Synthèse de la presse quotidienne
20 juin 2016
Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne
- Plusieurs sujets se partagent les Unes de la presse. La Frankfurter Allgemeine Zeitung relève que « Moscou loue en Steinmeier la ‘voix de la raison’ pour ses critiques envers l’OTAN ». La Süddeutsche Zeitung écrit que « le SPD est à la recherche de nouvelles alliances » après une tribune du président du parti, Sigmar Gabriel, évoquant une union de gauche contre l’extrême-droite. Plusieurs journaux consacrent leur Une au rapport sur les tendances mondiales du haut-commissariat des Nations Unies aux réfugiés, qui évalue à 65,3 millions le nombre de réfugiés et déplacés dans le monde : « plus de personnes sur les routes de l’exode que jamais auparavant » (Tagesspiegel) ; « l’Allemagne, deuxième pays au monde pour le nombre de réfugiés » (Die Welt). Le quotidien économique Handelsblatt titre sur les ambitions de GE en Europe (« General Electric à l’attaque »).
- Allemagne
« Gabriel appelle à une union contre les droites » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)
Dans une tribune que publie l’hebdomadaire Spiegel, le vice-chancelier et président du SPD appelle les partis de centre-gauche à unir leurs forces, aussi bien en Europe qu’en Allemagne. « L’adversaire de la démocratie se situe à droite. L’Allemagne a maintenant besoin d’une union de toutes les forces progressistes », écrit-il en appelant à « davantage de combativité de la part de la gauche démocratique pour faire face au défi que pose l’extrême droite ». Sous le titre « le SPD à la recherche de nouvelles alliances », la Süddeutsche Zeitung estime que le propos de S. Gabriel peut être compris comme une tentative de rapprochement avec les Verts et Die Linke dans la perspective des élections de 2017. Le journal relève que si les Verts ont réagi froidement aux approches de S. Gabriel, Die Linke, par la voix du ministre-président de Thuringe, Bodo Ramelow, a favorablement accueilli l’initiative.
Dans son commentaire du jour, le tabloïd Bild estime que le « courage » dont vient de faire preuve le président du SPD s’apparente aussi à un « risque ». « S. Gabriel prend le contrepied de la grande coalition qui a eu pour effet l’érosion constante du SPD et le vice-chancelier a parfaitement conscience du fait que 2017 constitue la dernière chance pour son parti s’il ne veut pas sombrer aux côtés de la CDU/CSU », fait valoir le journal. Plus critique, la Süddeutsche Zeitung juge que dans la logique de Gabriel, la seule chose qui unirait le SPD, les Verts et Die Linke c’est un adversaire commun, mais encore faudrait-il avoir une stratégie commune ». « Pour une bonne cause, S. Gabriel opte pour la mauvaise alliance », déplore le quotidien.
- Europe
Brexit
Le référendum britannique sur le maintien du Royaume-Uni dans l’UE le 23 juin est le thème dominant de la presse dominicale et hebdomadaire comme des quotidiens, le Handelsblatt allant jusqu’à « délocaliser » sa rédaction à Londres pendant une semaine. Le meurtre de la députée britannique Jo Cox suscite des commentaires consternés condamnant le climat de haine entretenu en Grande-Bretagne par les partisans et adversaires d’un Brexit. Les quotidiens notent que les derniers sondages semblent indiquer que les partisans du « remain » reprennent une courte avance. Un sondage réalisé en Allemagne par l’institut Emnid pour Bild am Sonntag fait apparaître que 58% des Allemands regretteraient une sortie du Royaume-Uni de l’UE, alors que 30% des personnes interrogées se disent indifférentes et que 7% s’en réjouiraient.
Dans leurs interviews, les responsables politiques s’élèvent tous contre l’illusion entretenue par le camp pro-Brexit que la Grande-Bretagne pourrait négocier un statut spécial au sein de l’UE. « Il n’y a pas de retour en arrière possible, le référendum est une décision unique : take it or leave it », martèle David McAllister, député européen binational, ex-ministre-président de Basse-Saxe et chef de la CDU de ce Land, dans Bild am Sonntag. « Quitter c’est quitter, les Britanniques ne pourront plus profiter juste des avantages économiques de l’UE et insulter Bruxelles le reste du temps », fait valoir le président du groupe PPE au parlement européen, Manfred Weber (CSU) dans Die Welt. Même son de cloche au SPD, dont la secrétaire générale Katharina Barley – elle aussi d’originie germano-britannique – plaide en faveur de la fermeté de l’UE en cas de Brexit : « céder dans cette situation aurait des conséquences dramatiques pour l’Europe. On ne peut pas conserver les avantages et voter contre les contraintes. L’UE est sur la corde raide, envoyer un tel message serait encourager les eurosceptiques de tous pays », déclare-t-elle dans la Berliner Zeitung. Dans un entretien accordé aux quotidiens régionaux du groupe Madsack (Leipziger Volkszeitung, Märkische Allgemeine Zeitung, Lübecker Nachrichten…), le ministre des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier (SPD), estime qu’un Brexit serait « un dommage considérable pour le projet européen » et que devant une telle décision, on ne pourrait « continuer en mode habituel à 28 moins un », mais que les Etats membres devraient consacrer tous leurs efforts à préserver l’intégration européenne et lutter contre un retour aux nationalismes ».
La presse thématise également les conséquences économiques du Brexit : « tous seraient perdants, le Royaume-Uni, l’UE et aussi l’Allemagne », souligne David McAllistair dans BamS. Le Handelsblatt se fait l’écho de « l’inquiétude des managers allemands », la Grande-Bretagne étant le troisième marché des exportateurs allemands et occupant le neuvième rang des importations, et juge que « l’économie allemande serait la grande perdante » d’une sortie du Royaume-Uni de l’UE. Le journal s’alarme de ce que les grands groupes allemands ne soient pas, de leur propre aveu, préparés à un tel scénario, espérant que la raison économique finira par l’emporter.
- International
« Moscou loue en Steinmeier la ‘voix de la raison’ pour ses critiques envers l’OTAN » (FAZ)
Dans des propos au journal dominical Bild am Sonntag, le ministre allemand des affaires étrangères critique l’attitude de l’OTAN envers la Russie dans les termes suivants : « ce que nous devons éviter de faire à présent c’est d’envenimer encore davantage la situation par des bruits de bottes et des cris de guerre », avant d’ajouter : « celui qui croit créer davantage de sécurité par des parades de chars symboliques aux frontières orientales de l’Alliance se trompe et nous serions bien inspirés de ne pas fournir matière à une nouvelle forme de confrontation ». Estimant « fatal » de se limiter à une approche militaire de la situation et de « chercher son salut uniquement dans une politique de dissuasion », Frank-Walter Steinmeier (SPD) indique que « l’histoire nous apprend qu’aux côtés de la volonté commune d’être apte à se défendre doit aussi figurer la disposition au dialogue et à des offres de coopération ».
Stupéfaite, la FAZ se demande si « Vladimir Poutine fêtait récemment son anniversaire pour lequel il manquait encore le cadeau » ou si F-W. Steinmeier s’exprime déjà en tant que candidat de l’union des gauches allemandes. Indigné, le quotidien reproche au ministre des affaires étrangères des propos dignes de la propagande russe et se fait fort de rappeler que les raisons de la période de glaciation actuelle ne sont autres que les entorses russes aux principes qui ont garanti pendant des décennies la paix et la stabilité en Europe. « A quelles fins Steinmeier vient-il semer l’inquiétude à quelques jours du sommet de l’OTAN au moment où l’Alliance se trouve dans une phase de consolidation ? », s’interroge Die Welt qui entrevoit des motifs de politique intérieure, M. Steinmeier emboîtant le pas à S. Gabriel dans ses efforts pour se démarquer de la chancelière, ceci dans un contexte où le SPD se trouverait sous l’influence de l’ancien chancelier Gerhard Schröder. Die Welt reproche avec virulence à M. Steinmeier des propos démagogiques dignes de Die Linke et des paroles déloyales à l’égard de l’Alliance atlantique. « Le 75ème anniversaire de l’invasion de la Russie par l’Allemagne nazie, la commémoration des victimes et la reconnaissance des torts de l’Allemagne ne doivent pas pour autant rendre aveugle sur la politique russe actuelle », met en garde le Tagesspiegel pour qui « l’Occident se montre déjà bien conciliant envers la Russie »./.