Transports : la France émet plus de gaz à effet de serre

 

La France, premier Etat de l’Union européenne à avoir ratifié, en juin, l’accord de Paris de décembre 2015, par lequel 195 pays s’engagent à lutter pour réduire leurs rejets de gaz à effet de serre (GES) pour contenir le réchauffement de la planète au-dessous de 2 degrés, a du mal à montrer concrètement l’exemple. Le secteur des transports, responsable de près du tiers (30 %) de ses émissions dans l’atmosphère, s’est remis l’an dernier à « produire » davantage de ces gaz au pouvoir réchauffant. Selon une note statistique publiée jeudi dernier par le Commissariat général au développement durable (CGDD), les émissions de GES de la France ont ainsi augmenté de 0,9 % en 2015, à contre-courant de la baisse observée depuis 2004, chiffrée à – 0,7 % en moyenne annuelle par cet organisme dépendant du ministère de l’Environnement.

Pour ne rien arranger,« les émissions de GES dues aux transports représentent un peu plus de 2 tonnes de CO2 eq par habitant, alors que l’objectif fixé par la loi de transition énergétique pour la croissance verte est de 2 tonnes », ajoute l’étude.

Qui est en tort ? La circulation routière, qui est repartie à la hausse (+2,2 %) l’an dernier, et tout particulièrement celle des voitures particulières qui a augmenté de 2,4 %, pour représenter aujourd’hui plus de 70 % du trafic total. Depuis 2010 et jusqu’à l’an dernier, cette progression était bien plus mesurée (+ 0,9 % en moyenne annuelle). En revanche, la circulation des véhicules lourds baisse à nouveau (- 0,6 %) en 2015, tirée par celle des poids lourds de marchandises, malgré une augmentation de celle des bus et cars français et étrangers (+ 1,5 %).

Impact tardif des mesures

Au ministère de l’Environnement, on assume cette hausse de 0,9 % des émissions de GES. Mais en prenant soin de faire remarquer qu’elle est en décorrélation assez nette avec l’augmentation bien plus élevée du trafic automobile, sans doute à mettre au compte de la baisse du prix des carburants. Un décrochage que les services de Ségolène Royal espèrent voir s’amplifier avec le début de rapprochement de la fiscalité du gazole et de l’essence, amorcé l’an dernier, ainsi qu’avec la mise en place du malus sur les véhicules les plus polluants, diesel en tête, et du bonus sur les véhicules électriques.

Mais l’impact de ces deux mesures est encore très marginal et d’autres dispositions de la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte, promulguée il y a tout juste un an, entrent lentement en oeuvre, comme l’installation de 7 millions de points de charge pour les véhicules électriques d’ici à 2030 et le déploiement de zones de circulation restreinte dans les villes.

Les Echos 19/08/2016