Synthèse de la presse quotidienne
8 avril 2016
Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne
- Divers sujets se partagent les unes de la presse. La Frankfurter Allgemeine Zeitung note que « l’UE et l’Ukraine sont déçues par le ‘non’ des Néerlandais » au référendum sur l’accord d’association avec l’Ukraine. La Süddeutsche Zeitung met en avant la fin de la polémique entre la CSU et la CDU sur la question des contrôles à la frontière avec l’Autriche (« dégel »). Les primes des dirigeants de Volkswagen font les gros titres de Die Welt (« le conseil de surveillance de Volkswagen invite le directoire à renoncer à ses primes ») et du Handelsblatt (« l’homme qui valait 10 millions [H.-D. Pötsch] ». Le Tagesspiegel reprend à sa Une la révélation de Die Welt hier sur le fait qu’un meurtrier appartenant à la cellule néo-nazie NSU travaillait chez un agent infiltré des renseignements généraux [Office de protection de la Constitution] (« scandale NSU : nouveaux doutes sur le rôle de l’Etat »).
- 18ème Conseil des ministres franco-allemand
« Paris veut décharger l’Allemagne sur la crise des réfugiés » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)
Le 18ème Conseil des ministres franco-allemand fait l’objet de comptes rendus essentiellement factuels, qui mettent en général en avant une atmosphère marquée par la volonté d’afficher l’unité du couple franco-allemand, photos des rires précédant la photo de famille à l’appui.
La FAZ met en exergue la volonté manifestée par le président de la République et la chancelière d’une solution commune pour régler la crise migratoire en Europe. « Sur le modèle de l’accord entre l’UE et la Turquie, Paris et Berlin, qui désirent contribuer à la stabilisation de la Libye et éviter que des passeurs utilisent de nouvelles routes, souhaitent qu’un accord soit trouvé avec ce pays », relève le quotidien de Francfort qui mentionne également l’insistance de la France et de l’Allemagne sur le fait qu’une protection efficace des frontières extérieures de l’UE doit être la condition préalable à la mise en œuvre du processus de répartition des réfugiés en Europe. Le journal ajoute que le président de la République a laissé entendre qu’une meilleure répartition du fardeau pourrait être envisagée dès lors que les frontières de l’espace Schengen seront efficacement contrôlées et que la chancelière a de son côté affirmé que l’Allemagne partage le souhait de la France de conserver la liberté de circulation au sein de l’espace Schengen. Le quotidien note encore qu’en conférence de presse la chancelière a jugé plus « stimulantes » que « décourageantes » les critiques exprimées par le Premier ministre français à Munich à l’encontre de la politique d’ouverture de l’Allemagne aux réfugiés.
La sécurité des frontières de l’UE est également relevée par le tabloïd Bild (« Merkel et Hollande veulent mieux protéger les frontières de l’UE ») et par la Berliner Zeitung (« Merkel et Hollande insistent sur la protection des frontières extérieures de l’UE »).
Le journal berlinois Tagesspiegel met pour sa part en avant la volonté de la France et de l’Allemagne de coopérer plus étroitement pour promouvoir l’intégration dans les deux pays. De même que la FAZ et la Süddeutsche Zeitung, le journal mentionne qu’en amont du CMFA le président et la chancelière se sont entretenus avec 80 jeunes français et allemands issus de l’immigration. Les quotidiens évoquent dans ce contexte la remise du rapport rédigé par M. Ayrault et Mme Kramp-Karrenbauer proposant la création d’un Conseil de l’intégration franco-allemand.
Sous le titre « Merkel et Hollande veulent faire la chasse aux fraudeurs fiscaux », le quotidien économique Handelsblatt met l’accent sur la détermination affichée par la France et l’Allemagne dans la lutte contre la fraude et l’évasion fiscale. Le journal mentionne également qu’en matière d’approfondissement de l’UEM, une contribution commune franco-allemande devrait intervenir d’ici à la fin de l’année, destinée à « permettre un examen du cadre politique, des instruments communs et des bases juridiques », ce qui, juge le journal, se situe « en-deçà de propositions conjointes pour faire évoluer l’union monétaire ». « Le gouvernement fédéral est d’avis que de nouvelles initiatives visant à approfondir l’intégration présentent peu d’intérêt tant que la France tarde à mettre en œuvre de vraies réformes structurelles et à prendre en compte les recommandations de la commission européenne », fait encore valoir le quotidien.
Dans un compte rendu de son correspondant parisien Christian Wernicke, la Süddeutsche Zeitung déplore que le 18ème conseil des ministres franco-allemand ait « une fois de plus » illustré la devise selon laquelle « l’espoir de voir les choses s’améliorer demeure le fil conducteur des rencontres et sommets franco-allemands ». « Toutes les bonnes intentions ont été déclinées sur les 18 pages du relevé de conclusions: davantage de coopération entre les services de renseignement pour lutter contre les terroristes, une meilleure protection des frontières extérieures de l’UE, des évidences. Mais les choses plus compliquées ont été repoussées à plus tard », notamment l’architecture future d’une politique d’asile européenne ou encore l’approfondissement de l’UEM. « A douze mois des élections de 2017, les deux gouvernements obéissent à leurs impératifs propres, dictés par les contraintes de politique intérieure », juge le journal.
- Europe
Référendum néerlandais : « une gifle démocratique pour l’Europe » (Die Welt)
L’ensemble de la presse s’accorde à constater que la victoire du « non » au référendum néerlandais sur l’accord d’association UE-Ukraine, pour marginal que soit le nombre réel de votants, est une « mauvaise nouvelle de plus » pour une Europe à la cohésion vacillante sous l’impact des crises successives. Soulignant la « déception de l’UE et de l’Ukraine » (FAZ), la « tristesse » du président de la commission européenne (Süddeutsche Zeitung, Handelsblatt) et citant la réaction du ministre allemand des Affaires étrangères F.-W. Steinmeier (« ce n’est pas un bon jour pour l’Europe »), les médias voient dans ce référendum un « échec pour l’Europe » (Tagesspiegel), une Europe soumise au « diktat de ceux qui lui disent non » (Die Welt), des « partisans systématiques du non » (Süddeutsche Zeitung). « C’est une tempête de défiance qui souffle actuellement sur l’Europe », observe la FAZ, pour qui c’est aux gouvernements de lutter contre l’euroscepticisme et le malaise de leurs concitoyens – ce que le gouvernement Rutte a trop peu fait, déplore le quotidien en espérant que le gouvernement britannique en tire les leçons et passe à l’offensive contre les tenants du « Brexit ». Le non des eurosceptiques néerlandais, faisant écho à la résurgence des nationalismes dans les autres Etats membres, « joue le rôle d’amplificateur et pourrait finir de convaincre les Britanniques de dire bye-bye à l’UE », craint aussi la Süddeutsche Zeitung. La Berliner Zeitung n’est pas plus optimiste : « ce vote ne présage rien de bon, car Cameron aussi a perdu l’initiative ».
Les médias se rejoignent également dans le constat que la victoire des nationalistes néerlandais conforte la stratégie de la Russie de miser sur les partis populistes européens pour affaiblir l’UE : « le résultat du référendum est une grande victoire pour Vladimir Poutine » (Tagesspiegel), « il encourage la Russie à continuer de déstabiliser l’UE et l’Ukraine » (Die Welt). Tous les journaux soulignent les paradoxes tragiques du rejet par les eurosceptiques néerlandais d’un accord d’association pour lequel les Ukrainiens ont lutté au péril de leur vie et alors que de nombreux Néerlandais ont péri dans un crash aérien du fait de séparatistes armés par la Russie.
Projet de réforme européenne de la TVA
La présentation par la commission européenne d’un plan d’action visant à lutter contre la fraude à la TVA dans l’Union européenne fait l’objet de comptes rendus détaillés, lesquels soulignent la complexité de l’entreprise, qui n’en est encore qu’au début des consultations institutionnelles. La Berliner Zeitung se fait l’écho de critiques des députés européens allemands Sven Giegold (Verts) et Werner Langen (CDU) contre le projet de donner aux Etats membres davantage de souplesse pour fixer les taux de TVA, ce qui irait à l’encontre d’une harmonisation fiscale européenne. La FAZ n’est pas convaincue non plus que ce projet permette de diminuer les aberrations et disparités fiscales entre produits et services européens.
- Allemagne
« Le SPD descend à 21% dans les sondages » (Die Welt)
Les journaux font état de la dernière enquête Deutschlandtrend réalisée par l’institut Infratest Dimap selon laquelle la CDU/CSU perd deux points dans les sondages (34% d’opinions favorables), de même que le SPD (21%). Le parti de droite populiste AfD gagne trois points (14%), de même que les Verts (13%). Die Linke recule de deux points (7%) et le FDP progresse d’un point (7%). Cette enquête fait également apparaître une baisse du taux de satisfaction vis-à-vis de la grande coalition qui s’exerce avant tout au détriment du vice-chancelier et président du SPD Sigmar Gabriel (39% d’opinions positives, soit un recul de cinq points par rapport au mois dernier). En revanche, la popularité de la chancelière et présidente de la CDU progresse de deux points (56%).
Le sondage indique par ailleurs qu’une majorité d’Allemands (56%) jugent mauvais l’accord UE-Turquie. Interrogés sur les partenaires de l’Allemagne, les Allemands mettent en tête la France (89%), devant le Royaume-Uni (73%) et les Etats-Unis (58%). La Russie se situe à 25% et la Turquie à 17%.
- International
Russie : « le front des sanctions s’effrite » (Handelsblatt)
Alors qu’une session du dialogue germano-russe de Saint-Pétersbourg doit se tenir à Sotchi ce week-end, le Handelsblatt affirme que « de plus en plus d’Etats européens plaident pour la levée des sanctions à l’encontre de la Russie », notamment parce que « personne en Occident n’entrevoit de solutions aux problèmes globaux sans inclure la Russie ». « Avant, c’était avant tout la Grèce, la Hongrie et Chypre qui maugréaient lors des réunions européennes, mais la liste de ceux qui souhaiteraient transiger s’est allongée : l’Autriche, parfois la France et la République tchèque, ainsi que l’Italie s’opposent désormais de plus en plus ouvertement à une nouvelle prolongation des sanctions », croit savoir le journal qui cite le ministre italien des Affaires étrangères, Paolo Gentiloni affirmant que « ce régime ne peut pas durer éternellement » mais qu’il ne pourra y avoir de levée des sanctions que si la France et l’Allemagne indiquent qu’il y a eu des progrès dans la mise en œuvre de l’accord de Minsk. Evoquant des concessions que seraient prêtes à faire la France et l’Italie, l’article cite le député européen CDU, Elmar Brok, selon lequel « la France et l’Italie, qui sont loin de l’Ukraine, ont moins d’intérêt que d’autres à demeurer des victimes des sanctions ».
« Berlin offre à Tripoli son aide pour la reconstruction du pays » (FAZ)
Dans un compte-rendu d’entretien avec le ministre fédéral des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier (SPD), la Frankfurter Allgemeine Zeitung indique que l’Allemagne a proposé un soutien au gouvernement libyen d’unité nationale qui devrait notamment prendre la forme d’une contribution à un fonds visant à mettre en œuvre des mesures immédiates pour la stabilisation et la reconstruction du pays en coopération avec le PNUD. « Dans le chaos de la guerre civile, la Libye est devenue un terrain de jeu pour les passeurs criminels et pour les groupes terroristes de l’EI, qui nous menacent également en Europe et en Allemagne », déplore Frank-Walter Steinmeier qui affirme en outre que « nous ne pourrons mettre fin aux agissements des passeurs et des groupes terroristes que s’il y a à nouveau un Etat libyen capable d’agir ». Dans la Rheinische Post, le ministre du développement Gerd Müller (CSU) affirme que 100 000 à 200 000 personnes originaires d’Afrique sub-saharienne se trouveraient en Libye dans l’espoir de rejoindre l’Europe et se trouveraient ainsi livrés à la mafia des passeurs.
- France
« Emmanuel Macron prend les devants » (FAZ)
Le lancement par le ministre de l’Economie de son mouvement « En marche » fait l’objet de brèves dans la Süddeutsche Zeitung et Die Welt et de comptes rendus détaillés à la tonalité bienveillante de la part des correspondants de la Frankfurter Allgemeine Zeitung et du Handelsblatt. Pour les deux quotidiens, le lancement d’un mouvement traduit l’ambition d’Emmanuel Macron de poursuivre son ascension politique au-delà de l’échéance de 2017./.