Selon le FMI, neuf chômeurs français sur dix n’ont aucune chance de retrouver un emploi

Le Fonds monétaire international estime que le chômage français est en grande partie structurel: il n’est pas lié à l’absence de croissance, mais à des qualifications et des profils inadaptés. Le FMI conseille à la France d’accélérer les réformes, notamment de l’assurance-chômage.

Une équipe d’une demi-douzaine d’économistes internationaux, qui passent deux semaines en France, peut-elle dire des choses originales sur le pays, après avoir rencontré les principaux dirigeants gouvernementaux, administratifs, patronaux et syndicaux (la CGT)?

Ceci par exemple, au sujet de quoi les Français veulent se voiler la face: «pour une bonne part, le chômage élevé de la France est de nature structurelle», souligne le FMI dans sa note conclusive présentée mardi. Comme le précise Christian Mumssen, qui a dirigé la mission, sur un taux de chômage total de 10 % de la population, 9 % correspondent à des chômeurs «structurels». En clair, quelle que soit la force de la reprise économique, ils n’ont aucune chance de retrouver un emploi, car leurs qualifications et leur profil sont inadaptés.

La croissance relevée

Au passage, le FMI signale que «la croissance du PIB réel devrait être proche de 1,5 % en 2016», ce qui est un peu mieux que le chiffre de 1,1 % envisagé début avril. À cet égard, le FMI annoncera de nouveaux chiffres pour la zone euro et la France dans un mois. Mais ces révisions statistiques restent secondaires par rapport au bilan de la crise mondiale de 2008, dont il apparaît que la France s’est mal remise. Il en est résulté une perte de croissance cumulée qui fait que le PIB français est désormais inférieur de 8 % à ce qu’il serait si notre économie s’était maintenue sur sa trajectoire d’avant 2007.

Le point noir est donc le chômage, et les explications en sont de nature structurelle, et non pas cyclique. «Plusieurs facteurs semblent avoir rendu le marché du travail moins adaptable à l’évolution de l’économie mondiale: des conventions collectives centralisées pour plus de 700 branches d’activité ; des procédures judiciaires longues et incertaines en matière de licenciement ; un accès relativement facile aux allocations-chômage et à la protection sociale ; un salaire minimum relativement élevé et un coin fiscal (les charges entre le salaire brut et le net, NDLR) important sur le travail.»

Tout en saluant les réformes récentes, dont la loi El Khomri, le FMI conseille d’aller plus loin. La priorité est la réforme de l’assurance-chômage, dont l’enjeu est la compétitivité des entreprises et des salariés (surtout les jeunes), bien plus que les finances de l’Unedic. Il suggère notamment d’allonger la période de cotisation minimale (actuellement de 4 mois), de réduire à deux ans la période maximale des allocations-chômage et d’unifier les régimes à temps partiel et de contrats à durée déterminée. Ainsi, Christian Mumssen s’étonne qu’«une personne travaillant quinze jours à plein-temps puis étant quinze jours au chômage, gagne plus qu’un salarié à mi-temps qui travaille sur tout le mois».

Le FMI tire par ailleurs la sonnette d’alarme sur l’importance des dépenses publiques (57 % du PIB) et la montée de la dette (98 % du PIB). «Comme il n’y a quasiment plus de marge de manœuvre budgétaire, il est important que la France ne rate pas l’opportunité qu’offre la reprise en cours pour assainir les finances publiques», conclut-il.

Le Figaro 25/05/2016