Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

29 février 2016

Ce document est à usage interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. Les vifs échanges entre les partis de la grande coalition pendant le week-end, notamment entre MM. Gabriel et Schäuble sur l’impact de la crise migratoire sur le budget 2017, font les gros titres de la presse allemande ce matin : « foire d’empoigne sur l’argent et les réfugiés : le ton devient aigre au sein de la coalition » (Die Welt) ; « le SPD accroît la pression sur M. Schäuble » (Der Tagesspiegel) ;  « querelle sur les ‘attaques faites sous l’emprise de la colère’ de M. Schäuble » (Süddeutsche Zeitung qui cite la secrétaire général du SPD Katarina Barley). Pour sa part, la Frankfurter Allgemeine Zeitung titre sur le « succès des réformateurs aux législatives iraniennes ». Le quotidien économique Handelsblatt consacre sa Une à une interview du patron d’Audi Rupert Stadler qui déclare vouloir changer le modèle d’entreprise du constructeur automobile en augmentant la part des revenus généré par les services et le numérique (« la rupture d’Audi »).
  2. Allemagne

Crise migratoire : « Merkel demande aux citoyens d’être patients » (Berliner Zeitung)

En raison de l’heure tardive de l’émission, quelques journaux seulement (Bild, Berliner Zeitung) font état des propos de la chancelière, hier soir, lors du talk-show politique de la chaîne de télévision publique ARD. Unique invitée de l’émission, la chancelière a défendu et justifié sa position, réaffirmant sans relâche son espoir dans une solution européenne. Enumérant les progrès qui ont été accomplis en matière d’enregistrement des réfugiés, Mme Merkel a répété son attachement à la préservation de l’espace Schengen, insisté sur le fait qu’elle n’avait pas de plan B et mis en garde contre des décisions unilatérales en Europe de fermeture des frontières qui ne contribuent pas à une solution globale.

Selon des informations de l’hebdomadaire Welt am Sonntag, le ministre fédéral de l’intérieur, Thomas de Maizière (CDU), travaillerait à un plan envisageant les reconduites à la frontière pour le cas où la coopération entre la Grèce et la Turquie ne s’avèrerait pas suffisante pour faire baisser significativement le nombre d’entrées dans l’UE. Reprenant des informations véhiculées par plusieurs médias bavarois, la Berliner Zeitung évoque en outre l’éventualité de rétablir les contrôles à la frontière et la possibilité de fermer la frontière entre la Bavière et l’Autriche si la chancellerie fédérale donne son feu vert en ce sens.

Dans un entretien à l’hebdomadaire Der Spiegel, le ministre-président bavarois et chef de la CSU, Horst Seehofer déclare que si l’objectif demeure celui d’une solution européenne, « plus il est évident que celle-ci n’avance pas, plus il s’avère nécessaire de miser sur des mesures nationales ». « Concrètement, cela signifie des contrôles à nos frontières nationales et des reconduites à la frontières », ajoute-t-il avant de saluer la décision autrichienne de fixer un quota quotidien d’entrées sur le territoire.

« Schäuble attaque Gabriel dans le conflit budgétaire » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)

L’ensemble de la presse se fait l’écho de la vive réaction depuis le G20 à Shanghai du ministre fédéral des finances Wolfgang Schäuble aux exigences du vice-chancelier et ministre de l’économie Sigmar Gabriel de mettre en place, outre le « plan intégration » demandé depuis plusieurs mois par le SPD pour aider les réfugiés, un plan social destiné à soutenir les Allemands les plus vulnérables, comprenant la création de places de crèches, la construction de logements sociaux, la revalorisation des retraites les plus faibles, ainsi que l’abandon de la ligne de consolidation budgétaire. Aux inquiétudes de Sigmar Gabriel selon qui les citoyens allemands pourraient se sentir injustement laissés de côté en raison de la priorité donnée au financement de la crise des réfugiés, le ministre des finances a rétorqué que de tels « racontars » destinés à justifier des dépenses dans tous les domaines pour éviter que l’extrême droite ne progresse sur fond de crise des réfugiés étaient « vraiment lamentables ». Insistant sur la colère de W. Schäuble, les journaux manifestent peu de compréhension pour le point de vue de Sigmar Gabriel dont Die Welt souligne la « nervosité » à l’approche des scrutins électoraux du 13 mars. Le tabloïd Bild estime que contrairement à ce que le chef du SPD laisse entendre, la crise des réfugiés n’a provoqué jusqu’ici aucune augmentation d’impôt ou coupe dans les prestations sociales. « Non seulement le citoyen n’a dû renoncer à rien, mais des enseignants, policiers et fonctionnaires supplémentaires ont été recrutés ». En pointant du doigt un supposé écart de traitement, S. Gabriel ne fait qu’aggraver la situation, juge le tabloïd.

  1. Europe

Crise des réfugiés : « Vienne et Athènes se querellent » (Tagesspiegel)

La presse allemande ne cache pas son inquiétude devant les tensions croissantes entre l’Autriche et la Grèce et les conséquences pour Athènes des blocages aux frontières de la route des Balkans. « Alors que les Grecs continuent de peiner sous le poids de la crise de la dette, les choses empirent : l’Europe laisse Athènes se débrouiller seule avec les migrants. C’est un désastre qui se profile au cœur de l’UE », s’alarme la Süddeutsche Zeitung. « La Grèce est punie pour sa situation géographique, c’est sur le dernier que se referme le piège. Et si l’on n’arrive pas à mettre en place des hotspots en Turquie, c’est la Grèce toute entière qui va jouer les hotspots », prévient le quotidien de Munich. Dans une interview accordée à Die Welt, le ministre de l’Intérieur de Basse-Saxe, Boris Pistorius (SPD), se prononce pour l’envoi de policiers allemands en Turquie et en Grèce pour aider l’agence Frontex à enregistrer réfugiés, et plaide également en faveur de centres d’enregistrement en Turquie. Il estime que la fermeture de frontières nationales ne peut être qu’une solution transitoire : « une fermeture durable serait à mon avis irresponsable. Si les pays européens fermaient leurs frontières intérieures, cela entraînerait par un effet de cascade à se débarrasser du problème chez les Grecs, et c’est la Grèce qui, à la fin, s’effondrerait. Personne ne peut vouloir cela ».

Interview de Paolo Gentiloni dans le Handelsblatt

Le ministre italien des Affaires étrangères accorde un entretien à la correspondante à Rome du quotidien, dans lequel il estime qu’il faut maintenir l’espace Schengen et réformer les règles de Dublin : « la géographie ne peut pas être le critère décisif en matière d’accueil des réfugiés. Les pays d’entrée [sur le sol européen] peuvent assumer la responsabilité d’enregistrer les migrants, mais tout le reste – du contrôle des frontières extérieures à la lutte contre les passeurs, de l’accueil des demandeurs d’asile au refoulement de ceux qui n’y ont pas droit, et enfin les règles elles-mêmes du droit d’asile – doit être partagé au niveau européen », insiste-t-il.

« Dans quelle mesure la Deutsche Börse va-t-elle rester allemande ? » (Handelsblatt)

La Frankfurter Allgemeine Zeitung et le Handelsblatt relaient les critiques qui ont accueilli, chez les responsables politiques et l’autorité de la concurrence de Hesse, les plans de fusion de la Deutsche Börse et du London Stock Exchange, qui ont confirmé vendredi vouloir implanter le siège du futur conglomérat à Londres. La FAZ déplore que la Deutsche Börse, « le plus important des deux partenaires, se fasse plus petite qu’elle n’est ».

  1. International

« Succès des réformateurs lors des élections législatives en Iran » (FAZ)

La presse allemande salue la victoire des réformateurs et des conservateurs modérés soutenus par le président Rohani aux législatives iraniennes. A l’instar de la Frankfurter Allgemeine Zeitung, la presse souligne qu’H Rohani a réussi « un test important pour [sa] politique d’ouverture en douceur du pays » symbolisée par l’accord sur le dossier nucléaire. Rapportant que le président iranien a présenté le résultat des élections comme le début d’« une nouvelle ère » pour l’Iran, les commentateurs se montrent néanmoins prudents sur les conséquences à en attendre. La FAZ estime que ce résultat permettra de « renforcer les relations entre Téhéran et l’Occident », mais qu’une évolution sur la Syrie n’est pas à attendre, Téhéran continuant de voir le régime de Damas comme un rempart face à Daech. Le Handelsblatt espère qu’H. Rohani va poursuivre « une politique des petits pas » afin d’ouvrir le pays aux investisseurs étrangers, mais le quotidien économique, tout comme le Tagesspiegel, ne croit pas à des réformes politiques. La Süddeutsche Zeitung craint que ce résultat n’attise les tensions entre M. Rohani et les conservateurs « affaiblis », mais qui tiennent les postes clés du régime.

Réunion des ministres des Finances du G20 à Shanghai : « le sommet des crises » (Handelsblatt)

Les quotidiens allemands jugent que les ministres des Finances du G20 se sont efforcés de faire preuve d’optimisme, malgré le constat des difficultés actuelles de l’économie mondiale que ne peut cacher, souligne le Handelsblatt, le communiqué final de la rencontre :’« [il s’agissait d]’un sommet des crises : les risques pour l’économie mondiale ont augmenté, les prix des matières premières ont chuté, les conflits géopolitiques ont escaladé, et s’ajoutent à cela le choc d’un éventuel Brexit et le choc de la crise des réfugiés ». Les journaux mettent en avant dans leurs comptes rendus les messages pour la poursuite des réformes structurelles et contre de nouveaux plans de relance budgétaire portés par le ministre des Finances allemand, Wolfgang Schäuble (CDU). La Berliner Zeitung regrette que les pays du G20 n’aient « réussi à s’entendre que sur le fait que chacun fait ce qu’il considère être bon pour lui » au détriment d’une action collective./.