Synthèse de la presse quotidienne
11 juillet 2016
Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne
- Divers sujets se partagent les Unes de la presse. La Frankfurter Allgemeine Zeitung titre sur l’appel à l’unité du président américain après la fusillade de Dallas (« après les meurtres de Dallas, l’unité du pays invoquée »). La Süddeutsche Zeitung révèle sur la base d’informations provenant de l’office fédéral contre le crime que « 1200 femmes ont été victimes de délits sexuels » pendant la dernière nuit de la saint-Sylvestre en Allemagne. Die Welt consacre sa Une au sommet de l’Alliance atlantique (« l’OTAN insiste sur la puissance et le dialogue, Moscou parle de ‘diabolisation’ »). Der Tagesspiegel titre sur les violences, sans précédent récent, liées à l’évacuation d’un squat à Berlin (« 123 policiers blessés – la violence de l’extrême-gauche met Berlin sous le choc»). Le quotidien économique Handelsblatt consacre sa Une à la crise des banques italiennes (« le patient italien »).
- Europe
« Est-ce le retour de la crise de l’euro via l’Italie ? » (Bild)
La situation des banques italiennes inquiète non seulement le tabloïd Bild, mais aussi le Handelsblatt qui ouvre son édition du jour sur « le patient italien ». « Lors de la rencontre aujourd’hui de l’eurogroupe, le ministre italien des finances va chercher à obtenir l’accord de ses partenaires pour un plan de sauvetage des banques italiennes », avance le quotidien économique de source gouvernementale italienne. Le journal ajoute : « le plan de Renzi est loin de faire l’unanimité car il veut soutenir le secteur bancaire au moyen d’aides publiques et être le premier chef de gouvernement à bénéficier d’une clause d’exception des nouvelles règles européennes de résolution unique en fonction desquelles les actionnaires et créanciers sont les premiers appelés à la rescousse et ensuite seulement les contribuables ». Selon le Handelsblatt, le ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble (CDU), se montrerait « compréhensif ». Le journal indique en revanche que le vice-président du groupe parlementaire CDU/CSU, Michael Fuchs, s’est insurgé contre le recours à l’article 44 de la directive sur la résolution bancaire. « Si dès le premier cas les règles ne sont pas appliquées et on recourt à la clause d’exception, c’est toute la crédibilité qui disparaît », a-t-il déclaré.
Dans un commentaire, la Süddeutsche Zeitung fait valoir que « celui qui en appelle à l’application stricte des règles exige de la part de Renzi qu’il dépossède les épargnants italiens ». Compte tenu de cette situation, le journal appelle la commission européenne et le gouvernement allemand à soutenir Renzi qui a le mérite de faire partie des réformateurs peu nombreux en Europe. La Berliner Zeitung plaide également en faveur d’un geste envers M. Renzi au motif qu’il n’y a pas d’issue idéale : « exiger le respect des règles consiste à jouer avec le feu, mais consentir une exception équivaut pour les responsables européens à une perte de crédibilité ».
« La direction de l’UE s’écharpe à propos de Martin Schulz » (Süddeutsche Zeitung)
La presse relève que le président du groupe PPE au parlement européen, Manfred Weber (CSU), a adressé dans l’édition dominicale du tabloïd Bild une fin de non-recevoir à l’appel de Jean-Claude Juncker dans le Spiegel à ce que, au nom de la « stabilité », Martin Schulz conserve la présidence du parlement européen jusqu’à la fin de la mandature actuelle sans céder son siège à un membre du PPE au bout de deux ans et demi : « nous avons un accord ferme avec les sociaux-démocrates, affirme M. Weber. J’ai de l’estime pour les conseils de Jean-Claude Juncker, mais c’est le parlement européen qui élit son président ainsi que le président de la Commission européenne, pas l’inverse ».
- International
Sommet de l’OTAN à Varsovie
Les journaux retiennent du sommet de l’OTAN l’unité que l’Alliance a affichée vis-à-vis de la Russie, le « soulagement » (Tagesspiegel) de la Pologne et des pays baltes après la décision du renforcement de la présence militaire dans l’est de l’Europe et l’engagement renforcé de l’OTAN sur le flanc sud, dans le cadre de la lutte contre Daech.
Se félicitant, comme l’ensemble de la presse, de la fermeté et de l’unité vis-à-vis de la Russie, la FAZ estime que l’Alliance atlantique a fait lors de ce sommet un pas dans la bonne direction, que ce soit en portant les effectifs de la force de réaction rapide à 40.000 hommes ou en parvenant à une augmentation du budget de la défense de ses alliés. Se félicitant qu’en matière d’unité l’OTAN réussisse « là où l’Union européenne a échoué » dans une comparaison avec le Brexit, la Süddeutsche Zeitung estime néanmoins que l’OTAN « ne s’est pas réinventée » en actant le stationnement de quatre bataillons en Europe orientale, ce qui ne saurait constituer une menace réelle pour la Russie, mais servir tout au plus d’avertissement. La question de l’orientation de l’Alliance atlantique reste posée, souligne le quotidien de Munich, pour qui le renforcement de la présence de l’OTAN à l’Est ne remplace pas une stratégie d’ensemble. Tout comme les responsables politiques, l’OTAN court après les crises (terrorisme, migration, guerre en Syrie, attitude à adopter envers la Russie) et doit se faire l’aveu de sa propre désorientation, juge le quotidien. Même constat de la part de Die Welt qui approuve l’accent mis sur la dissuasion mais regrette l’absence de conclusions sur la manière dont l’OTAN conçoit son rôle dans les régions en proie à Daech. Il ne suffit pas de miser sur des acteurs régionaux au sud, il faut aussi assumer les responsabilités qui s’imposent, conclut le quotidien.
Allemagne/Turquie : « pas de rapprochement sur la question d’incirlik » (FAZ)
Les journaux notent que l’entretien de la chancelière avec le président turc en marge du sommet de l’OTAN n’aura pas permis de rapprochement entre les positions turques et allemandes, la Turquie persistant dans son refus que des parlementaires allemands puissent avoir accès à la base militaire d’Incrlik où sont stationnés 250 soldats qui participent aux opérations de l’OTAN contre Daech. Le Tagesspiegel signale que plusieurs parlementaires du SPD, de la CDU et des Verts ont menacé la Turquie d’un retrait des troupes allemandes.
Qualifiant d’« affront » le refus opposé par le président Erdogan à la visite de parlementaires allemands sur une base de l’OTAN, la Süddeutsche Zeitung reproche à la chancelière son manque de fermeté. De l’avis du Tagesspiegel, il aurait été aisé pour Mme Merkel de contourner l’obstacle en annonçant son déplacement en qualité de députée du Bundestag flanquée de quelques élus de son choix. « Erdogan aurait-il osé lui refuser l’accès ? », argue le journal. Pour la FAZ, le président turc se rend à lui-même un bien mauvais service car la mission des soldats allemands sert avant tout les intérêts turcs en matière de sécurité. La Berliner Zeitung critique la manière dont le président turc se venge de la reconnaissance récente par le Bundestag du génocide arménien, mais estime que l’Allemagne ne devrait pas rendre la monnaie de sa pièce à Erdogan en menaçant d’un vote négatif du Bundestag à la participation de l’OTAN à la lutte contre Daech par le biais des avions de reconnaissance Awacs au motif que les dissensions germano-turques ne sauraient s’inviter dans la stratégie de l’OTAN./.