Synthèse de la presse quotidienne
6 juin 2016
Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne
- 1. L’annonce par le président Gauck de son refus de briguer un second mandat fait les gros titres de la presse allemande du week-end et de ce matin. La Frankfurter Allgemeine Zeitung relève que « les partis ont commencé à chercher un successeur à M. Gauck », tout comme la Süddeutsche Zeitung (« les partis débattent de la succession de M. Gauck »). Die Welt titre que « la gauche du SPD veut un président rouge-vert-rouge (union SPD-Verts-Die Linke) ». Le quotidien économique Handelsblatt consacre sa Une à l’augmentation du nombre de fusions et acquisitions d’entreprises avec participation allemande (« des sociétés ivres d’achats »). Der Tagesspiegeltitre sur les coûts croissants des rénovations des écoles à Berlin. Tous les journaux du week-end et de ce matin rendent par ailleurs hommage, en Une, à Mohammed Ali.
- Allemagne
« Les partis cherchent un président fédéral » (Süddeutsche Zeitung)
Pressé de toutes parts d’assumer un second mandat à l’issue du premier en mars 2017 – en raison non seulement du prestige qu’il a redonné à la fonction mais aussi du contexte de campagne électorale qui compliquera la recherche consensuelle d’un candidat à sa succession – Joachim Gauck a finalement décidé de ne pas briguer un second mandat en raison de son âge (76 ans) et de problèmes de santé, annonçait en avant-première samedi le tabloïd Bild. D’ores et déjà, il est acquis que la grande coalition ne présentera pas de candidat commun à l’élection du président fédéral en février 2017, à quelques mois des élections législatives, or aucun camp politique ne dispose de la majorité dans l’assemblée fédérale des grands électeurs, écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Parmi les nombreuses personnalités politiques ou de la société civile évoquées par les médias comme possibles successeurs, le nom du ministre des Finances revient très régulièrement en tête de liste : « pourquoi pas Schäuble ? », titre ainsi Bild am Sonntag (BamS) Selon le journal, Wolfgang Schäuble (73 ans, CDU) – qui garde un silence prudent face aux spéculations – ferait un candidat conservateur idéal, jouissant d’une meilleure cote de popularité que la chancelière elle-même et acceptable tant pour la CSU bavaroise que pour les Verts. Une option que la Süddeutsche Zeitung ne trouve pas assez audacieuse : « un président fédéral sur le modèle du grand-père chrétien, intellectuel et incarnant la conscience de la nation, il y en a eu assez, la fonction suprême de l’Etat gagnerait à être occupée par une personnalité féminine, ou plus jeune, ou d’une autre religion, sans tomber dans le cliché politiquement correct de la ‘jeune candidate musulmane’ ». En tout état de cause, la décision de Joachim Gauck de renoncer à un second mandat donne le coup d’envoi d’une « arithmétique partisane » (FAZ, taz), où chaque camp va tenter d’imposer son candidat en spéculant sur le soutien ou l’alliance d’un autre camp, craint la presse. « Les calculs et tractations politiques sur le mode ‘à la recherche du nouveau président’ doivent cesser, c’est indigne de la fonction », s’insurge BamS.
- Europe
Turquie / colère du président Erdogan après la résolution du Bundestag reconnaissant le génocide arménien
Le président turc ne décolère pas après l’adoption jeudi par une très large majorité du Bundestag d’une résolution reconnaissant le génocide arménien, rapporte la presse. « Erdogan voit une conjuration à l’œuvre » dans cette décision, indique le Tagesspiegel, qui, comme la Frankfurter Allgemeine Zeitung, rend compte de propos vindicatifs de R. T. Erdogan contre la chancelière Merkel, laquelle lui aurait promis de tout faire pour empêcher l’adoption de cette résolution avant de s’effacer du débat et d’être absente lors du vote. Dans sa diatribe, le président turc a menacé de laisser l’Europe se débrouiller seule avec ses problèmes, sans toutefois citer expressément l’accord UE-Turquie, relève la FAZ. Le quotidien publie une tribune du porte-parole de R. T. Erdogan intitulée : « la résolution sur l’Arménie est illégale, erronée et préjudiciable », dans laquelle Ibrahim Kalin accuse le parlement allemand d’avoir « violé le droit européen ». La Berliner Zeitung rapporte que suite à de nombreuses menaces de mort reçues par Cem Özdemir, co-président des Verts d’origine turque activement engagé en faveur de cette résolution, ce dernier devrait bénéficier d’une protection policière. Cem Özdemir est la cible de virulentes attaques du président Erdogan aujourd’hui, rapportent les dépêches d’agence.
Garantie européenne des dépôts bancaires / la France se rapproche de la position allemande (Handelsblatt)
La correspondante à Bruxelles du Handelsblatt fait état d’un courrier de la Fédération bancaire française au chef de l’Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem, préconisant de préserver le rôle des fonds nationaux de garantie des dépôts bancaires et de limiter l’intervention du futur fonds européen de garantie bancaire à des cas exceptionnels, et sous forme de prêts remboursables par le fonds national bénéficiaire. « La FBA prend ses distances avec la position officielle du gouvernement français et se rapproche de celle des caisses d’épargne allemandes », écrit le Handelsblatt, pour qui le poids politique de la fédération pourrait faire évoluer la position de Paris.
Interview du ministre italien de l’Economie et des Finances dans le Handelsblatt
Dans un entretien accordé conjointement au Handelsblatt et à La Repubblica, dans lequel il souligne que la croissance revient et que les réformes structurelles engagées par l’Italie vont porter leurs fruits à court terme, Pier Carlo Padoan évoque également la question du fonds européen de garantie des dépôts bancaires : « bien sûr, il faut empêcher qu’un tel fonds communautaire ne se transforme en union de transferts, une telle crainte est tout à fait légitime. Mais les épargnants allemands doivent comprendre qu’il ne s’agit pas simplement de protéger leur argent contre les Européens du sud dispendieux et indisciplinés, car la situation peut évoluer en Europe. Nous devons trouver un système de soutien mutuel, sinon ce n’est plus la peine de perdre du temps à sauver l’euro », déclare-t-il.
- 4. France / Euro 2016
« Inquiétudes, espoir et nostalgie » (Der Tagesspiegel)
A quelques jours de l’ouverture de l’Euro, la presse allemande consacre ses dossiers du week-end à la compétition. Autant qu’aux chances de succès de la Mannschaft, la presse s’intéresse au pays hôte français « qui en voit de toutes les couleurs » (Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung, F.A.S.) entre les grèves et les inondations. La sécurité du championnat d’Europe de football est au cœur de tous les articles. Si la mobilisation des autorités françaises est présentée de façon positive, avec de bonnes reprises des chiffres du dispositif de sécurité et des messages du Premier ministre, du ministre de l’Intérieur et du ministre des Sports, les médias relaient toutefois les débats sur la « fan zone » de la Tour Eiffel et certains journaux évoquent les dysfonctionnement constatés lors de la finale de la Coupe de France. La F.A.S. liste les motifs d’inquiétude : fatigue des forces de police fortement mobilisées depuis novembre dernier et manque de préparation possible des sociétés de sécurité privées. Le journal relaie en outre des critiques du chef de la sécurité du Mondial allemand de 2006, Helmut Spahn, selon lequel la France n’aurait pas voulu travailler sur la sécurité avec ses voisins européens, au contraire, juge-t-il, de ce qu’avait fait l’Allemagne dix ans auparavant. Le chef de la délégation de la police allemande pour l’Euro 2016, Uwe Ganz, fait toutefois entendre une autre version en confirmant qu’il y a « des échanges intensifs depuis des mois » et que « les autorités françaises font le nécessaire ». Le tabloïd Bild révèle par ailleurs un document interne de la police fédérale allemande montrant des craintes d’attaques terroristes en Allemagne pendant l’Euro et de violences de hooligans allemands en France (match Allemagne-Pologne notamment). Bild publie un schéma des contrôles de sécurité à attendre avant d’entrer dans les stades.
Malgré l’inquiétude sur la sécurité, la presse estime que la tenue de l’Euro est essentielle. Bild am Sonntag le réaffirme dans son éditorial principal : organiser l’Euro dans un pays « dans lequel plus de 100 personnes ont été tuées par l’EI est une profession de foi pour la liberté, pour le courage et pour notre façon de vivre » et ajoute « nous autres Allemands nous aimons la France ». La plupart des commentateurs jugent, à l’instar de Daniel Cohn-Bendit qui signe une tribune dans la Welt am Sonntag, qu’il n’est précisément « pas facile de dire ce que les Français attendent de l’Euro 2016 » mais estiment que la France aurait besoin d’un « conte d’été », expression employée pour qualifier l’euphorie qui avait accompagnée en Allemagne le Mondial 2006. Le magazine Focus souhait le retour de l’extraordinaire « esprit de 1998 » en France : « l’énergie qui sembla alors entraîner avec soi toutes les divisions, sommeille encore dans le cœur des Français. Peut-être finira-t-on par la voir resplendir et briller à nouveau. Ce serait beau. » Daniel Cohn-Bendit abonde : un « conte d’été » est bien possible si les Bleus jouent bien, et de prédire : « la France va décrocher le titre »./.