Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

 21 juin 2016

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. Plusieurs sujets se partagent les Unes de la presse. La Frankfurter Allgemeine Zeitung relève que la « la grande coalition se met d’accord sur une réforme du droit de succession », la Süddeutsche Zeitung indique que « l’archevêché de Munich possède 6,3 milliards d’euros ». Die Welt estime que « le ‘dieselgate’ devient une menace pour Volkswsagen » après l’ouverture d’une enquête par le parquet de Brunswick sur les logiciels truqués. Le président du groupe automobile donne une interview au quotidien des affaires Handelsblatt dans laquelle il s’interroge sur l’avenir du diesel (« Volkswagen ne se limite pas au diesel »).
  2. Allemagne

« Gabriel crée la confusion parmi ses amis et chez ses adversaires » (Tagesspiegel)

Sous ce titre, le quotidien de Berlin fait état des réactions à la tribune du vice-chancelier et président du SPD parue dans le Spiegel, dans laquelle il appelait les partis de centre-gauche à unir leurs forces pour faire barrage à la montée de la droite populiste, un propos aussitôt interprété comme une main tendue du SPD aux Verts et à Die Linke. Or « M. Gabriel a montré dès hier, à l’issue de la réunion des instances dirigeantes du SPD, qu’il voulait ignorer d’avoir lancé un débat sur une coalition SPD/Die Linke/Verts au niveau fédéral », relève le journal avant de faire part du peu d’enthousiasme de Die Linke face cette perspective et de commentaires ironiques de la part de Cem Özdemir, le co-président des Verts.

Dans leurs réactions éditoriales, les journaux se déclarent peu convaincus par le « sacrifice consenti par le SPD pour sauver la démocratie » (Handelsblatt). « Sigmar Gabriel cherche avant tout à sauver sa peau » face à la dégringolade de son parti dans les sondages, fait valoir le quotidien économique pour qui le moment choisi est néanmoins opportun. Avec l’élection début 2017 d’un successeur au président Gauck (qui a récemment annoncé qu’il ne se représenterait pas), le SPD aura l’occasion de tenter un accord avec les Verts et Die Linke sur un candidat commun, ce qui serait un premier test pour la stratégie du SPD, fait valoir le Handelsblatt. De l’avis de la Berliner Zeitung, Sigmar Gabriel lance comme souvent une idée, mais la concrétisation tarde ensuite à venir. Evoquant un débat « mettant en scène des fantômes », le quotidien alternatif de gauche tageszeitung compare la perspective d’une alliance entre le SPD, Die Linke et les Verts à une « bulle de savon » : le SPD a tout intérêt à entretenir l’idée de cette option même si nul n’y croit réellement, juge le journal.

Faisant état du dernier sondage INSA, le tabloïd Bild indique que les Verts ont le vent en poupe et gagnent un point dans les sondages (13%) où ils sont à égalité avec l’AfD. Actuellement une coalition constituée de la CDU/CSU, des Verts et du FDP obtiendrait une majorité de 51%, le SPD, les Verts et Die Linke ne totalisant que 44%.

« La coalition se met d’accord sur une réforme du droit de succession » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)  

Au terme de longs mois d’âpres négociations, MM. Gabriel, Schäuble et Seehofer ont fait savoir hier qu’ils sont parvenus à s’accorder sur une réforme du droit de succession à laquelle un jugement rendu par la Cour constitutionnelle de Karlsruhe en 2014 avait contraint le gouvernement. « Ceci étant, personne n’est vraiment satisfait du résultat et une chose est certaine : la législation va encore se compliquer », indique le Handelsblatt qui fait état du « jugement accablant » de plusieurs experts économiques. « Au vu du résultat, il est difficile de dire qui, de Sigmar Gabriel, de Wolfgang Schäuble ou de Horst Seehofer, fait figure de gagnant ou de perdant », estime encore le quotidien économique. Le reste de la presse ne se montre guère plus amène. La Süddeutsche Zeitung déplore une réforme qui n’introduit pas davantage de justice dans le système fiscal allemand et évoque des modifications marginales qui ne rapporteront que 200 millions de rentrées fiscales supplémentaires. La FAZ porte un jugement similaire et s’interroge sur l’attitude des Verts, lors du passage prévu de la réforme au Bundesrat, le 8 juillet prochain. « Les Verts vont-ils chercher à se venger du fait qu’ils n’ont pas été associés à la réforme ? », questionne le journal pour lequel il y a toutefois fort peu à parier que les Länder retoquent un projet qui leur garantit des rentrées fiscales.

  1. Europe

Brexit / tribune de Gordon Brown dans le Handelsblatt

Le Handelsblatt publie un plaidoyer fervent de l’ancien Premier ministre britannique en faveur du maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne, reprenant l’essentiel des messages délivrés par Gordon Brown dans son récent discours à Leicester et dans les médias britanniques : « la Grande-Bretagne doit jouer un rôle de leader pour réformer l’Europe » au lieu de s’isoler, répète-t-il en s’attachant à présenter de manière positive les acquis et les perspectives d’avenir des Britanniques au sein de l’UE.

La Süddeutsche Zeitung rapporte par ailleurs, depuis Londres, que les partisans du maintien du Royaume-Uni dans l’UE se montraient hier inquiets de rumeurs à Bruxelles selon lesquelles le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, pourrait lancer un appel en faveur du « remain », estimant qu’une telle intervention à la veille du référendum pourrait susciter une réaction épidermique de rejet dans l’électorat britannique.

  1. International

« Steinmeier crée la surprise » (Süddeutsche Zeitung) – « incompréhension à Bruxelles » (Berliner Zeitung)

Les critiques du ministre allemand des affaires étrangères contre les exercices alliés suscitent la « perplexité » des partenaires de l’Allemagne, constate le Tagespiegel. Les alliés de l’Allemagne ont, « pour le moins que l’on puisse dire, marqué leur surprise face aux déclarations de M. Steinmeier », note pour sa part la Süddeutsche Zeitung qui évoque la réaction du ministre polonais des affaires étrangères et publie sur son site internet un entretien avec le secrétaire général de l’OTAN. « Ce que nous faisons est défensif et équilibré. La présence de bataillons de l’OTAN constitue une présence militaire limitée. Ceux-ci n’ont pas été envoyés pour provoquer mais pour empêcher un conflit », fait valoir Jens Stoltenberg. Les journaux notent aussi les prises de position de la Chancelière, qui via son porte-parole a affirmé que « les exercices de l’OTAN étaient bons, justes et importants » ou encore celle du président fédéral qui a estimé que « si on s’inquiète d’un meilleur climat de dialogue avec la Russie, on ne prend pas dans le même temps ses distances avec ses alliés ».

Bien que le porte-parole de l’Auswärtiges Amt ait affirmé hier que la Bild am Sonntag avait tronqué les déclarations de M. Steinmeier ne publiant pas une phrase dans laquelle il aurait dit « personne ne peut décrire ces manœuvres comme une menace pour la Russie », les journaux notent que M. Steinmeier a semblé tenir hier sur sa position. « Lors de la rencontre avec ses homologues européens à Luxembourg, le ministre allemand des affaires étrangères a renouvelé ses attaques à l’encontre de la stratégie de l’OTAN, reprochant à l’Alliance de trop se focaliser sur la composante militaire et d’oublier totalement le deuxième pilier, à savoir le dialogue », écrit la Berliner Zeitung. Selon le journal, M. Steinmeier aurait fait valoir que ses critiques ne visaient pas seulement l’OTAN, mais l’attitude du gouvernement polonais, dans le cadre de l’exercice Anaconda 2016.

Dans un commentaire, la Süddeutsche Zeitung ne croit pas qu’un homme aussi habile dans le langage diplomatique ait parlé par mégarde et fait part de son inquiétude. « A quelques jours du sommet de l’OTAN à Varsovie, les propos de M. Steinmeier laissent entrevoir des fissures dans la position de l’Alliance atlantique à l’égard de Moscou », écrit le journal qui craint que les déclarations de M. Steinmeier ne conduisent à un « affaiblissement de la position de l’Allemagne au sein de l’Alliance atlantique et vis-à-vis de ses partenaires orientaux ». Envisageant un choix politicien du SPD, le journal de centre-gauche Tagesspiegel se montre critique : « le SPD n’a rien à gagner à défendre une ligne pro-russe et anti-OTAN, alors que les sondages montrent que pour 80% des Allemands, la Russie ne constitue pas un partenaire fiable »./.