Synthèse de la presse quotidienne
30 juin 2016
Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne
- L’attentat d’Istanbul fait les gros titres de la Frankfurter Allgemeine Zeitung (« soutien à la Turquie après l’attentat terroriste d’Istanbul ») et de la Süddeutsche Zeitung (« 41 morts à Istanbul – l’EI en cause »). Die Welt revient pour sa part sur le sommet à 27 jugeant que « l’UE a testé le quotidien sans les Britanniques ». Le quotidien économique Handelsblatt consacre sa Une au patron du fabricant de robots Kuka, Till Reuter, qui défend la reprise de sa société par le chinois Midea, contre le souhait du ministère allemand de l’économie.
- Allemagne
« Le projet de Mme Hendricks sur la protection climatique passé à la déchiqueteuse » (Handelsblatt)
La FAZ, la Süddeutsche Zeitung et le Handelsblatt évoquent le contenu du projet « protection climatique 2050 » préparé conjointement par les ministères fédéraux de l’environnement et de l’économie et actuellement à l’étude à la chancellerie fédérale. Le Handelsblatt et la Süddeutsche Zeitung notent que le terme de « décarbonisation » a disparu du projet, la Süddeutsche estime que la ministre de l’environnement « courbe l’échine » face à la coalition en se bornant à évoquer une réduction progressive du charbon dans le mix énergétique au lieu d’entériner sa disparition totale à l’horizon 2050. De façon isolée, la FAZ trouve que le projet va trop loin et s’insurge contre la « dictature climatique » qui le sous-tendrait en « fixant des objectifs dont nul ne sait s’ils pourront être atteints », comme la réduction de moitié de la consommation de viande ou la disparition des véhicules fonctionnant à l’essence ou au diesel.
- Europe
Conseil européen : « un nouveau chapitre s’est ouvert » (tageszeitung)
« L’Europe a testé le quotidien sans les Britanniques », titre à la Une Die Welt au lendemain de la première réunion des Vingt-Sept à Bruxelles. « Au deuxième jour du Conseil européen, on pouvait déjà avoir presque l’impression que l’Europe avait digéré le choc, ayant réalisé que la Grande-Bretagne ne pouvait désormais plus brandir aucune menace – si ce n’est celle de ne plus quitter l’UE », s’étonne la Süddeutsche Zeitung. La presse constate que les Vingt-Sept ont choisi de la ligne de la fermeté vis-à-vis de Londres afin de prévenir un effet domino dans le reste de l’Europe. « Les Etats membres ne veulent pas approfondir l’UE à l’heure actuelle », souligne également la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Dans un entretien avec le tabloïd Bild, l’ancien chancelier Helmut Kohl appelle l’UE à ne pas fermer précipitamment la porte à la Grande-Bretagne et juge que l’Europe a « besoin de faire une pause » face à l’euroscepticisme croissant des populations européennes, et de respecter davantage les particularismes des Etats membres.
Devant l’intransigeance des Vingt-Sept sur la question de la liberté de circulation des personnes et les exigences des Britanniques en la matière, « il n’est pas exclu que le divorce soit extrêmement conflictuel et que le partenariat étroit envisagé pour l’après-séparation ne se réalise pas », craint la FAZ dans un commentaire, en appelant les deux parties à la raison, « les uns en ne versant pas d’huile sur le feu et les autres en ne bernant pas leurs partenaires ».
Traité de libre-échange UE-Canada : « Juncker contrarie les parlements nationaux » (Berliner Zeitung)
La presse se fait largement l’écho de la consternation de dirigeants allemands, mais aussi du chancelier autrichien, après le « verdict » (Süddeutsche Zeitung) rendu par Jean-Claude Juncker sur l’Accord économique et commercial global (Ceta) entre l’UE et le Canada, considérant que ce n’est pas un « accord mixte », et que la commission n’a donc pas besoin de l’aval des parlements nationaux des États membres, mais seulement celui du parlement européen. Interrogé par le Tagesspiegel, le ministre fédéral de l’Economie Sigmar Gabriel (SPD) a jugé « incroyablement stupide de décider, justement maintenant, que les parlements nationaux n’ont pas voix au chapitre sur cet accord commercial ». Dans des propos vibrant de colère, S. Gabriel estime qu’en « imposant bêtement le Ceta », la commission européenne va « doper » l’opposition à d’autres traités de libre-échange et principalement au TTIP, « plantant un couteau dans le dos de toutes les bonnes volontés » et rendant leur travail encore plus difficile : « Si la commission fait ça avec le Ceta, le TTIP est mort », insiste le ministre allemand de l’Economie et président du SPD. La chancelière Merkel a été plus prudente dans son expression, déclarant à Bruxelles qu’elle voulait « recueillir l’avis du Bundestag », mais le ministre-président de Bavière et président de la CSU, Horst Seehofer, n’a pas été en reste de virulence, jugeant la décision de Jean-Claude Juncker « irresponsable » et « impossible », note aussi Die Welt. Même plus pondérée, la présidente des députés CSU au sein du groupe conservateur, Gerda Hasselfeld, s’est montrée aussi catégorique que Sigmar Gabriel, en déclarant que compte tenu de l’importance des débats sur les traités de libre-échange pour l’opinion publique, « on ne pouvait laisser à l’écart les parlements nationaux, surtout dans la situation actuelle », rapporte encore le Tagesspiegel. Cette levée de boucliers allemande a exaspéré le président de la commission européenne qui a rétorqué sur le même ton, rapporte l’ensemble des quotidiens.
Pour la Süddeutsche Zeitung comme le Handelsblatt, Jean-Claude Juncker lutte à juste titre pour préserver les compétences et la légitimité des institutions européennes en matière de politique commerciale, compétences que les Etats membres eux-mêmes leur ont transférées, rappellent les deux quotidiens. La Süddeutsche Zeitung notamment défend, dans un éditorial, les arguments juridiques et politiques de la commission européenne en la matière et met en garde contre le danger que constitue la vox populi, surtout par voie de référendum, pour la conclusion d’accords commerciaux : « il y a une bonne raison à ce que la politique commerciale soit une politique commune : le commerce est international. Ce ne sont pas le TTIP ou le Ceta qui devraient faire peur aux citoyens mais la puissance économique de la Chine, et c’est pour cela que nous avons besoin de Bruxelles », met en garde le journal de Munich. La Frankfurter Allgemeine Zeitung au contraire, tout en reconnaissant le bien-fondé de l’argument juridique de la commission, estime qu’il est bien mal venu, au moment où l’Europe est confronté au Brexit, de donner l’impression aux citoyens que Bruxelles agit dans une tour d’ivoire. « Que Juncker ne veuille pas invoquer de raisons politiques en matière commerciale alors qu’il le fait pour la politique budgétaire, voilà qui est étrange », grince en passant la FAZ traditionnellement hostile à la personne de J.-C. Juncker.
- International
Attentat-suicide d’Istanbul : « un terrorisme qui vise Erdogan » (Die Welt)
Notant que le triple attentat-suicide perpétré à l’aéroport international est le quatrième du genre qui endeuille Istanbul depuis le début de l’année, Die Welt estime que ce n’est pas un hasard si c’est cette fois l’aéroport, l’un des grands projets du président Erdogan, qui a été pris pour cible. C’est la « porte d’entrée de la Turquie » qui a été visée, juge également la FAZ qui, comme Die Welt, souligne à quel point le pays se trouve fragile et vulnérable. La Süddeutsche Zeitung marque son étonnement face à l’impuissance des services secrets turcs pour faire reculer le terrorisme dans un pays où la surveillance et le contrôle des citoyens n’a cessé de se renforcer. « Dans leur lutte contre le terrorisme, les Turcs méritent tout le soutien de l’Union européenne, mais tout ce que le président Erdogan qualifie de combat contre le terrorisme ne mérite pas ce nom ni le soutien des Européens », écrit dans son éditorial du jour le tabloïd Bild pour qui ce sont les sociétés libres et démocratiques qui sont les plus en mesure de résister au fléau du terrorisme. Notant l’absence de réaction internationale, le quotidien alternatif de gauche met en garde contre des victimes turques « de seconde classe ». « Nous sommes prompts à être Charlie, Paris ou Bruxelles, mail plus hésitants quand il s’agit d’Istanbul, de Bamako, de Bagdad ou de Tel Aviv », déplore le journal. La presse berlinoise note toutefois la rapidité avec laquelle ont réagi les autorités de la capitale en illuminant hier soir la porte de Brandebourg aux couleurs du drapeau turc.
« Poutine fait mettre en place un think tank à Berlin » (Die Welt)
Die Welt et la tageszeitung signalent l’inauguration demain du « Dialogue of civilizations research institute » au centre de Berlin, un think tank originaire de Saint Petersburg qui sera financé par des fonds russes. S’interrogeant sur la proximité de ce think tank avec le Kremlin, les deux quotidiens soulignent que c’est un proche de Vladimir Poutine, Vladimir Iakounine, ancien chef des chemins de fer russes, qui est l’un des co-fondateurs./.