Il manque 20 000 codeurs en France, la formation décolle

 

L’école Webforce3 se développe, y compris dans les quartiers prioritaires, sur ce métier très demandé

SOCIAL Il manque en France quelque 20 000 codeurs et 50 000 pro-fessionnels du numérique, selon le Syntec numérique. Alain Assouline, patron de l’agence de communication Les Argonautes, a testé sur le terrain cette difficulté de recruter. « Cela nous prenait jusqu’à six mois pour trouver la bonne personne », explique l’entrepreneur. Pour y remédier, il décide en 2013 de créer une nouvelle école de formation aux métiers du code, baptisée Webforce3. Sensibilisé aux sujets d’intégration par son engagement d’élu local dans le Val-d’Oise, il adopte ses formations aux profils des populations fragiles, en leur proposant des programmes intensifs d’apprentissage en trois mois et demi.

« Pour des publics de décrocheurs ou de demandeurs d’emploi, c’est une bonne formule, qui leur permet de revenir très rapidement sur le marché du travail », avance Alain Assouline. Environ 60 % des élèves qui suivent son cursus pointent à Pôle emploi. Volontairement très intense, la formation de 490 heures se déroule cinq jours sur sept, sept heures par jour avec révisions et exercices à effectuer de retour le soir à la maison. Elle prépare à deux certificats professionnels des métiers du numérique. Les promotions relativement réduites, de 15 à 18 personnes, permettent un suivi rapproché.

Selon une enquête interne, un an après être sortis de la formation, 85 % des élèves avaient trouvé un emploi, après avoir cherché en moyenne entre deux et trois mois. Les élèves se dirigent vers la conception-réalisation de sites Internet ou d’applications mobiles, des « métiers bien payés entre 28 000 et 40 000 euros par an », selon Alain Assouline.

Webforce3 touche ses futurs élèves via les réseaux sociaux et principalement Facebook. Les personnes intéressées – majoritairement des trentenaires ou des quadras – sont sélectionnées sur tests de logique. Depuis la première session en janvier 2014, 250 futurs codeurs sont passés sur les bancs de l’école. Le rythme va s’accélérer. Cette année, Alain Assouline espère former 700 personnes et 1 000 de plus en 2017, au sein des 25 écoles que le groupe comptera d’ici à la fin de l’année.

Bourses et microprêts

Le prix d’une formation tourne entre 3 000 et 5 800 euros, selon le mode de financement. Les élèves qui n’ont droit à aucune aide paient le prix plancher. Dans ce cas, ils peuvent bénéficier d’un système de bourses ou de micro-prêts. Le plafond concerne les formations étiquetées « préparations opérationnelles à l’emploi » (POE), qui bénéficient d’un double financement de Pôle emploi et des organismes paritaires collecteurs agréés (Opca) en charge de collecter les obligations financières des entreprises en matière de formation professionnelle.

Pour se développer, le groupe a levé 1,2 million d’euros, dont 500 000 via le programme d’État Grande école du numérique, qui rassemble un réseau de formations préparant aux métiers du numérique.

Le Figaro 20/06/2016