Synthèse de la presse quotidienne

26 avril 2016

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

1. Le discours de Barack Obama hier à Hanovre fait les gros titres de la Frankfurter Allgemeine Zeitung (« Obama : les idéaux de l’Europe éclairent le monde »), de Die Welt (« l’appel d’Obama à l’Europe ») et du Tagesspiegel (« l’Europe doit faire davantage contre l’EI »). La Süddeutsche Zeitung révèle pour sa part que le gouvernement allemand prévoit « une prime de 5000 euros pour l’achat d’un véhicule électrique ». Le quotidien économique Handelsblatt consacre sa Une à la relaxe par un tribunal de Munich de Jürgen Fitschen, coprésident de la Deutsche Bank, qui était accusé de faux témoignage dans le cadre du procès Kirch (« une question d’honneur »).
2. Allemagne

Electromobilité : « 5 000 euros de prime pour l’achat d’un véhicule électrique » (Süddeutsche Zeitung)

Sous ce titre, le quotidien de Munich évoque le plan que le ministre fédéral des finances s’apprête à dévoiler aujourd’hui, lors de la rencontre à la chancellerie fédérale à laquelle sont conviés plusieurs constructeurs automobiles. Selon le journal, Wolfgang Schäuble (CDU) entend apporter un « soutien généreux » à la filière automobile, à savoir un milliard d’euros d’ici à 2020. Le ministre des finances souhaiterait également aller vite en introduisant dès cette année des incitations financières à l’achat de véhicules électriques (5 000 euros) ou hybrides (3 000 euros), les incitations à l’achat devant être revues à la baisse dès juillet 2018. Le plan de W. Schäuble vise, selon le journal, à répartir les coûts chiffrés à 1,2 milliard d’euros de manière équitable entre l’Etat fédéral et l’industrie automobile, de manière à atteindre l’objectif que s’est fixé le gouvernement de mettre en circulation 1 million de véhicules électriques d’ici à 2020. Dans un commentaire, la Süddeutsche Zeitung tire à boulets rouges sur cette « manière insensée de gaspiller l’argent public » en subventionnant massivement le secteur automobile. « Au lieu de se donner le temps de réfléchir et d’analyser les dommages engendrés par cette politique sur les véhicules diesel, le gouvernement s’apprête à commettre les mêmes erreurs avec les véhicules électriques », se désole le quotidien.

3. Europe/International

Visite en Allemagne du président Obama

A l’instar de la FAZ et de Die Welt qui titrent respectivement « Obama : les idéaux de l’Europe illuminent le monde » et « Obama : appel à l’Europe », la presse évoque largement ce matin le discours prononcé par le président américain à la foire de Hanovre. La FAZ relève que Barack Obama a « mêlé dans son allocution les éloges adressés à l’Europe aux injonctions pour inciter l’UE et l’OTAN à s’engager davantage dans la lutte contre le terrorisme ». La presse souligne dans ce contexte que le président américain a annoncé l’envoi de 250 soldats supplémentaires en Syrie.

Dans leurs commentaires, les journaux marquent leur étonnement face aux accents pro-européens du président américain. « Par ces temps grandement troublés, les déclarations d’Obama qui mettent en garde et redonnent courage se font d’autant plus remarquer », juge la FAZ pour qui c’est quand même un signe d’inquiétude que le président américain saisisse l’occasion de ce qui a sans doute été sa dernière visite en Allemagne pour en appeler à la confiance en soi des Européens. La Süddeutsche Zeitung note aussi cette « tonalité nouvelle » de la part d’un président qui s’est longuement désintéressé de l’Europe pour se tourner vers l’Asie et le Pacifique. « Jamais un président américain ne s’est montré autant soucieux de la situation intérieure européenne et jamais un président américain n’a appelé avec une telle insistance les Européens à l’unité, parce qu’il est de l’intérêt des Etats-Unis d’avoir un partenaire fort dans le monde, mais aussi parce que l’Europe a tant à perdre », fait remarquer le quotidien. « Obama mise sur l’optimisme et l’adhésion face à la peur », résume de son côté le Tagesspiegel. Evoquant le rêve du président américain, Die Welt estime que Barack Obama a esquissé une « vision à la fois claire et forte de l’Europe qui conjugue idéalisme et réalisme politique ». Plus ironique, la tageszeitung fait remarquer que « l’Européen le plus convaincu qui soit semble résider à la Maison Blanche », ce qui, du point de vue du quotidien, s’explique par le fait qu’« il est de l’intérêt propre des Américains de renforcer les forces pro-européennes qui subsistent, ainsi que leur figure de proue qu’est Merkel, car à quelques exceptions près les populistes de droite ont en commun le fait qu’en politique étrangère ils louchent davantage du côté de Moscou que de Washington ».

Les journaux mettent l’accent sur la complicité entre la chancelière et le président américain comme en témoignent les nombreuses photos de leur visite du salon industriel. Ils évoquent plus brièvement la rencontre à cinq au château de Herrenhausen. Le tabloïd Bild indique que la Libye a été le principal sujet de la rencontre, « Obama ayant assuré la chancelière que les Etats-Unis apporteraient eux aussi leur contribution à la stabilisation du pays ». Bild ajoute qu’en ce qui concerne la Syrie, les participants se sont montrés « unis sur le fait que seules les négociations de paix à Genève peuvent apporter une solution ». La FAZ ajoute que sur la crise des réfugiés les Etats-Unis ont fait savoir qu’ils étaient prêts à soutenir non seulement la mission de l’OTAN en mer Egée, mais aussi une mission en Méditerranée entre la Libye et l’Italie. « Merkel a félicité Obama pour cette annonce tout en indiquant clairement qu’à ce stade seule une mission européennes est prévue », note la FAZ.

4. Europe

Succès de l’extrême-droite en Autriche : « sommes-nous menacés de connaître bientôt le même phénomène politique ? » (Bild)

L’arrivée largement en tête au premier tour des présidentielles autrichiennes du candidat du FPÖ, Norbert Hafer est, pour une partie de la presse allemande, le signe de l’usure du système des « grandes coalitions » des partis établis, qui sclérose le paysage politique autrichien depuis l’après-guerre, plus que la conséquence directe de la crise des réfugiés, même si ce facteur ne manque pas d’avoir favorisé le vote populiste. Certains médias expriment la crainte, déjà évoquée lors de la formation des dernières coalitions régionales en Allemagne, que les « grandes coalitions » attisent une « grande frustration » (Bild) des électeurs. « En Europe, les partis classiques, tout à leurs manœuvres de séduction du centre politique, courent le danger de perdre leur profil et de ne plus être identifiables, entraînant une alliance des désespérés aux extrêmes », analyse ainsi la Süddeutsche Zeitung. Ce n’est toutefois pas l’avis du quotidien de gauche Berliner Zeitung, pour qui « les deux-tiers des électeurs de Hofer voulaient juste un leader qui soit ‘contre les étrangers », le mélange de xénophobie, d’euroscepticisme et de populisme étant le « fond de commerce » du FPÖ. Pour Die Welt, cette évolution entraîne un isolement grandissant de l’Allemagne : « en Pologne, en Hongrie, au Danemark et en Suisse, la droite populiste est déjà majoritaire, et maintenant c’est au tour du FPÖ d’avoir du succès : la voie choisie par l’Allemagne dans la crise des réfugiés va s’en trouver plus difficile ».

« L’industrie met en garde contre un ‘TTIP light’ » (Tagesspiegel)

La presse publie quelques comptes rendus factuels des tables-rondes et débats sur le traité transatlantique de libre-échange hier à Hanovre mais en l’absence d’avancée notables à la veille de la reprise des négociations à New York, le sujet est moins présent dans les médias. Le Tagesspiegel se fait l’écho d’une déclaration commune adoptée par la fédération allemande de l’industrie (BDI) et la chambre américaine de commerce et rendue publique hier à la Foire de Hanovre, appelant à préserver les objectifs ambitieux d’un tel accord : « seul un accord exhaustif peut promouvoir la croissance économique et créer des emplois des deux côtés de l’Atlantique », souligne cette déclaration./.