Moins d’un patron sur trois juge le numérique stratégique

Les dirigeants des petites entreprises sont les plus sceptiques sur les apports du numérique. Plus d’un salarié sur deux estime qu’il s’agit d’un enjeu essentiel selon l’Observatoire social de l’entreprise Ipsos-Cesi-Le Figaro.

ENQUÊTE Les chefs d’entreprise et les salariés sont partagés sur l’importance de la transformation numérique. Selon la 10e vague de l’Observatoire social de l’entreprise réalisée par Ipsos et le Cesi en partenariat avec Le Figaro, 52 % des salariés jugent la transition numérique stratégique (21 %) ou essentielle (31 %).

Les cadres en sont nettement plus convaincus que les ouvriers (42 % contre 12 %). Les collaborateurs des grands groupes le pensent également. Mais 48 % des salariés considèrent ce sujet « comme important mais pas essentiel ». 21 % l’estiment « secondaire ».

Le scepticisme est plus élevé chez les chefs d’entreprise. Ces derniers ne sont que 31 % à affirmer que la transition numérique est un dossier « stratégique ou essentiel pour leur entreprise ». 47 % déclarent que le numérique est un phénomène de mode. Cette opinion est largement majoritaire dans le BTP.

Leur intérêt varie avec la taille de la société. 71 % des dirigeants d’entreprise employant entre 1 et 9 salariés ne sont pas convaincus par l’importance du numérique, alors que 69 % des patrons des sociétés employant 250 salariés et plus affirment que c’est un sujet important.

« Ce qui me frappe, c’est que plus des deux tiers des dirigeants de PME-PMI, ceux-là mêmes qui sont attendus pour créer les emplois de demain, ne sont pas aujourd’hui pleinement conscients de l’enjeu de la transformation numérique pour la pérennité de leur entreprise, analyse Vincent Cohas, directeur général du Cesi, un groupe de formation et d’enseignement supérieur formant chaque année plus de 20 000 ingénieurs, cadres, techniciens et agents de maîtrise pour près de 6 000 entreprises. Que dire des 57 % de patrons du BTP qui n’y voient qu’un phénomène de mode alors que la BIM, la maquette numérique, commence à se déployer dans tout le secteur ? »

Malgré ces doutes, les chefs d’entreprise et les salariés constatent que la transition numérique a déjà eu des conséquences sur les entreprises ces dernières années. Elle a changé les relations avec les clients.

Se former pour s’adapter

Elle exige que les salariés acquièrent de nouvelles compétences. Elle a modifié les manières de travailler et eu un impact positif sur le bien-être au travail.

En résumé, les gains l’emportent sur les aspects négatifs même si 36 % des salariés estiment que les outils numériques ont augmenté leur niveau de stress.

Bien qu’ils soient conscients que la révolution numérique va se poursuivre, les salariés ne sont que 31 % à déclarer vouloir se former. Ceux qui reconnaissent n’être pas à l’aise avec les outils numériques sont très logiquement les plus nombreux à le souhaiter (42 %). Mais 69 % des salariés ne prévoient pas de demander de formation.

« La formation apparaît très largement comme une nécessité dans ce contexte de transformation, observe Vincent Cohas. Tous les secteurs sont ou vont être impactés mais différemment. Cela nécessitera une analyse branche par branche pour adapter les compétences aux évolutions des postes. Il faut faire évoluer très vite les référentiels de formation pour armer les salariés et les entreprises. » Mais il faut éviter une « pédagogie simpliste consistant à dire qu’il faut apprendre à tous les jeunes à coder. C’est ridicule. »

Le Figaro 09/05/2016