Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

 10 juin 2016

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. Les critiques adressées solennellement par le président du Bundestag, Norbert Lammert, à R.T. Erdogan en raison des attaques de ce derniers contre les parlementaires allemands d’origine turque font les gros titres de la Frankfurter Allgemeine Zeitung (« M. Lammert et M. Schulz ne tolèrent pas les menaces contre les députés ») et du Tagesspiegel (« M. Lammert rappelle à l’ordre M. Erdogan »). L’ouverture de l’Euro 2016 est à la Une de la Süddeutsche Zeitung (« un tournoi délicat commence en France ») et de Die Welt (« l’Europe a besoin d’un tournoi étourdissant »).  Le quotidien économique Handelsblatt s’intéresse aux critiques provenant des PME à l’égard de la réforme de l’impôt sur les successions (« le réveil du Mittelstand»).
  2. Allemagne

« Lammert rappelle à l’ordre Erdogan, Merkel applaudit » (Süddeutsche Zeitung, Die Welt)

Toute la presse se félicite de la riposte sans ambiguïté du président du Bundestag, Norbert Lammert (CDU) – dont les journaux rappellent qu’il ne transige pas avec l’indépendance et le respect du parlement, quitte à parfois être un partenaire difficile pour le gouvernement – aux attaques du président turc envers les députés allemands d’origine turque ayant voté en faveur de la résolution reconnaissant le génocide arménien. Les journaux relèvent tous, pour s’en réjouir, les applaudissements démonstratifs de la chancelière sur le banc du gouvernement, « événement aussi rare que la neige dans le désert », explique la Süddeutsche Zeitung pour qui le message envoyé à Ankara était on ne peut plus clair : la chancelière et le gouvernement sont absolument solidaires du parlement, « il n’y a aucune distance, aucune division, même pas une fêlure » possible devant les propos de R.T. Erdogan. « Il était plus que temps qu’intervienne une réaction plus forte que celle de la chancelière » contre un président autocratique qui transforme son pays en « Erdoganistan » et « pour qui les députés allemands d’origine turque ne sont pas des représentants du peuple allemand mais des traîtres du peuple turc », considère la FAZ.

  1. Europe / International

Le « projet de super-Alliance » entre l’Otan et l’UE prend forme (Süddeutsche Zeitung)

Sous la plume de son correspondant à Bruxelles, la Süddeutsche Zeitung saisit l’occasion d’une rencontre à Bruxelles entre le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, et les présidents du Conseil européen, Donald Tusk, et de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, pour faire un point sur l’évolution des relations entre l’Alliance atlantique et l’UE, jugeant qu’à une longue période d’indifférence mutuelle succède enfin une coopération en réaction à l’annexion de la Crimée par la Russie. L’Otan et l’UE négocient actuellement une déclaration commune qui devrait être publiée début juillet, après le Conseil européen et avant le sommet de l’Otan de Varsovie, indique la Süddeutsche Zeitung. Cette coopération devrait concerner notamment la cyberdéfense et la guerre hybride mêlant moyens militaires et civils, mais aussi des missions telles que l’intervention de l’Otan dans la mer Egée en soutien de l’agence européenne Frontex, note encore le journal.

  1. France

« Misez tout sur le bleu ! » (Berliner Zeitung)

L’ouverture de l’Euro 2016 ce soir revêt pour la presse écrite allemande un caractère spécial allant au-delà de la compétition sportive et des considérations habituelles sur les effets bénéfiques des grands tournois de football sur la cohésion sociale et l’économie du pays hôte. Devant la menace du terrorisme et le déploiement impressionnant de forces de sécurité, face à une société française secouée par les mouvements sociaux et les débats identitaires, sur fond de crises européennes et internationales, les éditorialistes et correspondants politiques et sportifs des médias allemands semblent, dans leur très grande majorité, ne rien souhaiter davantage qu’une « méga-fête du foot » où une équipe tricolore déjà favorite emporterait un trophée balayant les clivages politiques et fractures traversant la société. Citant le magazine L’Obs qui espère que l’Euro servira de « psychothérapie à un pays au bord de la crise de nerf », Die Welt abonde en pleine page à la Une : « en tant qu’Européen, on ne peut que souhaiter un effet thérapeutique rapide grâce à une fête étourdissante. Car l’Europe n’est pas pensable sans une France en accord avec elle-même. Le pays est important, il a toujours un immense potentiel créatif, académique et économique (…) Dans l’intérêt européen, on ne peut que souhaiter de tout cœur un succès à la France », écrit Die Welt. « On souhaite à la France de rééditer l’effet positif de la victoire de 1998 », renchérit la Berliner Zeitung en concluant par un « Allez les Bleus ! Vous l’aurez bien mérité ».

Sur le plan diplomatique, les commentateurs ne cachent pas une certaine inquiétude devant de possibles rencontres politiquement délicates entre pays en conflit : « les tournois de football n’ont jamais eu lieu dans un contexte neutre politiquement, mais rarement un tournoi portera à ce point le poids de questions européennes essentielles », observe la Süddeutsche Zeitung, tandis que la Frankfurter Allgemeine Zeitung craint les réactions nationalistes virulentes que pourraient susciter des duels entre l’Allemagne et la Turquie ou la Russie contre l’Ukraine.

Sur le plan sportif enfin, la presse allemande semble plutôt conquise par la sélection française, à l’instar de Bild : « nous allons voir ce soir avec la France l’un de nos plus forts concurrents », souligne le tabloïd en présentant les joueurs phares de l’équipe tricolore./.