Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

1er février 2016

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France  en Allemagne

  1. Les réactions d’indignation à la proposition du parti AfD d’autoriser la police des frontières à tirer sur les réfugiés qui chercheraient à entrer illégalement en Allemagne fait la Une de la presse : « indignation au sujet de l’AfD » (Süddeutsche Zeitung) ; « l’AfD laisse planer le doute sur sa fidélité à la Constitution » (Die Welt) ; « pour M. Gabriel, l’AfD est un dossier qui relève de l’Office fédéral de protection de la Constitution [NDR :équivalent de la DGSI]». La Frankfurter Allgemeine Zeitung titre pour sa part sur les déclarations, samedi, de la chancelière selon qui « nous nous attendons à ce que les réfugiés retournent dans leur pays après la guerre ».
  2. Allemagne

« Merkel : nous nous attendons à ce que les réfugiés rentrent chez eux après la guerre » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)

L’ensemble de la presse fait état des propos tenus par la chancelière sur les réfugiés à l’occasion du congrès d’une fédération régionale de la CDU. « Nous nous attendons à ce que, quand la paix sera revenue en Syrie, quand (l’organisation) Etat islamique sera vaincu en Irak, ils retournent dans leur pays d’origine, munis du savoir qu’ils auront acquis chez nous », a-t-elle déclaré tout en réaffirmant son refus de toute fermeture des frontières. Dans un entretien à l’hebdomadaire Bild am Sonntag, Peter Altmaier (CDU) chef de la chancellerie fédérale et chargé de coordonner la politique migratoire, fait valoir de son côté que les pourparlers sont en cours avec la Turquie et d’autres pays tiers pour déterminer si, en leur qualité de pays sûrs, ils sont disposés à reprendre les réfugiés qui auraient été condamnés en Allemagne. L’approbation envers la politique migratoire de la chancelière augmentera, selon lui, dès lors que les mesures prises seront suivies d’effets visibles pour tous. La Süddeutsche Zeitung signale pour sa part que le ministre fédéral de l’intérieur, Thomas de Maizière (CDU), se déplace aujourd’hui à Kaboul pour s’entretenir avec le ministre afghan en charge des réfugiés, des possibilités de reconduite dans le pays de demandeurs d’asile déboutés. En raison de la détérioration de la situation sécuritaire dans le pays (31 provinces sur 34 seraient considérées comme peu sûres) et de la ligne dure défendue par le ministre afghan, qui aurait lui-même encouragé vie Facebook ses concitoyens à fuir vers l’Allemagne, la Grande-Bretagne ou la Suède et laissé entendre qu’il s’opposerait à toute procédure de retour, le journal s’attend à des négociations particulièrement ardues.

Seuls quelques journaux commentent les dernières déclarations de la chancelière. Pour la FAZ, la phrase prononcée par Mme Merkel ne met certes plus l’accent sur la « culture de bienvenue », mais sans modifier d’un iota la position qui est la sienne, se classe dans une « série de déclarations qui sonnent plus durement qu’elles ne le sont en réalité ». De l’avis du quotidien alternatif de gauche tageszeitung, la perspective d’un retour massif de réfugiés syriens dans leur pays s’apparente à un « vœu pieux » et repose sur des bases juridiques peu sûres. « L’expérience prouve que des personnes qui ont tout abandonné derrière eux ne songent plus à rentrer chez eux », juge le journal pour qui les propos de la chancelière entretiennent en outre l’illusion trompeuse qu’il n’est donc pas nécessaire de se montrer trop ambitieux en matière de politique d’intégration.

« Indignation au sujet de l’AfD » (Süddeutsche Zeitung

Les journaux évoquent les vives réactions suscitées par les propos de la présidente du parti populiste AfD au quotidien régional Mannheimer Morgen, samedi. « Nous avons besoin de contrôles efficaces afin qu’il n’y ait plus autant de demandeurs d’asile non enregistrés qui entrent par l’Autriche », a déclaré Frauke Petry, avant d’ajouter : « au besoin, les forces de police à la frontière devraient pouvoir faire usage de leur arme à feu, c’est inscrit dans la loi ».

La presse note qu’en raison de propos dirigés contre l’ordre démocratique, Sigmar Gabriel (SPD) a réclamé une exclusion du parti AfD des débats télévisés sur les chaînes publiques allemandes et laissé entendre que le parti mériterait d’être placé sous la surveillance de l’office fédéral en charge de la protection de la constitution. Les journaux relèvent aussi que les propos de sa présidente ne semblent pas nuire à l’ascension de l’AfD qui, selon un dernier sondage publié dimanche, gagne deux points par rapport à un précédent sondage publié dimanche dernier et serait crédité de 12% d’intentions de vote.

  1. Europe

Allemagne / France : « Seuls 414 réfugiés sur 160 000 ont été relocalisés au sein de l’UE » (Bild)

Le tabloïd Bild publie des statistiques montrant la difficulté de mise en œuvre du plan adopté début octobre par le Conseil européen, visant à relocaliser un total de 160 000 migrants arrivés en Grèce et en Italie dans d’autres Etats membres. Seuls 414 réfugiés ont été transférés dans le cadre de ce plan, dont 140 en Finlande, 62 en France, 50 aux Pays-Bas, et 39 en Suède, note Bild. Dans son éditorial, le quotidien populaire appelle tout particulièrement la France à se montrer davantage solidaire de l’Allemagne dans la crise migratoire européenne, rappelant que l’axe franco-allemand fut pendant longtemps la « source d’énergie de l’Europe ». « La France devrait se souvenir de la force et de l’effet d’entraînement de l’axe franco-allemand. Le président Hollande, avec la chancelière Merkel, devrait se poser en stimulateur dans la résolution de cette crise », exhorte Bild.

« Cameron et Bruxelles proches d’un accord ? » (Handelsblatt)

Les négociations sur les exigences britanniques en matière de réformes de l’UE comme conditions d’un maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne « sont en bonne voie », rapporte le Handelsblatt tandis que Die Welt indique que « l’UE veut calmer Cameron avec un ‘frein d’urgence’ » permettant un moratoire temporaire sur le versement de prestations sociales aux ressortissants européens si celles-ci menace l’équilibre du système social du pays d’accueil. Les médias en ligne soulignent ce matin que si le Premier ministre britannique parlait hier soir, après avoir reçu le président du Conseil européen, d’un accord avec l’UE, Donald Tusk s’est montré plus réservé en estimant qu’on ne pouvait encore parler d’accord. La Frankfurter Allgemeine Zeitung, dans un commentaire publié samedi, juge que les négociations entre Bruxelles et Londres ne vont pas déboucher sur une réforme en profondeur de l’UE mais sur un compromis permettant à David Cameron de plaider le maintien du Royaume-Uni dans l’UE : « il n’a jamais eu l’ambition de réformer l’UE, il a appelé au référendum pour des motifs de politique intérieure, et les électeurs britanniques se moquent bien de la formulation exacte du compromis lors du prochain Conseil européen. La décision de sortir ou non de l’UE, les Britanniques la prendront avant tout en fonction de l’image qu’ils se font d’eux-mêmes et quasiment pas en fonction des avancées de l’UE », conclut la FAZ.

« L’Italie réclame un rôle dirigeant en Europe » (FAZ)

« Malgré l’emballement médiatique qui a précédé, surtout en Italie, la rencontre entre le Premier ministre italien et la chancelière fédérale en Allemagne, celle-ci n’a visiblement débouché sur aucun résultat tangible » pour Matteo Renzi, écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung en rappelant que le chef du gouvernement italien plaidait en faveur de davantage de flexibilité budgétaire et que dans ce contexte, l’Italie persiste dans son refus d’abonder le fond de soutien à la Turquie. Dans un éditorial intitulé « l’Italie contre l’Allemagne », la FAZ considère que Matteo Renzi, en prenant depuis quelques semaines la tête d’un courant anti-allemand au sein de l’UE, répond essentiellement à des préoccupations de politique intérieure. « Ses poses de vainqueur en matière de réformes structurelles ne convainquent pas », juge sévèrement le quotidien, « ce n’est pas en brandissant l’étendard de l’idée européenne qu’il dissimulera les maigres résultats de la politique de Rome ».

  1. International

« Le voyage de Seehofer pour rencontrer Poutine suscite l’indignation » (Die Welt)

La presse rend abondamment compte des critiques exprimées ce week-end à l’encontre du déplacement politique du ministre-président de Bavière Horst Seehofer (CSU) et de son prédécesseur Edmund Stoiber, jeudi prochain, à Moscou, lors duquel ils doivent s’entretenir avec Vladimir Poutine. La FAZ indique que le porte-parole pour la politique étrangère du groupe politique SPD, Niels Annen, a mis en garde contre l’intervention de Munich dans la politique étrangère « qui se fait à Berlin ». Le quotidien de Francfort rapporte que même le porte-parole pour la politique étrangère du groupe politique CDU, Roderich Kiesewetter, a demandé une annulation du déplacement en raison du « positionnement de M. Seehofer contre la chancelière dans le débat sur les réfugiés ». Les éditorialistes se montrent également critiques. « Ce déplacement est une erreur » juge le Tagesspiegel, qui, à l’unisson des autres médias, décrit un contexte d’ingérence russe dans la politique intérieure allemande marqué par les critiques de Sergueï Lavrov sur la sécurité des Germano-russes en Allemagne après la rumeur d’agression d’une adolescente par des réfugiés à Berlin. Les journaux reprennent ce matin la révélation du Spiegel, selon lequel Moscou serait à l’origine de la dernière attaque informatique contre le Bundestag.

Syrie : « des pourparlers pour la paix difficiles à Genève » (Tagesspiegel)

Les quotidiens se montrent pessimistes sur le climat des pourparlers. Rappelant les nombreuses difficultés à organiser ces négociations, la FAZ s’inquiète que les préconditions de l’opposition syrienne ne permettent pas d’avancer. Le journal de Francfort, indiquant que l’opposition « accepte seulement les groupes qui sont sous l’égide saoudienne », craint que les pourparlers ne conduisent qu’« à un choix entre le régime actuel et le modèle gouvernemental saoudien ». La Süddeutsche Zeitung s’inquiète pour sa part de l’attitude de la Russie et estime qu’ « il ne reste qu’à espérer que l’Iran et la Russie soient prêts à forcer Assad à un compromis pour la paix ».

« La France met Israël sous pression » (Berliner Zeitung)

La Berliner Zeitung rapporte que le Ministre a annoncé, vendredi, à l’occasion de ses vœux au corps diplomatique, vouloir réunir dans les prochaines semaines une conférence internationale impliquant les Etats-Unis, l’Europe et les pays arabes pour permettre de nouvelles négociations dans le processus de paix et aboutir à une solution de deux Etats. Le quotidien de Berlin souligne que Laurent Fabius a affirmé que la France « prendrait ses responsabilités et reconnaîtrait l’Etat de Palestine » dans le cas où « cette dernière tentative » de discussion échouerait. Le journal note que cette annonce a été bien accueillie par l’Autorité palestinienne, mais a provoqué une certaine fébrilité en Israël./.