Les AntiCafé réinventent le bistrot

Créé en 2013, le concept des Anticafé est déjà un succès. Dans ces bistrots connectés, les clients paient à l’heure et consomment à volonté.

« Il n’y a pas d’équivalent aux Etats-Unis ! » s’enthousiasme une étudiante américaine, cachée derrière les volutes de son cappuccino et son écran d’ordinateur « pour quelques heures encore ». A chacun de ses passages à Paris, Gricelda Gomez, future diplômée de Harvard, fait escale à L’AntiCafé pour potasser ses cours entre deux excursions. Serait-ce un nouveau monument de la gastronomie française ? Non, un pari audacieux plutôt : le premier bistrot parisien où l’on paie… à l’heure. Sept jours sur sept, consommations à volonté et wi-fi offert.

Aldo, économiste pour le ministère des Finances britannique, s’acquittera de 5 euros pour l’heure passée ce dimanche à préparer en urgence la réunion des pays membres de l’OCDE organisée mardi. Pas le temps de dévaliser le buffet des desserts. « Les gloutons sont rares heureusement », sourit Sébastien, le serveur de vingt-trois ans, ancien livreur de pain lassé des horaires du pétrin.

Si ouvertures depuis 2013

« Nous avons cherché à créer l’espace idéal pour permettre aux gens de se concentrer et de créer », résume Nicolas Perrot, vingt-six ans, l’un des jeunes associés de l’affaire. Et plutôt que d’améliorer l’existant, les fondateurs ont reposé l’équation : ils sont partis des besoins des usagers. Pouvoir travailler à toute heure, au calme, réviser, réfléchir, sans rester seul chez soi ni se ruiner au comptoir, tels étaient les rêves de la nouvelle génération connectée. Un rêve devenu un succès entrepreneurial.Chacun des six AntiCafé ouverts depuis 2013 a atteint l’équilibre en quelques mois. Avec plus de 300.000 visiteurs au compteur depuis le lancement du concept, l’entreprise emploie 38 salariés et affiche un chiffre d’affaires de 1,4 million d’euros en 2015, qu’elle espère doubler cette année. L’objectif est d’ouvrir pas moins de 50 AntiCafé d’ici à 2018, en France et en Europe. Déjà, « Time Out », la bible des touristes branchés, recommande l’adresse.

Les Echos 20/03/2016