Synthèse de la presse quotidienne
11 mars 2016
Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne
- La nouvelle baisse de taux décidée hier par la BCE fait les gros titres de Die Welt (« zéro pour cent. L’Europe supprime les taux ») du tabloïd Bild (« taux à 0%. Que faire à présent de votre argent ? ») et du quotidien économique Handelsblatt qui consacre son dossier du week-end au « jeu dangereux de Mario Draghi avec l’argent de l’épargnant allemand » avec un photomontage du président de la BCE flambant un billet de 100€ pour allumer un cigare (« Whatever it takes »). La Süddeutsche Zeitung titre pour sa part qu’après la fermeture de la route des Balkans, « l’UE veut fermer les routes migratoires de contournement ». Le Tagesspiegel met en avant que « d’après les Nations Unies, l’accord Turquie-UE est illégal ». La Frankfurter Allgemeine Zeitung indique que les « milieux de sécurité reprochent à Moscou de chercher un affaiblissement systématique de l’UE », notamment par une politique de propagande et d’ingérence politique.
- Allemagne
Entretien de la chancelière avec la Berliner Zeitung : « le succès de l’AfD va retomber »
A deux jours de scrutins régionaux importants, la chancelière adresse, dans un entretien à la Berliner Zeitung, un message d’optimisme. Interrogée sur les chances du parti populiste AfD de s’établir durablement dans le paysage politique allemand, elle compare la situation actuelle sur fond de crise des réfugiés à la situation au plus fort de la crise de la dette. « A partir du moment où les gens ont vu que l’Europe avait pris les bonnes décisions, l’adhésion à l’AfD est aussitôt retombée », indique-t-elle avant d’ajouter que « petit à petit notre politique migratoire montre des résultats ». Défendant le compromis avec la Turquie, elle fait valoir qu’il est trop tôt pour en tirer des conclusions sur l’issue du processus d’adhésion du pays à l’UE, de nombreux aspects, comme la question chypriote, devant être réglés.
Concernant les scrutins de dimanche, la presse fait état des dernières enquêtes d’opinion selon lesquelles le SPD (36%) remonterait de deux points dans les sondages en Rhénanie-Palatinat et se situerait à présent devant la CDU (35%). Dans le Bade-Wurtemberg, les Verts (32%) seraient toujours en tête devant la CDU en légère perte de vitesse et juste au-dessous de la barre des 30%. En Saxe-Anhalt, la CDU se maintient en tête avec 32%, son actuel partenaire de coalition SPD reculant légèrement (14%). Crédité de 18% en Saxe-Anhalt, le parti populiste AfD se situe à 11% en Bade-Wurtemberg et à 9% en Rhénanie-Palatinat.
- Europe
Interview du président macédonien dans Bild
Dans un entretien que publie le tabloïd Bild, le président macédonien se montre extrêmement critique envers la gestion par l’Europe de la crise migratoire. « Nous ne sommes rien. Ni un pays européen, ni un membre de l’OTAN et pourtant nous protégeons l’Europe d’un pays européen qui n’est pas en mesure de contrôler les réfugiés, ou plus exactement les laisse passer ». « Dans la crise des réfugiés, nous payons pour les erreurs de l’UE et avons déjà dû dépenser 25 millions d’euros de recettes fiscales. Et qu’avons-nous reçu de la part de l’Europe ? Rien ! Pas un centime ». Pointant une gestion de crise trop lente de l’UE, il déplore aussi l’absence de progrès en matière de perspective d’adhésion de son pays. « Nous sommes en quelque sorte coincés dans l’ascenseur depuis 25 ans ». Jugeant que l’Allemagne a « très bien agi sur le plan humanitaire, mais totalement échoué sur le plan sécuritaire », il indique à titre d’exemple que ni l’Europe, ni l’Allemagne n’a accepté de coopérer avec son pays pour échanger des informations sur des djihadistes potentiels au motif que la Macédoine est un pays tiers.
Crise migratoire/Conseil JAI : « le ministre allemand de l’intérieur insiste sur la reconduite des réfugiés en Turquie » (Süddeutsche Zeitung)
La presse rapporte les propos du ministre fédéral de l’intérieur, Thomas de Maizière (CDU), qui a appelé ses homologues européens à « aborder de manière constructive » les points critiques et s’est montré confiant dans la possibilité d’avoir réglé les problèmes juridiques d’ici au prochain conseil européen. Dans un article de une, le Tagesspiegel signale le point de vue de l’ONU qui, par la voix de son commissaire aux droits de l’homme, a jugé illégal le projet d’accord entre l’UE et la Turquie. Sur la base de l’interview du Ministre à i-Télé, le quotidien de Berlin relève par ailleurs que la chancelière vient de recevoir le soutien de Jean-Marc Ayrault. Pour le Tagesspiegel, en déclarant que la chancelière avait eu « moralement et politiquement raison » d’ouvrir les portes de l’Allemagne aux réfugiés syriens, le Ministre « a pris le contrepied du Premier ministre ».
BCE : « Draghi abaisse les taux à zéro » (Süddeutsche Zeitung)
Sans surprise, l’ensemble des journaux réagissent avec force critiques aux mesures annoncées hier par le président de la BCE. Le tabloïd Bild pointe du doigt une politique désastreuse pour l’épargnant et qui fait le jeu des grands investisseurs et fonds souverains. La Süddeutsche Zeitung décrit des responsables politiques et boursicoteurs accros à la drogue de l’argent facile et comme la FAZ et le Handelsblatt s’interroge sur le bien-fondé d’une politique qui rate son objectif de relance de la croissance et mène dans l’impasse tout en s’accompagnant de risques et d’effets secondaires de plus en plus visibles. Constatant que Mario Draghi vide une à une toutes ses cartouches, les quotidiens se demandent aussi avec quel argent il serait en mesure de soutenir l’euro si jamais une grave crise telle celle de 2008 survenait.
- France/International
TTIP : « tir de harcèlement depuis Paris » (Handelsblatt)
Le Handelsblatt rendant compte de l’entretien de M. Fekl avec plusieurs médias allemands mercredi, relève que la France « refuse une version light du traité » et « menace ouvertement de faire échouer les négociations s’il n’y a pas de rapprochement sur des points importants de l’accord tels que la protection des investissements ou encore le secteur des appels d’offres publiques ». Précisant que le secrétaire d’Etat en charge du commerce extérieur s’est entretenu à Berlin avec Matthias Machnig, secrétaire d’Etat au ministère allemand de l’économie, le journal relève que Français et Allemands défendent des positions proches et que Bernd Lange (SPD), président de la commission du commerce international au parlement européen, partage le constat de M. Fekl sur l’absence de volonté américaine de réellement négocier. Le quotidien note par contraste la confiance de la commissaire européenne Cecilia Malmström et l’optimisme affiché par l’ambassadeur américain auprès de l’UE (dont il publie un entretien en regard), dans lequel ce dernier indique que les propositions européennes sont à l’étude.
Dans un commentaire intitulé « coup de poker sur un deal », le quotidien économique estime que la négociation du TTIP relève de la « douche écossaise (…) A peine a-t-on une lueur d’espoir, aussitôt est-elle anéantie ». Ainsi, à peine veut-on voir dans l’accord trouvé avec le Canada sur la protection des investisseurs un modèle pour le TTIP que le 12e round de négociations ramène à la réalité et que la France « applique aux Américains le pistolet sur la tempe » en disant que « soit les Etats-Unis acceptent les conditions de la France et de l’Allemagne sur la cour de règlement des différends relatifs aux investissements et ouvrent leurs marchés publics, soit il n’y a pas d’accord ». « Il n’est certes pas nouveau que la France pose haut et fort ses conditions concernant le TTIP, continue le journal, mais le mandat du président Obama touchant à sa fin, de telles menaces gagnent en importance » car quel que soit le vainqueur des présidentielles américaines, les négociations TTIP ne seront pas plus faciles à l’issue. Le temps presse et de premières inquiétudes se font jour sur l’éventualité qu’un TTIP light puisse voir le jour. Le journal estime qu’on paie actuellement les conséquences du manque de transparence initial dans les négociations. C’est une raison de plus de se rasseoir au plus vite à la table des négociations, conclut-il.
- International
« Les milieux de la sécurité reprochent à Moscou de chercher un affaiblissement systématique de l’UE » (FAZ)
Dans un long reportage, la Frankfurter Allgemeine Zeitung se fait l’écho des révélations du tabloïd Bild hier selon lequel les services de sécurité intérieure allemands auraient détecté une volonté russe de déstabiliser la politique allemande. Le quotidien de Francfort ajoute qu’on s’inquiète au-delà d’une volonté russe « d’affaiblir l’Union européenne via la propagande et l’ingérence politique ». Selon la FAZ, « il existerait une liste établie par les services secrets russes qui classerait les pays de l’Union européenne en fonction de la sensibilité de leur politique et de leur société à la manipulation » et dans laquelle l’Allemagne figurerait en position « vulnérable » en raison de l’escalade de la crise des réfugiés. Le journal ajoute qu’« à Berlin, circule l’idée que les services secrets de propagande russe utiliseraient l’ancien employé de la NSA, Edward Snowden, contre l’Occident ».
5ème anniversaire de la catastrophe nucléaire de Fukushima
Cinq ans après la catastrophe de Fukushima, les éditions de ce matin dressent un bilan de la transition énergétique dans le monde et en Allemagne. Le Handelsblatt estime que la catastrophe nucléaire de Fukushima a bien donné « une impulsion pour susciter un tournant énergétique », mais regrette que la transition énergétique allemande ne soit pas plus avancée aujourd’hui, notamment dans les domaines des transports et de l’industrie. Le quotidien économique déplore également que l’Allemagne n’ait pas fait école. La FAZ fait un constat identique soulignant qu’en matière de sortie complète du nucléaire « l’Allemagne est relativement seule » et appelle à une sortie progressive en raison du poids que garde cette énergie dans la production d’électricité. La Süddeutsche Zeitung et le Tagesspiegel mettent en avant le maintien d’un risque élevé d’accident nucléaire en Europe – citant, sans insistance, Fessenheim parmi d’autres centrales frontalières de l’Allemagne – et appellent les Européens à mettre fin à la construction de nouveaux réacteurs./.