5.000 euros d’aides pour la voiture électrique en Allemagne

La chancelière Angela Merkel recevait mardi soir les patrons de l’automobile.
Comment justifier des subventions, si nécessaires soient-elles, à une industrie accusée de tromper ses clients et d’empocher des bonus jugés immoraux ? C’est le dilemme auquel était confrontée la chancelière Angela Merkel avant un sommet mardi soir avec les poids lourds du gouvernement et de l’industrie automobile allemande censé décider de nouvelles primes à l’achat de voiture électrique en plein scandale du diesel.
Selon plusieurs sources, après avoir résisté aux appels de l’industrie et de plusieurs ministres, dont celui de l’Economie, Sigmar Gabriel, le ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, serait finalement prêt à mettre la main au porte-monnaie et à soutenir un marché balbutiant pour atteindre l’objectif du gouvernement d’un million de véhicules électriques en Allemagne en 2020. Aujourd’hui, le pays n’en compte que quelque 50.000…
La proposition consiste à verser dès cette année une prime de 5.000 euros pour l’achat d’une voiture électrique et de 3.000 euros pour celui d’un véhicule hybride rechargeable. A partir de 2018, la prime doit baisser à respectivement 3.000 et 2.000 euros. Mais Wolfgang Schäuble, très critique sur les bonus que s’apprêtent à toucher les dirigeants de Volkswagen malgré le scandale des moteurs manipulés, pose une condition : que l’industrie finance la moitié de l’effort totalisant 1,2 milliard.
Manque de soutien
« Tout le monde a un intérêt à un accord car on sait que, si on ne fait rien, le marché manquera des signaux nécessaires pour décoller », juge un industriel. « Tous les partis de la coalition veulent cette prime », ajoute un proche du gouvernement. Mardi, l’industrie n’avait toutefois pas dit son dernier mot sur la hauteur de sa contribution, mais elle pouvait difficilement se permettre un échec du sommet.
Le projet prévoit par ailleurs une enveloppe de 300 millions d’euros jusqu’en 2020 pour multiplier les bornes de recharge électrique, et de 100 millions d’euros d’avantages fiscaux. Par ailleurs, le gouvernement serait prêt à électrifier davantage son parc automobile. Actuellement, il s’engage à ce que 10 % de ses véhicules fonctionnent à l’électrique. Le but serait de passer à 25 %.
Avec la BMW i3 ou la Volkswagen e-Golf, l’industrie allemande est convaincue d’avoir les meilleurs modèles au monde de voitures électriques. Mais elle se juge pénalisée par le manque de soutien de l’Etat. D’autres pays, dont la France, ont déjà mis en place des aides à l’achat.
Or face à la concurrence du constructeur haut de gamme américain Tesla, qui ne devrait pas profiter de la prime car celle-ci porte sur les modèles coûtant moins de 60.000 euros, et la menace de Google ou d’Apple, qui développent leur propre offre, l’Allemagne s’inquiète pour l’avenir de son industrie phare employant près de 800.000 salariés.
Le scandale Volkswagen et les techniques controversées des autres constructeurs pour réduire les émissions d’oxyde d’azote renforcent cette pression. Alors que les ventes de voitures diesel pourraient souffrir, les constructeurs risquent d’avoir du mal à respecter leurs engagements en matière d’émission de CO2 sans ce type de moteur peu consommateur de carburant. Pour l’industrie comme pour Angela Merkel, unies par les mêmes intérêts, la voiture électrique semble une bouée de sauvetage incontournable.
Les Echos 27/04/2016