Après l’accident nucléaire survenu au Japon, Berlin a opté pour le retrait définitif et progressif de l’atome civil.
Très vite après la catastrophe intervenue au Japon, Berlin a décidé d’un virage drastique avec l’abandon – définitif et progressif – du nucléaire. Dans une étude dédiée au sujet – à savoir le bilan cinq ans après de la révolution énergétique allemande -, la société de conseil Alcimed met en perspective ce bouleversement du paysage. En rappelant notamment deux objectifs clés assignés par l’«Energiewende» («tournant énergétique»): d’une part, une réduction des émissions de CO2 de 40% en 2020 par rapport à 1990, d’autre part, une augmentation graduelle de la part de la production d’électricité à partir des énergies renouvelables jusqu’à 80% en 2050.
Pour ce second point – la montée en puissance du renouvelable -, le cap a été suivi assez vite puisqu’en 2014, les énergies renouvelables représentaient 25,8% de la production d’électricité, en augmentation de plus de 10 points par rapport à 2009, note Alcimed. En revanche, le bilan carbone reste grandement à améliorer «car la part du lignite et du charbon dans la production d’électricité n’a pas diminué au profit des énergies renouvelables, mais a même augmenté légèrement depuis 5 ans pour compenser la sortie du nucléaire et profitant de la baisse des prix du charbon.»
Inverser la courbe du charbon
«L’Allemagne est le seul pays dans le monde de cette importance, avec peut-être quelques états américains, à avoir amorcer un tel virage énergétique, commente Jean-Philippe Tridant-Bel, directeur de la business unit (BU) Énergie et Environnement au sein du cabinet Alcimed. Elle est à mi-parcours de son plan et de ses objectifs in fine: l’arrêt du nucléaire, acté dans les faits et dans le paysage des énergéticiens allemands à présent, a permis un développement sans précédent des renouvelables, du stockage, du recours à l’efficacité énergétique et de la responsabilisation des particuliers dans leurs consommations.»
Pour Jean-Philippe Tridant-Bel, la moitié du chemin qu’il reste à parcourir est maintenant d’inverser le recours au charbon, qui a été choisi comme «palliatif compensatoire pragmatique» au nucléaire et comme complément aux renouvelables mais aussi de préparer l’après subventions de certaines initiatives et d’accompagner la mutation des transports et des industries vers l’électrique vert. Il note au passage que l’Allemagne est devenu un véritable laboratoire d’expérimentations sans tabous sur le mixte énergétique et les mesures fiscales.
Le Figaro 12/03/2016