Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

31 mai 2016

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. L’annonce d’une aide d’urgence d’au moins 100 millions d’euros aux producteurs de lait fait les gros titres de la Süddeutsche Zeitung (« le gouvernement fédéral aide les éleveurs laitiers ») et du Tagesspiegel (« des millions pour les éleveurs laitiers »). La Frankfurter Allgemeine Zeitung note pour sa part la condamnation par les leaders de la CDU/CSU des déclarations à connotation raciste du vice-président du parti populiste de l’AfD à l’encontre du footballeur allemand Jérôme Boateng (« Mme Merkel et M. Seehofer adressent de graves reproches à M. Gauland »). Die Welt s’inquiète de voir l’Allemagne sortir du top 10 des économies les plus compétitives du monde dans le classement annuel de l’International Institute for Management Development de Lausanne (« l’économie allemande perd de son mordant »). Le quotidien économique Handelsblatt constate pour sa part les divergences croissantes entre les partis de la grande coalition (« chacun contre chacun »).
  2. Allemagne

Aide d’urgence pour les producteurs laitiers

L’ensemble de la presse rapporte que le ministre fédéral de l’Agriculture, Christian Schmidt (CSU), a promis aux producteurs de lait allemands des aides d’urgence d’au moins 100 millions d’euros – la somme exacte devant encore être négociée avec le ministre des Finances ainsi que les Länder et le groupe parlementaire conservateur – sous forme de subventions mais aussi de garanties, de crédits d’impôts, d’emprunts et d’aides aux assurances. La chute des prix du lait touche particulièrement la filière laitière allemande, la plus grosse de l’UE avec plus de 70 000 producteurs, rappellent les quotidiens. Les commentateurs se rejoignent pour constater que cette aide, certes bienvenue, est trop modeste pour compenser les pertes de la filière, la Frankfurter Allgemeine Zeitung elle-même soulignant qu’avec le prix du litre de lait tombé à 20 centimes pour les producteurs, « une exploitation laitière perd en moyenne 2500 euros par mois, alors que l’aide d’urgence de Schmidt se monte à peine à 1500 euros par mois par exploitation : cela suffit à traire deux semaines de plus, ce n’est rien d’autre qu’une feuille de vigne pour le gouvernement ». Les éditorialistes s’accordent également à déplorer, à l’instar de la Süddeutsche Zeitung, que cette aide d’urgence « ne va pas faire disparaître comme par enchantement le problème de la surproduction laitière ». Le Handelsblatt, fidèle à son crédo libéral, estime que le secteur doit être restructuré et le nombre de vaches laitières considérablement réduit pour s’adapter à un marché globalisé et une demande en baisse. « Sans réduction de la production, les agriculteurs laitiers ne retrouveront pas la rentabilité », considère aussi le Tagesspiegel en regrettant que les négociations d’hier au ministère de l’Agriculture se soient limitées à la question des subventions, sans aborder le rôle de la distribution et celui des laiteries dans la baisse des cours du lait.

Projet de résolution du Bundestag sur la reconnaissance du génocide arménien

Alors que le Bundestag devrait adopter, jeudi, une résolution intitulée « Souvenir et commémoration du génocide des Arméniens et d’autres minorités chrétiennes il y a 101 ans », la presse reste sceptique sur l’utilité d’une telle démarche dans le contexte actuel de relations déjà tendues entre l’Allemagne et la Turquie. « Tant Angela Merkel que Frank-Walter Steinmeier sont opposés à cette résolution et ils seront fort opportunément empêchés au moment du vote au Bundestag », note le tabloïd Bild. Le Handelsblatt, sous la plume de son correspondant à Athènes, craint que cette résolution ne soit « contre-productive », rappelant que les initiatives en ce sens du parlement européen, de l’Assemblée nationale et d’autres parlements nationaux, ainsi que du pape François, « n’ont eu aucun effet » sur le « tabou turc » et ont « au contraire durci les fronts ». Le Handelsblatt craint qu’au final, cette pression de l’extérieur ne soit préjudiciable au processus de réconciliation entre Turcs et Arméniens et au travail de mémoire en Turquie. « C’est un génocide, et le Reich allemand en avait connaissance, les historiens s’accordent à le dire. Le président fédéral Gauck et le président du Bundestag Lammert l’ont reconnu clairement. Le répéter ne peut pas nuire. Mais voter une résolution dans l’objectif pédagogique de soutenir la réconciliation entre Turquie et Arménie, comme le déclare le Vert Cem Özdemir, est-ce bien la mission du Bundestag ? Toute cette agitation est complaisante et peu judicieuse, l’expérience montre que la pression extérieure ne pousse pas Erdogan à corriger sa vision du monde, au contraire », craint également le Tagesspiegel. « Il est plus que temps que le Bundestag appelle les choses par leur nom, surtout 101 ans après les faits », considère pour sa part la Süddeutsche Zeitung, pour qui « ce qui est tragique, c’est que cela se passe à un moment où les tensions avec Ankara s’accroissent. Dans le débat actuel, on ne parle pratiquement pas des Arméniens, la seule question est de savoir si le président Erdogan va prendre cette démarche pour un affront et dénoncer l’accord migratoire UE-Turquie, comme s’il s’agissait juste d’un poème satirique mettant en péril des intérêts supérieurs », regrette le journal.

  1. International

Russie / « Steinmeier veut un allégement progressif des sanctions » (Berliner Zeitung)

La question du maintien des sanctions européennes contre la Russie divise les conservateurs et sociaux-démocrates de la coalition gouvernementale à Berlin, s’accorde à constater la presse. Après le président du SPD et vice-chancelier Sigmar Gabriel la semaine passée, c’est le ministre fédéral des Affaires étrangères qui plaide en faveur d’un allègement progressif des sanctions contre la Russie même si les accords de Minsk ne sont pas encore complètement mis en œuvre, ont rapporté ce week-end les journaux suite à des déclarations en ce sens de Frank-Walter Steinmeier lors de son déplacement dans les pays baltes. Une position réaffirmée hier à Berlin lors de son intervention à un colloque organisé par le Forum germano-russe et une fondation russe, souligne le Tagesspiegel. Appelant la Russie et l’Ukraine à réaliser de véritables avancées dans la mise en œuvre de Minsk et à cesser les blocages et atermoiements « des deux côtés », le chef de la diplomatie allemande a réaffirmé la nécessité de préserver le dialogue avec Moscou, rapporte le quotidien de Berlin : « il ne peut y avoir de sécurité durable sans la Russie et certainement pas contre elle », a ainsi déclaré Frank Walter Steinmeier.

  1. France

« Les pilotes d’Air France vote la grève avant l’Euro » (Die Welt )

Toute la presse s’inquiète de la menace d’une grève de longue durée des pilotes d’Air France à dix jours du coup d’envoi du championnat d’Europe de football en France, dans la foulée d’une grève des aiguilleurs du ciel ce week-end, de mouvements sociaux à la SNCF et de blocages routiers. La Frankfurter Allgemeine Zeitung note qu’aux protestations contre la loi travail se mêlent des revendications propres aux entreprises. « Dans cette longue énumération de grèves, les bonnes nouvelles économiques passent quasiment inaperçues », regrette le correspondant économique de la FAZ en faisant état des dernières statistiques de l’Insee, qui prévoient une croissance de 0,6% au premier semestre et attestent d’une amélioration des investissements des entreprises et de la demande des consommateurs. « La France n’est plus dans la moyenne européenne mais au-dessus » s’agissant de la croissance, s’étonne Christian Schubert en concédant que « l’argent bon marché de la BCE, la baisse des prix de l’énergie et la faiblesse de l’euro ont un effet de relance de l’économie ». « François Hollande aurait-il raison en répétant à qui veut l’entendre que ‘cela va mieux’ ? Même si les statistiques parlent pour lui, les Français sont d’un autre avis. La reprise pourrait être entravée par les grèves et blocages, il faut donc encore attendre avant de sortir le champagne », commente prudemment la FAZ./.