Synthèse de la presse quotidienne
12 juillet 2016
Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne
- La désignation de Theresa May comme première ministre britannique dès mercredi fait les gros titres de la Süddeutsche Zeitung (« Theresa May devient première ministre ») et de la Frankfurter Allgemeine Zeitung (« Theresa May doit devenir première ministre britannique mercredi »). Die Welt consacre sa Une aux résultats d’une enquête européenne du Pew Research Center montrant que « les Allemands gardent leur calme face à l’afflux de réfugiés». Der Tagesspiegel note que, face aux violences liées à l’évacuation d’un squat à Berlin, le maire de la ville-Etat « Michael Müller change de cap et choisit la fermeté ». Le quotidien économique Handelsblatt consacre sa Une à une interview du ministre saoudien de l’Energie (« le modèle Allemagne »).
- Allemagne
« Les Allemands gardent leur calme face à l’afflux de réfugiés » (Die Welt)
Die Welt publie les résultats d’une étude de l’institut américain Pew réalisée dans 10 pays européens faisant apparaître que les Allemands redoutent moins que nombre de leurs voisins européens les conséquences économiques et sociales de l’afflux de réfugiés. Alors que 82% des Hongrois, 75% des Polonais, 72% des Grecs, 65% des Italiens, 53% des Français et 46% des Britanniques sont d’avis que les réfugiés constituent une menace pour l’emploi ou le système social, seules 31% des personnes interrogées partagent cet avis en Allemagne. Selon cette étude, c’est la peur du terrorisme en lien avec la venue de réfugiés qui est la plus forte. Cette crainte est partagée par 76% des Hongrois, 71% des Polonais, et 61% des Allemands et Néerlandais. Elle serait la plus faible chez les Français et les Espagnols, signale Die Welt sans citer de pourcentage. Les Européens redoutent peu une hausse de la criminalité liée à l’afflux des réfugiés, indique encore le journal qui ajoute que « les réserves à l’encontre des musulmans » sont les plus fortes dans les pays du sud et de l’est de l’Europe (Hongrie, Italie, Pologne, Grèce). En France et en Allemagne, 29% des personnes interrogées font état de telles réserves.
« L’AfD en net recul » (Bild)
Sur la base du dernier sondage Insa, le tabloïd Bild indique que le parti populiste AfD, en recul de deux points dans les sondages et actuellement crédité de 10,5%, est le perdant de la semaine. En outre, la Süddeutsche Zeitung signale que l’Office fédéral de protection de la constitution a fait valoir hier qu’il ne voyait aucun motif de mettre le parti sous surveillance. Cette prise de position fait suite aux déclarations, ce week-end, du ministre de l’intérieur de Bade-Wurtemberg, Thomas Strobl (CDU), favorable à une surveillance étroite du parti ou de certains de ses membres sur fond de scission de l’AfD dans le Land suite à des prises de positions antisémites de l’un des élus. Dans leurs réactions éditoriales, les journaux appellent à garder la tête froide et mettent en garde contre une surveillance qui s’avèrerait « contre-productive » (Tagesspiegel) car elle fournirait des arguments à ceux qui cherchent à présenter le parti comme un adversaire politique que l’on cherche à éliminer à bon compte, ou pire, comme la victime d’une conspiration.
- Europe
« Theresa May devient Première ministre » (Süddeutsche Zeitung)
La presse accueille avec soulagement la nomination de la ministre britannique de l’Intérieur à la tête des Tories et l’annonce de la démission de David Cameron dès demain. « Enfin la situation se clarifie à la tête du gouvernement britannique, c’est une bonne chose tant pour le pays que pour ses partenaires de l’UE », commente la FAZ. « Des cinq candidats potentiels à la succession de Cameron ne reste que la seule candidate sérieuse, partisante du ‘Remain’ de surcroît », écrit la Süddeutsche Zeitung. De son discours devant le parti conservateur, les quotidiens retiennent qu’elle a exclu tout retour en arrière sur le Brexit, espérant tirer le meilleur parti de la situation pour le Royaume-Uni, et que la lutte contre les inégalités sociales était l’une des priorités de son futur programme. Les portraits généralement flatteurs de Theresa May évoquent de manière convenue la figure emblématique de Margaret Thatcher, pour constater toutefois que si l’allure et la réputation de froideur, voire de dureté sont comparables, la ministre britannique de l’Intérieur est une dirigeante politique plus soucieuse de pragmatisme que d’idéologie : « Angela Merkel devrait se reconnaître dans plusieurs traits de caractère de May », commente Die Welt. « Elle est considérée comme une conservatrice pragmatique qui au besoin emprunte des idées à la gauche, une description qui, pour ses homologues européens, rappellera moins Thatcher que la chancelière allemande », considère aussi la Süddeutsche Zeitung.
« Allons-nous à nouveau enfreindre les règles de la zone euro ? » (Bild)
La crise des banques italiennes et la situation de dérapage budgétaire de l’Espagne et du Portugal préoccupent la presse allemande au lendemain de la réunion des ministres européens de l’économie et des finances. La Frankfurter Allgemeine Zeitung et Bild rapportent que le renforcement de la procédure pour déficit excessif contre l’Espagne et le Portugal pourrait ne déboucher que sur des « sanctions symboliques ». Dans une brève, Die Welt relève que le ministre français des Finances, Michel Sapin, a appelé ses homologues à faire preuve de clémence envers le Portugal en tenant compte des « efforts monstrueux » de Lisbonne pour réduire son endettement. Le journal note également, dans un autre article, que M. Sapin appelé à la solidarité européenne pour aider l’Italie à surmonter la crise de son secteur bancaire, « des déclarations pas désintéressées, compte tenu du fait que les banques françaises sont les plus exposées en Italie ». Alors que la gravité de la crise bancaire italienne « a même infléchi la position rigoriste de Wolfgang Schäuble » (Die Welt) sur l’application des nouvelles règles européennes de résolution bancaire, les représentants de groupes parlementaires CDU/CSU et SPD pour les questions budgétaires mettent en garde, dans des déclarations aux quotidiens régionaux du groupe de presse Madsack, contre l’octroi d’une autorisation exceptionnelle au gouvernement italien de financer le sauvetage de ses banques, arguant qu’enfreindre les règles européennes de régulation à la première crise bancaire saperait la crédibilité déjà fort entamée de l’UE.
Projet de fusion des bourses de Francfort et Londres
Le projet de fusion entre la Deutsche Börse et le London Stock Exchange « vacille mais n’a pas encore échoué », constate la Frankfurter Allgemeine Zeitung après que la Deutsche Börse ait baissé hier le seuil d’approbation des actionnaires et se soit donné un nouveau répit pour obtenir leur accord. « Changer les règles en cours de route en invoquant des problèmes techniques, c’est incroyable », critique la FAZ, pour qui la bourse de Francfort persiste à vouloir ignorer les inquiétudes de ses actionnaires après le référendum britannique. « La Deutsche Börse était mal préparée à l’éventualité d’un Brexit, elle n’avait pas de plan B », renchérit le Handelsblatt. Pour le ministre-président de Hesse Volker Bouffier (CDU), le projet de fusion « fait sens sur le principe dans un contexte de concurrence globale » mais le siège du nouveau conglomérat ne saurait être établi à Londres, rapporte la Süddeutsche Zeitung. Le quotidien de Munich rend compte de l’offensive du gouvernement régional de Hesse pour attirer banques et entreprises dans la région de Francfort suite au Brexit, la Bavière s’étant déjà mise sur les rangs des régions espérant tirer profit d’une relocalisation sur le continent d’implantations britanniques de multinationales.
TTIP : « Gabriel augmente la pression » (Handelsblatt)
Alors que reprennent les négociations sur l’accord transatlantique de libre-échange, le ministre allemand de l’Economie Sigmar Gabriel, interrogé par le Handelsblatt, déclare qu’« au bout de trois ans de négociations, il faut enfin parvenir à des résultats, ou faire un bilan honnête des avancées ». « Nos lignes sont claires : cet accord doit clairement garantir des standards élevés en matière de protection des consommateurs et des droits des salariés ainsi qu’une protection des investissements respectueuse du droit international et ne pouvant être utilisée comme l’instrument de plaintes aux motifs politiques ou économiques », réaffirme-t-il en ajoutant : « nous exigeons également que les parlements démocratiquement légitimés conservent leur droit de régulation et qu’il y ait enfin une concurrence loyale pour tous en matière de marchés publics américains ».
- International
Accès des parlementaires allemands à la base militaire d’Incirlik : « le président du Bundestag n’exclut pas un retrait des soldats allemands de Turquie » (Süddeutsche Zeitung)
« Peut-être faut-il clairement indiquer à nouveau que le Bundestag ne donne son accord à l’envoi de soldats à l’étranger que là où ces derniers, dans le cadre de missions internationales, sont utiles et bienvenus », a déclaré à la Süddeutsche Zeitung le président du parlement allemand, M. Norbert Lammert (CDU) avant d’ajouter : « chacun doit savoir que là où les soldats ne sont pas les bienvenus, ils ne resteront pas durablement ». Le quotidien indique que plusieurs responsables du SPD ont également fait part de leur mécontentement suite au refus des autorités turques d’accorder à des parlementaires allemands l’accès à la base militaire d’Incirlik.
Engagement allemand au Mali
« Après l’annonce par les Pays-Bas d’une réduction de leur engagement au Mali en 2017, la Minusma fait face à un problème », car en mettant à disposition leurs hélicoptères pour l’évacuation de soldats blessés, les Néerlandais sont un maillon essentiel de la chaîne dont font partie les quelque 500 soldats allemands que compte la mission, rapporte le Tagesspiegel. « Il va falloir à présent que l’ONU envisage une solution de remplacement faute de quoi l’Allemagne serait contrainte de retirer ses troupes », ajoute le quotidien qui juge cette situation « regrettable, mais pas catastrophique ». « Il n’y a aucune raison de spéculer sur le maintien ou non des troupes allemandes. Il faut juste une solution de remplacement qui, si nécessaire, pourrait être apportée par l’Allemagne elle-même », estime le journal pour qui l’Allemagne dispose des moyens nécessaires pour pallier ce défaut.
- France
Euro 2016 / « Le miracle de Paris » (tageszeitung)
Dans les nombreux comptes rendus de la finale de l’Euro, la presse allemande note la « déception » de la sélection française et de ses supporteurs après le match perdu face au Portugal. Les pages sportives se montrent néanmoins optimistes sur le potentiel des Bleus, et consacrent plusieurs portraits à Antoine Griezmann, révélation du championnat. Pour la Süddeutsche Zeitung, les Bleus n’ont certes pas gagné la coupe, mais ils ont réussi « ce qu’il y avait de plus important : […] ils ont dignement représenté la France pendant son Euro, incarnant véritablement la simplicité, l’humilité et la performance », alors que les Bleus avaient trop souvent défrayé la chronique au début de la décennie. Der Tagesspiegel et la Berliner Zeitung abondent : « l’équipe nationale a su regagner le cœur des Français ».
Au-delà de la finale, les bilans sur l’organisation de la compétition sont globalement positifs. Si les violences de supporteurs au début de la compétition sont souvent mentionnées, la Berliner Zeitung se félicite néanmoins que « le championnat se soit, à quelques détails près, bien déroulé et qu’il ait été préservé de grandes attaques terroristes. […] conflits sociaux et menace terroriste sont passés au second plan […] et la nation a retrouvé de sa légèreté apparemment perdue. ». La tageszeitung se félicite que « le football ait gagné le tournoi », alors que dans un contexte sécuritaire tendu, « personne ne parlait de football » à l’ouverture de l’Euro. Or ce fut un « festival d’émotions sportives », notamment grâce à l’enthousiasme des supporteurs irlandais, gallois et islandais. Le journal espère qu’en 2018 en Russie, dans un contexte politique chargé, le football « gagnera également le tournoi ». La Süddeutsche Zeitung note que les autorités françaises tirent un bilan positif de l’Euro, rendant compte de la conférence de presse du ministre de l’intérieur hier. Le quotidien de Munich croit en outre savoir que les retombées économiques seront meilleures qu’anticipé. Un succès qui encourage la France pour l’accueil des JO à Paris en 2024, estime le quotidien de Munich./.