus de suspendre pour deux ans le regroupement familial pour les demandeurs d’asile ne bénéficiant que du droit de protection subsidiaire. La priorité pour le regroupement familial sera en revanche concédée aux futurs réfugiés venant de Turquie, du Liban ou de Jordanie. Les responsables de la coalition ont également décidé de faciliter l’accès au marché de l’emploi pour les réfugiés, ceux d’entre eux ayant suivi avec succès une formation se verront accorder un droit de travail d’une durée de deux ans. Ils ont en outre décidé de classer comme pays d’origine sûrs le Maroc, la Tunisie et l’Algérie.

Dans un commentaire, la Süddeutsche Zeirung estime que le compromis obtenu consacre la victoire de Horst Seehofer (CSU), mais que Sigmar Gabriel (SPD) a bien fait de s’y rallier. « Désormais, le SPD ne se verra plus adresser le reproche de se mettre en travers de tout accord ».

Scandale policier à Kiel

« La police en Allemagne est-elle impuissante ? », s’interroge aujourd’hui le tabloïd Bild après avoir révélé hier que les forces de police de Kiel (Schleswig-Holstein) ont en octobre dernier reçu instruction de limiter les poursuites visant des réfugiés sans identité clairement définie coupables de délits mineurs (petits larcins et vols à l’arraché), au motif que ces faits avaient peu de chances d’aboutir à des condamnations. Dans les colonnes du tabloïd le ministre président du Land de Schleswig-Holstein, Torsten Albig (SPD), réagit en indiquant qu’il ne saurait y avoir deux justices parallèles et que toute forme de criminalité soit sanctionnée quelle que soit l’identité ou l’origine du coupable.

  1. Europe

Visite à Berlin du Premier ministre italien

La rencontre aujourd’hui à Berlin entre Angela Merkel et Matteo Renzi s’incrit dans un climat moins serein que par le passé entre ces deux dirigeants, suite aux ambitions marquées par le Premier ministre italien de peser davantage sur la politique européenne, constate la Süddeutsche Zeitung. « Renzi essaie de repositionner Rome aux premières places et le moment paraît bien choisi, Paris étant occupé par sa situation intérieure, Londres par la menace du ‘brexit’ et Madrid par la formation impossible d’une coalition. Des grandes puissances de l’UE, seules l’Allemagne et l’Italie sont stables politiquement », écrit le quotidien de Munich. « Même si Renzi présente peut-être ses performances sous un jour plus favorable qu’elles ne le sont en réalité, il a quand même atteint des résultats dont ses prédécesseurs n’osaient même pas rêver, et il est tout aussi vrai que la France, même en étant indulgent, n’est pas le leader dynamique qu’elle a pu être », fait également valoir la FAZ jugeant compréhensibles les prétentions de M. Renzi à vouloir s’asseoir à la « table des chefs ».

Réagissant aux déclarations du Premier ministre italien dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung hier suggérant que Rome prenait déjà toute sa part à la résolution de la crise migratoire, le président du groupe conservateur au parlement européen Manfred Weber (CSU) appelle dans Die Welt l’Italie à verser rapidement sa contribution au fonds de trois milliards d’euros d’aides à la Turquie. Dans son dossier du week-end consacré au « plan de sortie » sur la crise migratoire que préparerait Angela Merkel pour « sauver son mandat », le Handelsblatt écrit qu’en petit comité, la chancelière et son ministre des Finances envisageraient un versement par l’Allemagne de la contribution italienne si M. Renzi s’obstine dans son refus, le plan de soutien à la Turquie étant considéré comme prioritaire pour stopper l’afflux de réfugiés et les caisses de Berlin étant bien remplies.

L’agence Frontex démunie face à l’ampleur de sa tâche ( Die Welt)

Le quotidien de Berlin publie un compte rendu d’entretien avec le directeur de Frontex, Fabrice Leggeri dans lequel celui-ci évoque le manque d’effectifs suffisants pour aider la Grèce à contrôler les frontières extérieures de l’UE, mais aussi le fait que Frontex, à sa création, n’a pas été dotée des compétences nécessaires sur le plan juridique : « nous sommes pris en étau entre la souveraineté nationale des Etats et l’UE », explique-t-il. Die Welt souligne les limites de l’action de cette autorité dans le cadre législatif actuel, notant que « la tâche qui finalement incombe à Frontex est surtout d’enregistrer les migrants, l’agence n’a pas les moyens d’agir vraiment sur un ralentissement du flux migratoire ».

Réfugiés / propositions de la présidence néerlandaise de l’UE

Quelques journaux, dont la Süddeutsche Zeitung, se font l’écho d’un plan de la présidence néerlandaise de l’UE prévoyant l’accueil par un petit groupe d’Etats membres de 250 000 migrants par an en provenance de la Turquie, en contrepartie du refoulement vers la Turquie des réfugiés traversant la mer Egée illégalement. Une initiative déjà critiquée par les Verts au Parlement européen estimant que le droit international n’autorise pas de tels plans. Un plan qui pour le Tagesspiegel « paraît judicieux à première vue, mais comporte encore beaucoup de questions sans réponse : la Turquie peut-elle vraiment être considérée comme un pays tiers sûr ? et les migrants refoulés ne vont-ils pas prendre la route encore plus dangereuse via l’Afrique et Lampedusa ? et le chiffre de ce contingent, 250 000 par an, n’est pas assez élevé », objecte le journal de Berlin.

  1. International

« Les méthodes de Moscou » (FAZ)

La presse allemande continue de rendre compte des échanges entre Berlin et Moscou au sujet de la possible agression d’une adolescente germano-russe par des réfugiés à Berlin. Die Welt note que le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, qui a désigné la jeune Berlinoise par l’expression « notre jeune femme », a contesté l’accusation d’ingérence de Moscou, évoquant une question de droits de l’homme. Dans leurs commentaires, les journaux continuent de dénoncer l’attitude de la Russie, à l’instar de la FAZ qui estime qu’une fois de plus, Moscou utilise « sa machine à propagande » pour s’immiscer dans les affaires intérieures d’un pays. Le quotidien de Francfort ajoute que « si l’Allemagne était un petit Etat voisin de la Russe, toutes les signaux d’alarme auraient déjà retenti » et conclut que « la politique subversive » de Moscou à l’égard de l’Allemagne et de l’Union européenne ne peut plus être tolérée.

 

  1. France

« Le nouvel axe France-Iran » (Handelsblatt)

Les médias allemands accordent une importante couverture photographique et écrite à la visite du président iranien Hassan Rohani hier à Paris. A l’instar du Handelsblatt, les journaux mettent en avant les déclarations de H. Rohani, lequel a affirmé la volonté de Téhéran de « travailler main dans la main avec la France », ainsi que celles du président de la République, qui a souligné l’engagement commun de la France et de l’Iran dans la lutte contre le terrorisme. Les quotidiens relèvent que les entretiens franco-iraniens ont donné lieu à la signature de nombreux accords commerciaux et citent principalement l’accord entre Peugeot-Citroën et Iran Khodro, entre Total et Rohöl, ainsi que la commande par Téhéran de 118 appareils Airbus. Le Handelsblatt croit savoir que des garanties Coface ont été largement accordées alors que la plupart des partenaires commerciaux de l’Iran seraient plus prudents en raison de leur manque de visibilité sur la réouverture des circuits financiers liée à l’évolution des sanctions américaines. La Frankfurter Allgemeine Zeitung juge que la question des droits de l’homme a été peu évoquée lors des discussions bilatérales à Paris, et regrette qu’elle n’ait pas été abordée du tout lors de la séquence au MEDEF. Dans des brèves, les journaux indiquent que le président iranien ne se rend pas à Berlin en raison des réticences de la chancelière liées aux droits de l’homme. Les journaux précisent que le ministre fédéral des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, se rendra néanmoins prochainement à Téhéran avec de nombreux chefs d’entreprises.

Crise migratoire/vœux du Premier ministre à la presse

Dans une correspondance consacrée aux vœux du Premier ministre à la presse, la FAZ évoque un échange entre le Premier ministre et des journalistes lors de la réception qui a suivi. Selon la FAZ, le Premier ministre aurait déclaré « se faire beaucoup de soucis pour l’Allemagne qui, dans la crise des réfugiés, porte le plus lourd fardeau. […] La France ne veut pas abandonner Berlin, mais la réponse à la situation ne saurait consister à répartir les réfugiés entre les Etats membres ». Le Premier ministre a appelé en revanche à une meilleure protection des frontières extérieures de l’UE, « car l’idée européenne pourrait être fondamentalement remise en question si l’Union européenne échoue à assurer la protection de ses frontières », indique le journal. M. Valls n’exclurait pas une initiative franco-allemande dans ce domaine, précise la FAZ. « Le Premier ministre a en outre laissé entrevoir combien les reproches de la presse l’ont affecté lorsque, l’été dernier, en raison de sa politique d’ouverture envers les réfugiés, la chancelière était saluée comme celle qui allait sauver les valeurs de l’Europe ». A l’époque, on a reproché au gouvernement français sa réserve, mais maintenant il s’avère que la prudence était de mise, aurait-il jugé./.