Le gouvernement singapourien veut se protéger contre le piratage informatique et le vol de documents confidentiels. Il exerce déjà un contrôle strict d’Internet.
Les fonctionnaires singapouriens ne pourront plus tuer le temps sur Internet. Pour se prémunir contre les risques de piratage, d’espionnage ou de fuite de documents confidentiels, le gouvernement envisage de couper l’accès à Internet à ses 140.000 fonctionnaires sur leur lieu de travail d’ici à mai 2017, comme l’indiquait en juin le quotidien local The Straits Times. L’Autorité de développement de l’information et de la communication (IDA), chargée de mettre en œuvre ce projet, a confirmé ce mercredi à Reuters vouloir «créer un environnement de travail plus sécurisé».
Dans une note diffusée en juin auprès des ministères et des administrations publiques, le gouvernement explique que plus de 100.000 ordinateurs seront concernés. Les fonctionnaires seront toujours libres de naviguer sur Internet avec leur smartphone ou leur tablette. Les employés qui n’ont pas de téléphone disposeront de postes dédiés. Ils pourront transférer leurs mails professionnels vers leur messagerie personnelle, mais non pas l’inverse.
Les Singapouriens peu prudents sur Internet
Les autorités singapouriennes expliquent avoir pris conscience du nombre important de données à sécuriser et du «risque réel» que représentent les menaces informatiques. Elles ne réagissent pas à un piratage en particulier. Une étude de l’entreprise de cybersécurité FiveEye montre que les pays de l’Asie de sud-est sont de plus en plus exposés à la cybercriminalité. Elle indique que le nombre de piratage y a augmenté de 29% en 2015. Une autre étude, menée par l’éditeur d’antivirus Eset, conclut que dans cette région d’Asie, les internautes singapouriens sont ceux qui prennent le moins de précautions quand ils naviguent sur Internet.
Singapour exerce déjà un contrôle strict d’Internet. L’accès à des centaines de sites pornographiques, dont Playboy, YouPorn et Ashley Madison, y est interdit. Une loi, adoptée en juin 2013, oblige les sites d’actualité, y compris étrangers, à s’enregistrer auprès du régulateur des télécommunications. Reporters sans frontières classe le pays en 154e position en matière de liberté d’expression.
Le Figaro 25/08/2016