La mode en quête de 10.000 salariés d’ici à dix ans

 

Les départs à la retraite créent des besoins. Les ateliers peinent à recruter des candidats formés.

L’industrie de la mode cherche des petites mains. Quelque 10.000 emplois seront à pourvoir dans les dix prochaines années en France, selon le groupement professionnel Mode Grand Ouest, qui réunit plus de la moitié des capacités industrielles du secteur. Alors que la semaine des défilés de haute couture s’achève jeudi, les façonniers travaillant pour les grandes maisons ont décidé de lancer un appel.

Leur besoin n’est pas lié à la bonne santé de la mode tricolore, mais à la pyramide des âges. Dans les dix ans à venir, de 30 à 50 % des salariés de ces sociétés de confection vont partir à la retraite. Assurer leur relève constitue un vrai défi. Mais cette transmission de savoir-faire est loin d’être simple pour ces 200 ateliers de couture, qui ont généré 500 millions d’euros de chiffre d’affaires l’an dernier. Et ce faute de candidats disponibles et qualifiés« pour préserver la haute technicité que demande le métier », note le groupement.« Les formations ne sont pas adaptées à notre industrie », se désole Sylvie Chailloux, présidente de Mode Grand Ouest.

Formation « sur mesure »

Pour susciter des vocations, la filière a lancé différentes initiatives. En 2012, la fédération, avec l’Etat et l’organisme de formation Opcalia, avait ouvert des ateliers à des demandeurs d’emploi pour les former « sur mesure ».« Nous avons essayé de détecter ceux qui étaient intéressés par la mode, pour leur proposer une reconversion », reprend la présidente. Au total, 1.000 candidats ont été embauchés. Mode Grand Ouest travaille aujourd’hui avec le rectorat et la région Pays de la Loire pour lancer« un campus des métiers de la mode, du cuir et des matériaux souples ».

Les groupes de luxe se sont aussi mobilisés. Car, selon une étude récente de la Fédération française de la couture, 48 % de leurs collections de prêt-à-porter femmes sont encore fabriquées en France par ces façonniers. LVMH (propriétaire des « Echos ») a ouvert en 2014 l’Institut des métiers d’excellence. Un programme de formation professionnelle mis sur pied en partenariat avec l’Ecole de la bijouterie joaillerie de Paris (BJOP) ou la Chambre syndicale de la couture parisienne (ECSCP).

Les Echos 06/07/2016